
Ce samedi 22 mars était le premier jour du printemps, mais l’ambiance est plombée par la guerre, le génocide à Gaza et la fascisation mondiale. Des manifestations contre le racisme et le fascisme ont eu lieu partout autour du globe, des États-Unis à l’Argentine, du Japon à l’Allemagne, du Danemark à l’Afrique du Sud.
En France, une grande mobilisation antiraciste a été initiée par la Marche des Solidarités, composée de Collectifs de Sans-papiers et les Collectifs de mineur-es isolé-es en lutte. Leur appel est soutenu par plus de 506 organisations, nationales et locales, et plus de 200 manifestations étaient annoncées dans notre pays.
Cet appel dont les mots d’ordre sont essentiels dans la période, a été méthodiquement saboté par les médias depuis deux semaines. Ceux-ci ont instrumentalisé et monté en épingle une affiche publiée puis retirée par la France Insoumise, montrant Cyril Hanouna. Ce visuel raté a monopolisé l’attention des plateaux de télévision des milliardaires en continu, suscitant une énième surenchère contre la gauche, occultant complètement le message de la marche et augmentant le climat diffamatoire qui frappe les luttes contre le racisme et le colonialisme en France.
De même, juste avant la Marche, le Ministère de l’Intérieur a lancé une énorme opération d’expulsion de la Gaîté Lyrique, salle de spectacle parisienne occupée par plus de 400 mineur-es isolé-es qui réclamaient un hébergement. Une expulsion dans la violence qui n’a servi qu’à jeter des enfants étrangers à la rue. Bruno Retailleau appliquait une nouvelle fois sa doctrine raciste implacable, lançant un défi et une provocation aux mobilisations solidaires.
C’est donc dans cette ambiance délétère que des manifestations ont eu lieu dans près de 200 villes et villages, à l’appel de centaines d’organisations. La Marche des Solidarités, qui a lieu chaque année, n’avait jamais connu une telle ampleur. Et malgré la propagande ennemie qui cherche à imposer la résignation, ces manifestations ont fait le plein.
Il y avait 100.000 personnes dans les rues de Paris, 10.000 à Marseille, 7.000 à Lyon, 5.000 à Nantes, Lille ou Toulouse, 4.000 à Rennes, 2.500 à Montpellier… À Nantes, un cortège contre le projet de Centre de Rétention était particulièrement dynamique. À Paris, un gros dispositif policier a agressé la fin de la manifestation. Dans beaucoup de petites villes éloignées de l’attention médiatique, des centaines de personnes se sont retrouvées ensemble. L’affluence nationale, plus de 200.000 manifestant-es, montre qu’il reste encore dans ce pays d’importantes forces capables de se mobiliser pour la justice et l’égalité.
On peut néanmoins déplorer le fait que ces manifestations soient restées bien sages, défilant sur des parcours convenus, et qu’elles n’aient pas été un raz-de-marée à la hauteur de la gravité de la situation. En 1996, au cœur de l’été, la police avait évacué des sans-papiers occupant l’Église Saint-Bernard à Paris. Cela avait provoqué une immense manifestation de solidarité soutenue par de nombreuses célébrités de la culture et du cinéma. Des personnalités bien silencieuses ces derniers temps.
En 1997, 50.000 personnes s’opposaient au congrès du Front National à Paris. En 2002, plusieurs millions de personnes descendaient dans les rues contre le FN au second tour de la présidentielle. Les temps ont changé, et deux décennies de fascisation ont créé une inversion généralisée : c’est la gauche qui est ostracisée et diabolisée. Tout est à reconstruire.
La réussite de la mobilisation du 22 mars 2025 sera, espérons-le, un tremplin pour rebâtir une riposte massive et offensive, qui n’a jamais été aussi nécessaire.

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