Les conséquences de la dérive autocratique du régime sénégalais se poursuivent en plusieurs endroits du territoire national. Avec l’explosion des manifestations en faveur de la tenue de l’élection présidentielle à la date du 25 février 2024, les victimes tombent sous les coups de boutoir des policiers et des gendarmes, apparemment soutenus par des supplétifs en tenue civile dont on ignore le statut professionnel.
A Ziguinchor (sud), un jeune élève du lycée Djignabo de Ziguinchor, a été victime des Forces de défense et de sécurité (FDS) au cours de manifestations annoncées pacifiques contre l’annulation de la présidentielle.
« Landing Camara, 19 ans, a été tué par une balle tirée à la tête par un homme en tenue civile sur l’axe Lyndiane-Grand Dakar de Ziguinchor, ainsi que des photos et vidéos prises par des témoins sur place, rapportent des sources hospitalières et admnistratiuves », indique CartograFreeSenegal, une ‘’Initiative citoyenne’’ formée par « une quarantaine de journalistes, cartographes et scientifiques des données ». Elle « documente les cas de décès résultant de la répression des manifestations au Sénégal.»
Samedi toujours, Modou Guèye, jeune marchand ambulant de 23 ans qui tenait son business dans le populeux quartier dakarois de Colobane, a été tué par une balle tirée par un gendarme, rapporte l’AFP. Malgré deux opérations subies dans la nuit de vendredi á samedi, il a succombé á ses blessures.
Vendredi 9 février, premier jour des manifestations pour le maintien de l’élection présidentielle, l’étudiant Alpha Yoro Tounkara, est tombé à l’université Gaston Berger de Saint-Louis (nord). Le procureur de la république de Saint-Louis a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer les circonstances dans lesquelles cet étudiant en géographie a trouvé la mort.
En date du dimanche 11 février 2024, Agence France Presse (AFP) et CartograFreeSenegal répertorient au moins trois personnes tuées dans les manifestations sur l’ensemble du territoire national.
Selon le député Guy Marius Sagna, huit autres personnes ont été sérieusement touchées « par des balles réelles » dans les memes circonstances que le défunt Landing Camara. Elles sont « actuellement au bloc opératoire » dans un établissement de santé de la ville, écrit le parlementaire sur ses plateformes de réseau social.
Un nombre important de blessés est signalé suite á de violents affrontements entre FDS et manifestants dans la zone de Mbour (ouest). Ce dimanche matin, des heurts ont lieu entre jeunes protestataires et forces de sécurité dans la ville de Ziguinchor.
Va-t-on vers un remake des événements meurtriers de juin 2023 ? La condamnation de l’opposant Ousmane Sonko á deux ans de prison avec sursis dans « l’affaire Sweet Beauté » avait alors été á l’origine de manifestations á Dakar et Ziguinchor brutalement réprimées par les forces de sécurité. Amnesty International avait documenté au moins 23 morts alors que la Croix Rouge sénégalaise était intervenue auprès de 400 blessés.
A l’orée d’une semaine qui pourrait être capitale aves les délibérations du Conseil constitutionnel relatives aux requêtes de l’opposition sénégalaise contre la loi annulant la présidentielle du 25 février 2024, il est á craindre que la liste des victimes s’allonge très vite.
D’une part, parce que les manifestations pourraient se poursuivre en s’intensifiant et, d’autre part, parce que le ministère de l’Intérieur et la gendarmerie nationale ont déjà montré leur détermination á étouffer toutes velléités de rassemblement pacifique aux quatre coins du pays. [IMPACT.SN]
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