L’État ouvrira en septembre 2023 à Bruz, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), un « SAS d’hébergement » pour accueillir des sans-abri incités à quitter la région parisienne. Passés trois semaines, ils seront redirigés vers les autres départements bretons.
Les profils seront « différents » a expliqué, lundi 22 mai 2023, le secrétaire général adjoint de la préfecture d’Ille-et-Vilaine Matthieu Blet aux élus locaux de Bruz. « Des gens qui travaillent, des gens qui ne travaillent pas, des étrangers, des Français, des Européens, des mineurs, des majeurs, des personnes isolées, des familles. »
Tous ont en commun de vivre à la rue en région parisienne. L’État a décidé en mars 2023, « sur la base du volontariat » de les inciter à quitter la capitale pour rejoindre des « SAS d’hébergement temporaires » situés en province. Dix régions sont concernées.
En Bretagne, c’est Bruz, commune de 20 000 habitants du sud de Rennes, qui a été désignée pour recevoir ce dispositif. Des hébergements, de type modulaire, ouvriront en septembre 2023 sur un terrain de la SNCF situé à proximité immédiate de la gare. Si « des agents de sécurité privés assureront une présence 24 heures sur 24 heures », Matthieu Blet a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une prison. « Ils ne seront soumis à aucune contrainte ».
Des arrivées toutes les trois semaines
Cinquante personnes à la fois transiteront par ce SAS « pour trois semaines maximum ». Elle ne resteront donc pas à Bruz au-delà de cette période a assuré le représentant de l’État. « La meilleure garantie que je peux vous donner qu’elles ne vont pas rester plus de trois semaines, c’est que de toute manière il va y avoir une seconde cohorte qui suivra et puis toutes les trois semaines, il y aura des arrivées. » À la fin de cette période, les sans-abri seront redirigés vers les autres départements bretons. Chaque département devra ainsi accueillir cinquante personnes « à tour de rôle » toutes les douze semaines. Selon leur situation, des places d’hébergement d’urgence ou en Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile pourraient être proposées.
Place nette avant les JO ?
La municipalité de gauche et le maire Philippe Salmon, par ailleurs volontaires dans l’accueil des réfugiés, se sont déclarés opposés à cette installation, « dans ces conditions que nous jugeons indignes ». Ils ont critiqué le choix même du site, dangereux car « jouxtant la voie ferrée » et rappelé que le terrain est pollué « par des hydrocarbures et des métaux lourds. Le choix des personnes déplacées pose également un souci puisque celles-ci ne seraient pas forcément entraînées par choix pour faire partie du contingent des déplacés. Il est fort possible, d’après la préfecture, que certaines d’entre elles aient un travail sur Paris et souhaiteraient y retourner, même si elles y vivent dans des conditions difficiles. »
Le SAS de Bruz aurait vocation à disparaître « fin 2024, début 2025 » a expliqué le secrétaire général adjoint de la préfecture.
Une échéance qui, selon les associations et élus critiques à l’égard de ce dispositif, accréditerait l’idée que cette opération de déplacement vise principalement à mettre Paris sous cloche le temps des Jeux olympiques.
Auteur : Glen RECOURT.
Source : L’État incite les sans-abri à quitter Paris pour les régions (ouest-france.fr)
URL de cet article : L’État incite les sans-abri à quitter Paris pour les régions. ( OF.fr – 23/05/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)