« Sans nous, les assistants d’éducation, le collège ne pourrait pas fonctionner normalement » ( OF.fr – 14/06/23 )

Emma est assistante d’éducation au collège des Hautes-Ourmes dans le sud de Rennes et au collège de la Méziere.
Emma est assistante d’éducation au collège des Hautes-Ourmes dans le sud de Rennes et au collège de la Méziere. | OUEST-FRANCE

Hier on les appelait les pions et pionnes. Un terme que déteste Emma 23 ans. Depuis trois ans, elle est assistante d’éducation au collège des Hautes-Ourmes à Rennes. Un vrai métier selon elle qui va beaucoup plus loin que surveiller les entrées et les sorties à la grille. Un vrai rôle pédagogique et social aussi. Rencontre.

« J’adore mon métier et je suis contente quand je me rends à mon travail », assure Emma, 23 ans. « Être assistante d’éducation ça a du sens et j’ai l’impression d’être vraiment utile aux élèves que l’on encadre et que l’on accompagne dans leur réussite scolaire », poursuit la jeune femme.

Un métier qu’elle a choisi après une opportunité. « Après mon bac pro accompagnement soins et services à la personne, j’ai décidé de faire un service civique, se remémore-t-elle. J’ai alors postulé à une annonce du collège des Hautes-Ourmes, dans le sud de Rennes, qui cherchait un service civique pour la section Segpa. Des élèves en difficulté d’apprentissage. »

C’était en 2019. Sa candidature est retenue et elle plonge aussitôt dans ce nouvel environnement. « J’ai beaucoup aimé. L’équipe éducative de la Segpa était bienveillante avec moi et m’a beaucoup accompagnée. Cette année m’a donné envie de poursuivre dans cette voie et l’année suivante j’ai eu un poste d’assistante d’éducation. »

Prévenir l’absentéisme et le décrochage

Un choix qu’elle ne regrette pas. Mais surtout ne lui dites pas qu’elle est pionne. L’ancienne appellation commune. Ça lui hérisse les poils. « Nous ne sommes pas des pions que l’on déplace comme ça ! Nous ne sommes pas non plus juste là pour vérifier les entrées et sorties au portail et faire de la surveillance dans la cour. Nous sommes aussi là pour prévenir l’absentéisme et le décrochage scolaire. Faire respecter le vivre ensemble. Assurer les permanences, être à l’écoute des élèves quand ils ont des problèmes. » Un rôle qu’elle prend à cœur d’autant que les Hautes-Ourmes est un établissement classé Réseau d’éducation prioritaire renforcé (REP + ). « Beaucoup d’élèves ont une vie difficile et le collège peut aussi être, pour eux, une échappatoire où ils extériorisent ce qu’ils ne peuvent pas faire chez eux. »

« Je ne suis pas leur copine »

Avec l’expérience, Emma a réussi à trouver un équilibre pour garder un lien privilégié avec les élèves. « Je ne suis pas pour autant leur copine. Aujourd’hui ils me respectent et ils savent quand je ne suis pas contente. » Ils savent qu’elle sera intraitable si elle les surprend à utiliser leur téléphone portable dans l’établissement, s’ils portent des casquettes ou des chapeaux, si leur comportement dépasse les limites imposées.

« Sans les assistantes d’éducation, le collège ne pourrait tout simplement fonctionner normalement » assure-t-elle. « Nous sommes un élément indispensable à leur bon fonctionnement mais nous ne sommes pas reconnus pour ce que l’on fait et pour notre rôle. » Un manque qu’elle regrette. « Nous ne bénéficions pas de formation non plus. On nous jette comme ça dans le grand bain et à nous de nous débrouiller. » Emma, elle, a réussi à prendre rapidement ses marques. Ce n’est pas le cas pour tout le monde.

Reconnaître leur rôle

Au rang des récriminations, elle déplore aussi le manque de postes. « Nous sommes vraiment en première ligne et nous sommes entre six et sept par jour pour 750 élèves. » Alors, quand elle a appris qu’une dizaine de postes d’assistants d’éducation et d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) vont être supprimés en Bretagne, elle a décidé de se mettre en grève ce mardi 13 juin 2023 avec une centaine d’autres collègues.

« Pour l’instant, je veux continuer dans cette voie. On parle de passer nos contrats en CDI. Ça peut être une avancée car, pour l’instant, on ne peut réaliser que six années en CDD. »

Par Samuel NOHRA.

Source : « Sans nous, les assistants d’éducation, le collège ne pourrait pas fonctionner normalement » (ouest-france.fr)

URL de cet article : « Sans nous, les assistants d’éducation, le collège ne pourrait pas fonctionner normalement » ( OF.fr – 14/06/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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