Philippe Salmon, le maire de Bruz a appris hier que sa commune n’accueillerait finalement pas de sans-abri venus de Paris sur le terrain prévu. Il revient sur la polémique.
Après plusieurs semaines d’incertitudes, l‘État a annoncé mercredi 14 juin que Bruz n’accueillera finalement pas le sas d’hébergement temporaire pour sans-abri de Paris sur le terrain prévu. Comment avez-vous appris la nouvelle ?
Le secrétaire adjoint de la préfecture m’a envoyé un SMS pour m’avertir que j’avais reçu un mail avec le communiqué de presse annonçant l’abandon du projet sur le terrain prévu à Bruz. Nous n’avions pas été informés plus en amont. C’est une demi-surprise à partir du moment où on avait émis un avis défavorable en raison de la pollution du terrain. L’association qui pilote le projet avait également dit non pour cette raison. Ça m‘aurait vraiment surpris qu’ils décident de poursuivre avec cette idée.
Un terrain pollué, un manque de concertation avec les élus… On a l’impression que ce dossier a vraiment été mené dans l’urgence et que plusieurs erreurs ont été commises. Quel est votre sentiment ?
J’espère qu’il y a des leçons qui seront tirées de toute cette affaire. On sent qu’il y a eu une forte pression de la part du gouvernement. À partir du moment où celui-ci décide qu’il faut accueillir en toute urgence des sans-abri de Paris, les préfets sont là pour exécuter. Je n’en veux pas à la préfecture, j’en veux surtout au gouvernement. Et je regrette la méthode qui a été employée ainsi que le manque de considération.
Est-il toujours possible que vous accueillez ces sans-abri ailleurs sur la commune ?
La commune de Bruz peut encore être concernée si la préfecture y trouve un foncier d’état compatible avec un accueil digne. Même si ça n’est pas à nous de trouver le terrain, on avait proposé une solution au parc des Ormeaux. C’est un terrain de l’armée avec des logements. Il y a des arbres et surtout ce n’est pas pollué. Cela aurait été plus adéquat mais le préfet nous a tout de suite dit que c’était inenvisageable pour l’armée. C’est une question de relation entre les ministères. Si ça avait été sur ce terrain, on n’aurait pas émis d’avis défavorable.
Vous avez d’ailleurs précisé à de multiples reprises que vous n’étiez pas contre le principe de l’accueil de ces personnes. Mais bien contre la façon dont cela avait été pensé avec ce projet de sas.
Pour accueillir des migrants, il faut le faire dans de bonnes conditions. À Bruz, c’est notre cas, on le fait déjà avec des associations, des habitants bénévoles, on se donne les meilleures chances pour que ces personnes s’intègrent bien. Faire venir des personnes de Paris et les mettre dans un sas puis les dispatcher quelques jours après dans la région, ça n’est pas vraiment de l’intégration. Sans oublier que les hébergements d‘urgence et centres d‘accueil de demandeurs d’asile débordent en Bretagne, on ne sait plus ou mettre des gens. L’exemple de Montgermont illustre cette méthode bancale. On déplace des gens installés dans un hôtel pour les envoyer pour une nuit à l’autre bout de la région.
Propos recueillis par Quentin Ruaux
URL de cet article : Abandon du projet d’accueil de sans-abri de Paris : le maire de Bruz en « veut au gouvernement ». ( LT.fr – 15/06/23 ) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)