Aux urgences de Saint-Brieuc, on redoute un été très compliqué (LT.fr 03/07/2023)

En grève, ce lundi, les soignants des urgences de l’hôpital de Saint-Brieuc dénoncent la dégradation des conditions d’accueil des patients. Ils craignent que la situation ne s’aggrave encore plus cet été.

Les Drs Anne-Laure Massip et Christophe Barberis, le Dr junior Jean-Benoît Desaint, et le Dr Marie-Emmanuelle Kerrand, déléguée départementale de l’Amuf on fait grève ce lundi. (Photo Le Télégramme/Marina Chélin)

La quasi-totalité des urgentistes de l’hôpital Yves-Le-Foll de Saint-Brieuc était en grève ce lundi 3 juillet, dans le cadre du mouvement national des médecins hospitaliers. Ces derniers veulent améliorer l’attractivité de l’hôpital public. « On assiste à une fuite des praticiens due à la dégradation du système de santé. Celui-ci est en train de s’écrouler, on le crie depuis des années. Mais rien ne se passe et cela continue à s’aggraver », gronde le Dr Marie-Emmanuelle Kerrand, déléguée départementale de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France). Aux urgences briochines, quatre praticiens à mi-temps, soit deux équivalents temps plein, s’apprêtent à quitter le service, à cause « d’un travail devenu trop pénible ».

« On a honte, vous n’imaginez pas à quel point »

Le Dr Kerrand ne mâche pas ses mots. « Le plus difficile à tolérer, c’est la malveillance avec laquelle le système de santé accueille les patients ». Un « système », dénonce-t-elle, « où on laisse des nonagénaires mourir sur des brancards », « ou bien une femme atteinte d’un cancer mourir dans un box, au lieu de lui offrir une fin de vie décente dans une chambre ». Pour Marie-Emmanuelle Kerrand, « la dignité de cette patiente n’a clairement pas été respectée ». « Honnêtement, on a honte de ça, vous n’imaginez pas à quel point. La manière dont les gens sont accueillis est de plus en plus dramatique. Tout ça en lien avec la fermeture des services, la diminution du nombre de lits, etc. On vit cela extrêmement mal ». La professionnelle de santé se souvient, d’un matin du mois de mai, où elle avait fini son service à 8 h 30 avec 26 patients allongés sur des brancards, tous en attente de lits. « Il faut imaginer qu’ils sont dans le couloir, avec la lumière, le bruit. On sait que cette situation est pourvoyeuse de complications et augmente énormément la mortalité ».

Quasiment tous les médecins urgentistes de l’hôpital de Saint-Brieuc étaient en grève ce lundi 3 juillet, pour une durée de 24 heures.
Quasiment tous les médecins urgentistes de l’hôpital de Saint-Brieuc étaient en grève ce lundi 3 juillet, pour une durée de 24 heures. (Le Télégramme/Marina Chélin)

« L’équation ne fonctionne pas »

Cet été, les professionnels devront, par ailleurs, faire face à un cas de figure inédit. En cause la fermeture ponctuelle des urgences à Guingamp et Lannion ou carrément estivale à Carhaix et Pontivy, afin que les personnels puissent prendre leurs congés. « Tous ces patients vont, entre autres, être redispatchés chez nous, alors rien qu’avec ceux de notre secteur on est saturés. On voit bien que l’équation ne fonctionne pas ». Avec une diminution de l’offre de soins et une augmentation de la population, le Dr Anne-Laure Massip craint que « des catastrophes » ne se produisent. « Nous sommes très inquiets, dit-elle. Nous n’avons jamais vécu aucun été avec des fermetures ». Les professionnels se demandent aussi tout simplement s’ils tiendront le coup. « On n’en peut plus de le dire. On a l’impression d’une indifférence de l’État et voire une volonté de plomber l’hôpital public… ».

Auteur : Marina Chélin

Source : Aux urgences de Saint-Brieuc, on redoute un été très compliqué | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : Aux urgences de Saint-Brieuc, on redoute un été très compliqué (LT.fr 03/07/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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