
Les décrets qui entérinent la fin des régimes spéciaux au 1er septembre sont parus dimanche 30 juillet. Abrogation de la réforme des retraites, défense des régimes spéciaux : ces exigences demeurent vitales. Pas question de « passer à autre chose » !
Par Gabriel Caruana
Décidément, l’été 2023 sera celui des records. Si le montant des exonérations patronales explose à 73,6 milliards d’euros, ce pillage de la Sécu n’est pas perdu pour tout le monde. Ainsi, les premiers résultats semestriels des groupes français viennent d’être publiés que le très patronal journal Les Échos (31 juillet) commente ainsi : « Les groupes français ont pris goût aux performances de haute altitude. »
Il pointe des profits records dans l’industrie agroalimentaire et la grande distribution alors qu’une fraction de plus en plus grande de la population a du mal à se nourrir du fait de l’augmentation des prix ! Le journaliste s’extasie même devant Danone qui a « réussi l’exploit » de pousser ses prix de vente au-delà de l’inflation : + 9,4 %.
COURSE AUX PROFITS
Exonérations, ponction sur le pouvoir d’achat, industrie d’armement : la course aux profits est sans limite. C’est dans ce contexte que viennent d’être publiés les décrets mettant fin aux régimes spéciaux de retraite chez EDF, à la RATP, à la Banque de France et chez les clercs de notaire.
Il s’agit de la mise en œuvre de la réforme des retraites, promulguée au forceps en utilisant tous les artifices antidémocratiques de la Ve République pour piétiner l’opposition majoritaire dans le pays, les mobilisations historiques des salariés et de leurs organisations syndicales, et même le Parlement où une majorité pour la réforme était introuvable.
Les agents recrutés avant le 1er septembre continuent de bénéficier des régimes spéciaux (« clause du grand-père »), mais ils n’échappent pas aux reculs prévus par la réforme pour tous les salariés.
Ainsi, pour ces agents, « l’âge d’ouverture des droits est progressivement relevé de 2 ans » et « la durée d’assurance requise pour le taux plein voit sa montée en charge accélérée », a rappelé le ministère du Travail dans un communiqué.
Le dispositif des carrières longues est adapté pour ces régimes de la même manière que pour le régime général, avec quatre bornes d’âge d’entrée dans le dispositif (16 ans, 18 ans, 20 ans et 21 ans), en autorisant un départ anticipé à la retraite « selon quatre bornes d’ouverture des droits », respectivement à 58, 60, 62 ou 63 ans.
C’est là aussi un recul de taille puisque, par exemple chez EDF, un agent exerçant un métier classé insalubre ou actif peut jusqu’à aujourd’hui partir à 55 ans. À la RATP, c’est même 52 ans pour les services actifs.
CASSER LE SERVICE PUBLIC
Et « à compter du 1er septembre, les nouveaux embauchés à la RATP, dans les industries électriques et gazières, à la Banque de France ainsi que chez les clercs de notaire seront affiliés au régime général » : c’est l’information essentielle que retient Leila de Comarmond dans son article des Échos du 31 juillet. Et pour cause ! En plus des départs anticipés, dans chacun de ces régimes, des modalités de calcul des retraites particulières avaient été conquises, financées par des caisses autonomes. Elles sont liées au statut de service public auquel, pour les grands groupes capitalistes, il faut mettre fin pour continuer la course effrénée aux profits.
C’est le cas, par exemple, dans le transport ferroviaire, où l’ouverture à la concurrence est bien commencée. Elle a été précédée elle aussi par la fermeture du régime spécial de retraite de la SNCF et la fin du recrutement sous statut. Il est maintenant plus facile de transférer les agents d’une entreprise à une autre.
C’est bien le même sort que veut faire subir le gouvernement aux agents de la RATP, aux travailleurs des industries électriques et gazières, à ceux de la Banque de France et même dans le notariat puisque cette « charge publique » est dans le viseur de Macron qui a commencé à la libéraliser quand il était ministre de Hollande en 2016.
Abrogation de la réforme des retraites, défense des régimes spéciaux : ces exigences demeurent vitales. Pas question de « passer à autre chose » ni d’accompagner !
Source : Fin des régimes spéciaux : une aubaine pour les capitalistes (infos-ouvrieres.fr)
URL de cet article : FIN DES RÉGIMES SPÉCIAUX : UNE AUBAINE POUR LES CAPITALISTES. (IO.fr – 03/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)