Boutet-Nicolas, un nom qui a participé à l’essor de Rosporden, avant la chute (LT.fr-14/03/24)

L’association Histoire et patrimoine du Pays de Rosporden a beaucoup travaillé sur l’histoire des conserveries, et notamment sur Boutet-Nicolas. Michel Quinet, son président, est ici devant une photo aérienne ancienne du site de la rocade nord. (Le Télégramme/Daniel Bourvon)

La disparition du paysage de l’usine Boutet-Nicolas réveille bien des souvenirs, à Rosporden. Retour sur un siècle d’histoire d’une entreprise qui a participé au développement de la commune.

Le nom « Boutet-Nicolas » est certes aujourd’hui le symbole d’une désindustrialisation et d’une fermeture controversée survenue il y a tout juste dix ans. Mais ce site, né du rapprochement de deux industriels locaux qui avaient les mêmes activités, n’en reste pas moins ancré dans l’histoire de Rosporden. Une mémoire sur laquelle a beaucoup travaillé l’association Histoire et patrimoine du pays de Rosporden.

Dans les années 1910-1920, la commune bénéficie de deux atouts majeurs, qui dopent l’activité de la conserve de légumes : un bassin agricole riche, une tradition de polyculture et des paysans motivés d’une part. Et d’autre part une gare, nécessaire pour écouler la marchandise.

À lire sur le sujet Rosporden tourne la page Boutet-Nicolas

D’un côté Boutet, de l’autre Nicolas

C’est Laurent Boutet, qui en 1921, lance l’activité, en créant à Coat Canton, sur les bords de l’Aven, une conserverie de légumes appertisés. Au départ, un modeste atelier artisanal, outillé de manière rudimentaire, employant une quinzaine d’hommes en permanence et 80 personnes en période de pointe, avant de rapidement prospérer.

Parallèlement, en 1930, Jean Nicolas fait construire, rue Ernest-Renan, la troisième conserverie de Rosporden (Le Breton ayant construit entre-temps, en 1927, l’usine des Prés Verts, route de Quimper). Au fil des années, cette nouvelle usine se modernise, mais voit son élan brisé par la guerre.

À lire sur le sujet Boutet-Nicolas : « Le légume appertisé a été l’or vert » de Rosporden

Des hauts et des bas

L’après-guerre va être marqué par un important développement de l’activité. Après 1945, les fils de Jean Nicolas lui succèdent. L’un d’eux, Jean, devient directeur de l’usine rospordinoise et Corentin gère les relations avec les paysans. Jusqu’à la fin des années 1960, la croissance de la production est considérable. Un quai spécial est réservé en gare pour les expéditions, appelé d’ailleurs « quai Nicolas ». En 1955, Robert, un autre fils, part diriger une nouvelle usine ultramoderne, à Roye dans la Somme.

Dans les années 1970, le développement des grandes surfaces change la donne. En 1973, concurrence et baisse des prix conduisent la famille Nicolas à céder ses usines de Rosporden et de Roye à la Société compagnie générale de conserves. La SCGC revend le site rospordinois à Boutet, qui a été racheté en 1967 par la Coopérative Saint-Yvi-Cornouaille : c’est la naissance de Boutet-Nicolas.

Le tournant de 1999

Suit une nouvelle période faste, avec l’agrandissement de l’entreprise qui rachète en 1987 la conserverie de Carhaix. En 1994, les directions de Boutet-Nicolas et de la Coop Saint-Yvi prennent une décision stratégique, avec la construction de la plate-forme d’expédition de la rocade nord. En 1996, c’est au tour de la conserverie Ravalec de Concarneau d’être rachetée par Boutet-Nicolas.

Un projet de création de nouvelle usine à Rosporden est dans les cartons, mais les vents tournent, les prix s’effondrent. Une nouvelle bourrasque, en 1999, entraîne la vente de la conserverie à la Cecab. La nouvelle usine ne verra pas le jour, et le site de Coat-Canton ferme en 2001, officiellement pour des raisons de sécurité.

La vieille image de la marque Boutet-Nicolas se dresse toujours à l’entrée de la plate-forme logistique de la rocade nord. Depuis, le design de la petite Antoinette a été revu, illustrant une marque « Jean Nicolas » qui, hormis l’histoire, n’a plus rien de rospordinois.
La vieille image de la marque Boutet-Nicolas se dresse toujours à l’entrée de la plate-forme logistique de la rocade nord. Depuis, le design de la petite Antoinette a été revu, illustrant une marque « Jean Nicolas » qui, hormis l’histoire, n’a plus rien de rospordinois. (Le Télégramme/Olivier Desveaux)

Ne reste qu’Antoinette

Pour gagner en productivité, le groupe coopératif décide en 2012 de réduire le nombre de ses usines et de fermer le site de la rue Renan et la plateforme d’expédition. La fermeture définitive de l’usine a lieu le 1er avril 2014. Cent quarante-deux salariés à temps complet et près de 200 saisonniers ou intérimaires étaient alors employés par l’entreprise, à Rosporden.

De cette histoire, il reste les souvenirs de centaines de familles. Une empreinte dans le paysage rospordinois, qui s’estompe peu à peu. Et une image, celle d’Antoinette, la nièce de Jean Nicolas, qu’il apposa sur ses conserves. Un visage qui figure toujours sur les boîtes d’une marque qui n’a plus rien de rospordinois.

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/concarneau-29900/boutet-nicolas-un-nom-qui-a-participe-a-lessor-de-rosporden-avant-la-chute-6543850.php

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/boutet-nicolas-un-nom-qui-a-participe-a-lessor-de-rosporden-avant-la-chute-lt-fr-14-03-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *