À Douarnenez (Finistère), une trentaine de salariés d’Éolane ont débrayé ce mardi 2 avril 2024, deux mois après une première mobilisation. Outre la « dévaluation » de leurs postes, liée à l’application de la nouvelle convention collective, ils pointent un « climat délétère » au sein de l’entreprise.
Par Sounkoura-Jeanne DEMBÉLÉ.
« Tout le monde est à bout. » À Douarnenez (Finistère), ce mardi 2 avril 2024, une trentaine de salariés de l’entreprise Éolane, spécialisée dans la fabrication de matériels électroniques, ont débrayé entre 10 h 30 et midi pour protester une nouvelle fois contre l’application de la nouvelle convention collective de la métallurgie. Une mobilisation beaucoup moins massive que la précédente.
Le 23 janvier, ils étaient près d’une centaine à s’être rassemblés devant le site de Lannugat. Marc Le Meil, délégué syndical CGT, explique cet essoufflement par de « nombreux arrêts de travail » et une « grande lassitude » générale, liés à un « climat social délétère ».
« Ni dialogue, ni explications »
Dans le cadre de la nouvelle convention collective, un nouveau système de classification des emplois a été mis en place au 1er janvier 2024. À Éolane Douarnenez, « la quasi-totalité des postes a été dévaluée ». En clair : la fiche-emploi attribuée à chaque salarié ne correspondrait pas toujours au travail réellement effectué. « Il n’y a eu ni dialogue, ni explications de la part du groupe, rappelle une employée. Tout a été fait dans notre dos. »
Malgré la tenue d’un « second round » pour retravailler les cotations, une majorité de salariés n’aurait pas obtenu satisfaction. Pire :les changements auraient même « créé des disparités entre les personnes ». Depuis, l’ambiance en interne serait « morose ».
De 182 à 120 CDI
Marc Le Meil pointe une situation « globalement » mauvaise au sein de l’entreprise depuis le rachat de Lagassé communications et industries (société à laquelle appartenait le site douarneniste) par Éolane, en 2012. « En douze ans, les effectifs ont diminué de façon continue. Des départs naturels, principalement liés à la retraite, n’ont pas été compensés. Nous sommes passés de 182 à environ 120 CDI. Le chiffre d’affaires diminue aussi et dépend encore beaucoup trop des commandes d’Airbus [principal client d’Eolane]. Il est urgent d’aller trouver de nouveaux clients. Aujourd’hui, il y a une grosse inquiétude sur la continuité du site. »
L’arrivée d’un nouveau président à la tête du groupe angevin, début 2024, n’a pas apaisé les craintes. « Lors de sa venue à Douarnenez, son discours nous a paru plus sain que celui de son prédécesseur, souligne Marc Le Meil. Mais nous attendons des signes concrets de relance. Nous espérons que nous ne sommes pas en train d’assister à la mort programmée d’Éolane Douarnenez. »
La direction rassure
Contacté, Jean-Marc Hérande, directeur régional Éolane Ouest, se veut rassurant sur l’avenir du site douarneniste et fait part de « bonnes nouvelles » : « Un très grand client et d’autres plus petits, mais qui n’en restent pas moins significatifs, nous soutiennent. De nouveaux partenariats sont en discussion. Cela prend du temps. Avec ces nouveaux clients, nous serons capables de générer un surplus de chiffre d’affaires. L’érosion de l’activité liée à Airbus devrait être beaucoup plus faible dorénavant. Je suis confiant. Nous avons une base solide pour bâtir le futur. Il y a des atouts considérables ici. »
Au sujet des cotations, Jean-Marc Hérande indique « qu’un gros travail a été mené à l’échelle du groupe ces derniers mois pour revoir chaque position et réévaluer les cotations, parfois de façon significative. Malgré tout, certains salariés ont fait part de leur incompréhension ou insatisfaction. Ces points de détails seront discutés au cours d’entretiens ».
Le directeur précise qu’un vaste chantier va être lancé cette année pour reconnaître la polyvalence et l’expertise des salariés. Des aspects « pas très bien intégrés » dans le nouveau système de cotation.
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