Une attaque contre les fonctionnaires qui prépare un nouveau coup contre la Sécu de 1945 (IO.fr-30/10/24)

Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique – ex ministre du Logement (photo AFP).

Le ministre de la Fonction publique annonce une nouvelle attaque majeure contre les fonctionnaires : en cas d’arrêt maladie, le délai de carence serait porté à trois jours (donc trois jours sans salaire) et le traitement des agents serait amputé de 10 % les jours suivants.

Par Soriane FRID .

Dans une interview parue dans Le Figaro du 28 octobre, le ministre de la Fonction publique Kasbarian a identifié une urgence pour les agents de la Fonction publique.

Si vous imaginez un instant qu’il s’agit de donner des moyens via des recrutements, une augmentation du point d’indice ou des moyens matériels supplémentaires pour améliorer les conditions de travail et donc le service public, passez votre chemin.

Pour M. Kasbarian, décrit par Les Échos comme libéral, et connu pour ses méfaits contre les locataires des logements sociaux quand il exerçait en tant que ministre du Logement, l’urgence est de s’attaquer à l’absentéisme dans la fonction publique !

S’appuyant sur un rapport de l’IGAS-IGF rendu public le 5 septembre, le ministre indique qu’il y a trop d’arrêts maladie dans la fonction publique en comparaison avec les salariés du privé, alors même que ce rapport officiel admet que cette comparaison est totalement biaisée1!

Mais il veut faire feu de tout bois, car le moment choisi pour faire cette annonce n’est pas innocent, le ministre ne s’en cache même pas.

Les salariés du privé dans le viseur

En effet, son interview paraît le jour où les discussions sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025 commencent à l’Assemblée nationale. Et l’une des attaques les plus violentes porte sur les arrêts maladie (des salariés du privé cette fois), avec la prévision de futurs décrets portant sur l’allongement du délai de carence et sur une décorrélation du montant des indemnités journalières, versés par la Sécurité sociale, par rapport au salaire du travailleur en arrêt2.

Pour les fonctionnaires, l’État, qui est employeur, maintient jusqu’à présent la rémunération de ses agents. Et du fait de l’existence du statut des fonctionnaires, les salariés du privé sont souvent garantis, par leurs conventions collectives, d’un maintien de rémunération intégrale et ce dès le premier jour d’arrêt maladie.

On comprend dès lors que le but du gouvernement, pour les travailleurs du public comme pour ceux du privé, est d’en finir avec les arrêts maladie comme revenu de remplacement, garantie qui est un pilier de la Sécurité sociale de 1945.

Le conseil du ministre aux fonctionnaires

C’est clair : pour pouvoir en finir avec la Sécurité sociale de 1945, il faut en finir avec le maintien de la rémunération des fonctionnaires en cas d’arrêt maladie.

Ajoutez à cela la volonté du gouvernement de liquider le service médical de la Sécurité sociale et vous comprenez que c’est vers un système à l’américaine qu’ils veulent nous amener avec la carte bleue qui remplacerait la carte Vitale.

C’est dans ce contexte que, dans cette même interview, avec la plus grande décomplexion, Kasbarian invite les fonctionnaires à se prendre une complémentaire à titre individuel !

Pas touche au maintien de rémunération des agents du service public en cas de maladie, maternité ou accident du travail !

Pas touche aux indemnités journalières de la Sécu !

Maintien du statut des fonctionnaires !

Abrogation des LFSS !

AUSTERITE RENFORCEE POUR LES FONCTIONNAIRES

Dans la Fonction publique, toutes les mesures gouvernementales vont dans le même sens.La première mesure annoncée est la suppression de GIPA. Il s’agit d’une indemnité créée sous le quinquennat Sarkozy, pour « accompagner » les effets de la politique de destruction statutaire en matière de rémunération, en particulier le gel de la valeur du point d’indice et l’augmentation de la durée de carrière.Cette politique n’a jamais cessé depuis, à tel point qu’aujourd’hui, il faudrait augmenter le point d’indice de 28 % pour retrouver sa valeur réelle au 1er janvier 2000. Cette indemnité était accordée aux fonctionnaires dont l’évolution du traitement était restée pendant 4 ans inférieure à celle de l’indice des prix à la consommation. Mais aujourd’hui, le gouvernement ne cherche qu’à raboter par tous les moyens la rémunération des fonctionnaires : il faut supprimer toutes les mesures visant à « adoucir » l’austérité !Autre décision, le refus d’aligner le minimum de traitement sur le Smic qui augmente de 2 % le 1er novembre 2024. Les personnels dont le traitement est inférieur au Smic recevront une indemnité compensatrice non prise en compte pour la retraite !Refus des syndicatsPrêt à toutes les ignominies, le gouvernement annonce également 3 jours de carence ainsi qu’un traitement diminué à 90 % pour les personnels malades. Le gouvernement espère ainsi récupérer 1,25 milliard d’euros sur le dos des malades !Bien entendu, le gouvernement entend continuer le gel du point d’indice et surtout a mis à l’ordre du jour de « l’agenda social » (c’est-à-dire son plan de travail imposé aux syndicats) le projet de loi pour l’efficacité de la fonction publique (appelé projet de loi Guérini avant l’échec électoral de ce dernier). Pour mémoire, ce projet de loi vise à modifier en profondeur les règles de l’avancement de carrière des fonctionnaires pour réaliser des milliards de coupes budgétaires.Les organisations syndicales de fonctionnaires ont écrit au ministre Kasbarian un courrier dans lequel elles « réaffirment l’urgence d’apporter des réponses aux revendications salariales des personnels de la fonction publique. » En ce qui concerne le projet de loi elles écrivent : « Nos organisations attendent également une clarification rapide quant aux intentions du gouvernement sur le projet de loi relatif à l’efficacité de la fonction publique. Sur la méthode, la demande unanime de nos organisations est claire : nous souhaitons l’abandon total de ce projet. »Ce gouvernement illégitime entend donc frapper les coups les plus durs contre les droits des fonctionnaires. Même s’il semble déterminé à passer en force, il reste un problème majeur qu’un proche de Michel Barnier posait dans Le Parisien du 10 octobre : « Il faut tenir la rue c’est elle qui peut faire tomber le gouvernement. »
Léo Horner

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/10/30/une-attaque-contre-les-fonctionnaires-qui-prepare-un-nouveau-coup-contre-la-secu-de-1945/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/une-attaque-contre-les-fonctionnaires-qui-prepare-un-nouveau-coup-contre-la-secu-de-1945-io-fr-30-10-24/

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