
Un appel à la mobilisation est lancé pour le 11 octobre afin d’alerter sur les difficultés rencontrées par de nombreuses structures, mises en péril faute de financements suffisants.
Par Eugénie BARBEZAT.
C’est une première. Ce samedi 11 octobre, l’ensemble des acteurs associatifs appellent à la mobilisation, partout en France, sous le mot d’ordre « Ça ne tient plus ».
Plus de 300 rassemblements et actions sont prévus selon le Mouvement associatif, à l’initiative de cette journée d’action qui fait suite à un sombre constat : en septembre 2025, un avis du Cese (Conseil économique, social et environnemental) révèle que 30 % des associations employeuses d’au moins un salarié n’ont pas de trésorerie et 70 % ont des fonds propres faibles ou nuls.
2025, une année difficile pour le secteur associatif avec 90 000 emplois menacés
À la merci de financements publics de plus en plus aléatoires, la moitié des associations a vu sa subvention baisser et 20 % d’entre elles ont subi des coupes brutales en 2025, notamment de la part des départements.
« Nous subissons un effet ciseaux, pointe Claire Thoury, la présidente du Mouvement associatif. Les chocs successifs (sanitaire, inflationnistes, etc.) ont augmenté la pauvreté, donc les besoins. Nous sommes obligés de restreindre nos activités, notamment en ce qui concerne la solidarité avec les plus démunis. »
Cette baisse d’activité menace 90 000 emplois dans un secteur qui compte 2 millions de salariés, soit environ 10 % de l’emploi privé. En 2025, on recense 500 liquidations de structures associatives et 1 000 plans de sauvegarde de l’emploi, deux fois plus qu’en 2022.
Les subventions de fonctionnement ne pèsent que pour 20 % aujourd’hui
Unis derrière un mot d’ordre commun, les acteurs du Mouvement associatif regrettent par ailleurs d’être mis en concurrence via des appels à projets. En effet, les subventions de fonctionnement, ayant vocation à soutenir des initiatives citoyennes, qui représentaient 40 % des financements en 2010, ne pèsent que pour 20 % aujourd’hui.
S’y sont substituées des commandes publiques, transformant les associations en prestataires de l’État ou des collectivités locales, qui leur confient des missions visant à pallier l’absence de services publics.
« C’est le cas pour les secteurs de la petite enfance, du handicap ou encore de la lutte contre l’exclusion, souligne Daniel Goldberg, président de l’Uniopss (Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux). Il faut que l’État cesse de se défausser sur les budgets de nos associations. On ne peut pas jeter les solidarités avec l’eau des déficits. »
D’autant, dénonce Véronique Moreira, présidente de l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep), qu’il s’agit d’un mauvais calcul : « Quand on supprime 1 euro au sport scolaire, cela engendre à terme une dépense supplémentaire de13 euros pour l’État. »
« Une atteinte à la démocratie culturelle et à la formation à la citoyenneté »
Pour sa part, Jean-Yves Macé, président des MJC de France, voit dans les coupes aux associations culturelles, d’éducation populaire ou de pratique amateur, « une atteinte à la démocratie culturelle et à la formation à la citoyenneté qui sacrifie les fondements de la vie démocratique ».
Face au risque de délitement du lien social, Jean-Baptiste Jobard, coordinateur du Collectif des associations citoyennes (CAC), imagine déjà une suite à cette première mobilisation : « Il faut donner la parole à la base, et pas seulement aux têtes de réseaux. C’est pourquoi nous allons lancer des cahiers de doléances ouverts aux bénévoles, aux usagers et aux salariés des associations afin de construire ensemble un agenda revendicatif. »
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