À bord du thonier Bara Ar Vicher avec Romain Cornou, chef mécanicien (LT.fr-26/09/24)

Romain Cornou est chef mécanicien sur le Bara Ar Vicher.

En pleine campagne de pêche au thon, Romain Cornou, 28 ans, chef mécanicien du Bara Ar Vicher de l‘Armement bigouden, nous invite à son bord. Partage du quotidien et du parcours hors normes d’un marin de Treffiagat.

La mécanique et la mer, une passion commune ?

Oui, en quelque sorte. J’ai commencé à 17 ans par la mécanique automobile avant que l‘appel de la mer ne me gagne petit à petit. À 22 ans, pendant mes congés, j’ai embarqué à bord pour une marée découverte avec mon père, qui est aussi chef mécano, encore en activité. À mon retour sur le quai, ma décision a été prise, j’ai annoncé à mon patron mon envie de poursuivre ma passion en mer. J’ai alors intégré le lycée maritime du Guilvinec et après quatre années, j’ai obtenu mon brevet de mécanicien 750 kW.

Romain Cornou dans la salle des machines du Bara Ar Vicher.
Romain Cornou dans la salle des machines du Bara Ar Vicher.

Pourquoi n’avoir pas choisi une plus grande stabilité à terre ?

Ce n’est pas pareil, il y a moins de routine en mer. Le métier n’est pas commun. Il est gratifiant. On mérite ce que l’on gagne, même si c’est différent d’une marée à l’autre. On le fait surtout pour la mémoire de nos anciens; pour subvenir aux besoins de nos familles, de nos amis, de tous… Être marin ne s’explique pas, on fait partie d’un équipage uni face aux tempêtes comme aux mers calmes.

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Cette campagne de pêche au thon est un moment particulier dans votre quotidien de marin…

Effectivement, ça nous change des marées aux chaluts de fonds que l’on pratique le reste de l’année. On l’attend tous avec envie et incertitude. C’est de la chasse, il faut savoir trouver les bancs. C’est un travail commun de deux navires, deux patrons, deux équipages solidaires dans des manœuvres effectuées dans des conditions parfois difficiles. Le travail, le rythme des marées est totalement différent.

Moment délicat quand les deux navires se rapprochent pour le passage de la touline.
Moment délicat quand les deux navires se rapprochent pour le passage de la touline.

Quels sont les changements de vie lors de cette campagne ?

On est décalé, on travaille de nuit car le thon repère le filet en plein jour. Certaines manœuvres peuvent être délicates lorsque l’on se rapproche de l’autre paire pour lancer la touline et partager le chalut pélagique. Mais aussi quand on ouvre les pochées de thons, ça peut faire mal surtout avec le rostre (pointe) d’un espadon. Chacun est vigilant à bord, c’est essentiel. C’est physique, il faut manipuler plusieurs tonnes de thons pour les faire glisser du pont jusqu’à la cale. Là aussi, ça nous change du tri du poisson de chalut.

En tant que chef mécano, quel est votre rôle sur le pont ?

Je dirige les manœuvres en relation avec Nathan Maréchal, patron à la passerelle, lorsque le chalut remonte à bord. Chacun participe à la tâche sur le pont, avant son tour de cuisine, son quart à la passerelle ou le repos dans sa niche. Avec un petit bonus pour le mécano qui doit s‘assurer du bon fonctionnement du moteur, du navire. C’est sûr, ce n’est pas les 35 h, mais ce n’est pas ce que recherche le marin. La vocation, la passion passent avant tout. C’est l’amour du métier.

La câle est pleine de thons , il va être temps de rentrer au port.
La câle est pleine de thons , il va être temps de rentrer au port.

Au final, malgré la dureté du métier, y a-t-il de la satisfaction ?

Totalement ! Le métier est certes dur mais reste noble. La campagne de thon, c’est comme une colonie de vacances en mer. Il y a de bons souvenirs et quelques mésaventures. L’important, c’est l’unité de l’équipage.

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source: https://www.letelegramme.fr/finistere/pont-l-abbe-29120/a-bord-du-thonier-bara-ar-vicher-avec-romain-cornou-chef-mecanicien-6669682.php

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