À Brest, le cri d’alarme des soignants de la résidence Delcourt-Ponchelet (LT.fr-20/12/23)

Les aides soignantes et infirmières des résidences Delcourt-Ponchelet ont débrayé une heure ce mercredi 20 décembre, pour dénoncer leurs conditions de travail qui « se dégradent » à les croire. (Photo Le Télégramme/Steven Le Roy)

Les aides-soignantes et les infirmières de la résidence Delcourt-Ponchelet sont à bout. Elles dénoncent des conditions de travail fortement dégradées dans l’Ehpad et ont observé une heure de débrayage, ce mercredi 20 décembre, à l’heure de midi.

Par Steven LE ROY

La mobilisation des infirmières et des aides soignantes de la résidence Delcourt-Ponchelet, un Ehpad brestois dépendant du CHU, est forte en ce jour froid de décembre. À l’appel de la section CFDT du CHU, représentée par sa secrétaire Soizig Patinec, elles ont choisi de débrayer une heure afin de sensibiliser sur des conditions de travail qu’elles estiment largement dégradées. « Pourtant, ici, on ne fait jamais grève », clame Patricia qui travaille à l’office, « mais le turn-over est devenu insupportable. Ici, on forme des gens qui ne restent jamais ».

Le turn-over est devenu insupportable. Ici, on forme des gens qui ne restent jamais.

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L’idée fixe de l’astérisque

En cause, d’abord et surtout, le manque d’effectif donc. « Ce qui pose problème est le non-remplacement des personnes malades. Et l’absentéisme n’a jamais été aussi fort parce que le personnel est fatigué. Blessures, burn-out se succèdent depuis août », prévient Soizig Patinec. Alors, « les rappels intempestifs sur les temps de repos se multiplient » fait savoir Isabelle, une aide-soignante lassée de l’inconfort « de ne pas avoir une journée de repos où l’on ne soit pas sous la menace d’un appel de notre hiérarchie ». Sur les repos hebdomadaires, marqués « RH » sur les emplois du temps, des astérisques ont fleuri « pour signifier que nous pouvons être rappelées en cas de besoin. Nous ne sommes jamais loin de notre téléphone. Si jamais nous ne répondons pas, ce qui est notre droit le plus strict, on nous fait peser le poids des responsabilités et de la culpabilisation », dénonce l’ensemble des grévistes. La nouveauté du moment est que la contagion de l’appel impromptu s’étend dorénavant aux congés payés…

L’hôpital reconnaît que « la lourdeur pour les équipes concernées est incontestable » mais explique que « l’absentéisme plus élevé que d’habitude et le manque de candidats » mènent à « l’application des procédures dégradées dans la logique institutionnelle : des rappels sur repos et des passages ponctuels en 12 heures pour assurer la continuité des soins ».

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« Nous allons dans le pire »

Ici comme ailleurs, ce qui semble peser surtout est qu’il est de plus en plus difficile de trouver des remplaçants « qui viennent et partent aussitôt vu les conditions. Moi, je les comprends très bien » continue Katell, infirmière, qui estime « que nous allons dans le pire, on en arrive à s’auto-remplacer et nous allons perdre un poste. Il y aura une infirmière pour 94 personnes, comme le week-end, ce qui va générer du stress. Il ne va pas falloir qu’il y ait deux soucis en même temps ».

Les revendications pourraient paraître simples, pourtant. Des postes et des moyens, pour s’occuper convenablement des 174 résidents, dont certains atteints de handicaps et de démences liés à leur âge. « Il devient urgent de le faire. Nous n’avons plus le temps de leur donner une douche par semaine à chacun » prévient une autre aide soignante qui assure « que même les résidents nous trouvent extrêmement stressées ».

De son côté, le CHU indique que figurent, dans le cadre du travail sur la nouvelle organisation qui interviendra à partir de mars 2024, la « suppression des horaires en coupe » ainsi que « le travail un week-end sur trois et plus sur deux comme actuellement ».

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/brest-29200/a-brest-le-cri-dalarme-des-soignants-de-la-residence-delcourt-ponchelet-6493504.php

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