À Brest, le ras-le-bol des professionnels de l’enfance. ( LT.fr – 06/10/22 – 17h24 )

Environ 250 professionnels de l’enfance et de la petite enfance ont manifesté ce jeudi à Brest.
Environ 250 professionnels de l’enfance et de la petite enfance ont manifesté ce jeudi à Brest. (Photo Le Télégramme/Pierre Chapin)

Personnels de crèches, animateurs et agents des écoles maternelles ont manifesté leur colère, ce jeudi, à Brest. Ils dénoncent des salaires au rabais et des conditions de travail dégradées.

« Métier passion ». Voilà une définition qui semble parfaitement correspondre aux personnels et agents territoriaux en charge de l’enfance et la petite enfance, mobilisés ce jeudi 6 octobre, en matinée, à l’appel national de la CFDT et du collectif « Pas de bébé à la consigne ».

« Je savais en faisant ces études que je ne roulerai pas sur l’or », convient Marine, 26 ans, dont six à exercer en crèche associative à Brest en tant qu’auxiliaire de puériculture. « Mais un minium de salaire et de reconnaissance ne ferait pas de mal. Surtout quand le gouvernement pond, au milieu de l’été, un arrêté autorisant à embaucher 15 % de personnes non qualifiées et à compter les mètres carrés de couloirs pour pouvoir accueillir plus d’enfants ».

« Où vont les jeunes diplômés ? »

Marine gagne 1 370 € nets par mois, à temps plein, pour des journées à se casser le dos au milieu des pleurs d’enfants, comme le fait Kassandra, 29 ans, salariée d’une structure publique du Finistère nord. « La passion nous tient. Mais je commence à réfléchir pour la suite », lâche-t-elle, ciblant autant le portefeuille vide que les journées épuisantes. « Les arrêts de travail ne sont pas remplacés, ce qui entraîne des changements de plannings incessants, du stress dans les équipes, une tension avec les familles quand on refuse des enfants, etc. ».

Les personnels de crèches dénoncent des conditions de travail dégradées nuisant à la qualité d’accueil.
Les personnels de crèches dénoncent des conditions de travail dégradées nuisant à la qualité d’accueil. (Photo Le Télégramme/Pierre Chapin)

« On ne sait pas où vont les jeunes diplômés : toutes les crèches cherchent des remplaçants », prolonge Marion, auxiliaire de puériculture dans une crèche privée à Brest. Elle a bien une petite idée sur les raisons de cette disparition : « Comment voulez-vous attirer du monde avec un Smic aujourd’hui et quand vous vous retrouvez à deux pour vous occuper de seize enfants ? Ces petits, c’est l’avenir du pays et pourtant, on ne donne pas les moyens de bien s’en occuper ».

Personnels de crèches, Atsem et animateurs du périscolaire disent souffrir des mêmes manques de personnels et de moyens.
Personnels de crèches, Atsem et animateurs du périscolaire disent souffrir des mêmes manques de personnels et de moyens. (Photo Le Télégramme/Pierre Chapin)

« Les parents ne savent même pas qui on est »

Si les agents de crèche formaient le gros des quelque 250 personnes mobilisées ce jeudi midi, leur désarroi est partagé par les animateurs intervenant dans le périscolaire et les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles. « Les agents ne sont pas remplacés lors des arrêts, ce qui met en péril toute l‘organisation de l’école. Mais les parents ne savent même pas qui on est… », souffle une Atsem en poste à Landerneau.

Là aussi, les conditions de travail sont pointées du doigt : « On accepte les enfants beaucoup trop tôt, pour éviter les fermetures de classes. Moi, j’ai dix enfants en couches dans une classe : ce n’est pas leur place ! », milite Murielle, Atsem à Brest. Et qui finit par lâcher, presque résignée « J’adore mon métier mais je ne sais plus le faire correctement ».

Auteur : Pierre Chapin

Source : À Brest, le ras-le-bol des professionnels de l’enfance – Brest – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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