L’Observatoire des inégalités a publié ce mardi 6 décembre 2022 son troisième rapport, se penchant sur les lieux de résidence des plus pauvres. Avec un taux de pauvreté de 17 %, Brest est la troisième ville du Finistère la plus touchée. Mais ce chiffre recoupe des réalités très différentes, notent Nicole Roux et Bénédicte Havard-Duclos, sociologues à l’Université de Bretagne Occidentale.
L’Observatoire des inégalités a publié ce mardi 6 décembre 2022 son troisième rapport, se penchant sur les lieux de résidence des plus pauvres. Avec un taux de pauvreté de 17 %, Brest est la troisième ville du Finistère la plus touchée. Mais des écarts existent au sein de la ville.
Comment peut-on interpréter cette carte ?
Elle représente, dans chaque quartier, le pourcentage de personnes qui ont moins de 60 % du revenu médian. Ce niveau de vie médian désigne le montant pour lequel la moitié des personnes touchent moins et l’autre moitié davantage. Il est mesuré après impôts et prestations sociales, et est de 1 710 € à Brest. On observe que les quartiers avec le taux de pauvreté le plus important correspondent aux quartiers où il y a des logements sociaux. Ce qui est assez logique, puisque ces logements sont attribués selon les revenus
, notent Nicole Roux et Bénédicte Havard-Duclos, sociologues à l’Université de Bretagne Occidentale. En revanche, Pontanézen, dans le quartier de l’Europe, n’apparaît pas sur cette carte, ce qui montre que la politique de la ville y a plutôt bien marché
, souligne Bénédicte Havard-Duclos.
Quelles sont les limites de cette carte ?
Les sociologues soulignent deux limites principales. En général, on préfère un taux de pauvreté à 50 % du revenu médian, parce que beaucoup de personnes se trouvent entre 50 et 60 %. Pour autant, leurs réalités sont très diverses.
Dans cette tranche, il y a beaucoup d’étudiants. Mais ils ne vivent pas forcément la pauvreté s’ils peuvent rentrer régulièrement dans leur famille, y récupérer quelques courses… Ces données sont des indicateurs de la pauvreté monétaire, mais la pauvreté ne se limite pas à ça
, insistent-elles. Il y a aussi la pauvreté en conditions de vie, en termes de privations matérielles, sociales… Selon l’état du logement, le tissu social ou associatif dans lequel une personne est insérée ou pas, le vécu n’est pas le même.
Quid des inégalités avec les autres ménages ?
Il faut être attentif aux signes de paupérisations et de gentrification
, relèvent les sociologues. Notamment avec des loyers qui augmentent et une accession à la propriété plus difficile. Néanmoins, l’écart entre les revenus des plus riches et des plus pauvres est relativement faible à Brest, qui est historiquement une ville populaire. Et il y a encore de nombreux espaces où les différentes populations se rencontrent, comme les écoles ou les parcs…
Et de conclure : Il serait aussi très intéressant d’étudier les plus riches. Car c’est avec eux que le décrochage est le plus important : ils ne fréquentent pas ces lieux de mixité sociale.
Auteur : Morgane DÉVÉRIN.
Source : À Brest, le taux de pauvreté de 17 % recoupe des réalités très diverses (ouest-france.fr)