À Brest, les 19 Résistants communistes fusillés en 1943 honorés (LT.fr 18/09/2023)

Le maire de Brest François Cuillandre a rappelé qu’une gerbe avait aussi été déposée au Mont Valérien le 14 septembre par Éric Guellec, second adjoint. (Le Télégramme/Sophie Joubert Nevière)

Il y a 80 ans, dix-neuf résistants communistes de Brest et Lanester étaient fusillés au Mont Valérien. La ville a rendu hommage hier à ces hommes en majorité ouvriers, en présence de leurs descendants.

« La mort paraît douce quand on songe au bonheur que connaîtront les tout-petits grâce à nous », écrit Albert Abalain juste avant son exécution. Des mots qui résonnent face à une foule essentiellement composée d’enfants, dont certains sont les descendants des martyrs bretons.

La mémoire de 19 résistants communistes, en majorité ouvriers brestois, fusillés le 17 septembre 1943 au Mont Valérien, a été honorée lundi 18 septembre 2023 au Jardin des Fusillés, dans le quartier du Guelmeur, à Brest. Le maire François Cuillandre, l’association mémorielle l’Anacr (Association nationale des anciens combattants) et de nombreux élèves d’établissements du secteur étaient présents. Les descendants des fusillés ont déposé une rose à l’appel des 19 noms. Une commémoration émouvante qui rappelle le prix payé par beaucoup d’habitants de Brest pour leur engagement dans la Résistance.

Gildas Priol, membre de l’Anacr, maître de cérémonie de cette commémoration à Brest, briefe les élèves qui vont lire les lettres.
Gildas Priol, membre de l’Anacr, maître de cérémonie de cette commémoration à Brest, briefe les élèves qui vont lire les lettres. (Photo Le Télégramme/Sophie Joubert Nevière)

Douze étaient de l’Arsenal de Brest

« Ils étaient de cette élite ouvrière à la haute conscience politique », rappelle Anne Friant-Mendres, présidente de l’Anacr 29. Les 19 Résistants célébrés lundi étaient tous Francs-tireurs et partisans français (FTPF), l’organisation paramilitaire du Parti communiste. La majorité était issue du monde ouvrier militant. Douze travaillaient à l’Arsenal de Brest qui, à l’entrée en guerre, était le principal employeur de la ville. Ses ouvriers avaient été maintenus à leurs postes pour soutenir l’effort de guerre. Avec l’occupation allemande, se retrouvant à travailler pour le compte de l’ennemi, certains se sont organisés peu à peu et illustrés dans de nombreux sabotages sur leur outil de travail, fragilisant la marine allemande. Mais fin 1942, une vague d’arrestations dans le Finistère ravage les rangs de ces combattants. Le 28 août 1943, le tribunal militaire allemand de Paris prononce la condamnation à mort des 19 Bretons (deux étaient de Lanester, dans le Morbihan). À l’instar d’Albert Abalain, certains écriront une dernière lettre à leurs familles. Deux d’entre elles ont été lues par quatre élèves, lundi matin.

Les visages de 18 des 19 Résistants de Brest et Lanester, exécutés le 17 septembre 1943 au Mont Valérien.
Les visages de 18 des 19 Résistants de Brest et Lanester, exécutés le 17 septembre 1943 au Mont Valérien. (Photo Archives de Brest)

« Ma grand-mère m’avait emmené sur la tombe de mon grand-père à Ivry, il faudra que je t’y emmène à mon tour » dit un des descendants à sa fille »

La lecture de la lettre de Paul Le Gent est un moment poignant pour Laurent, son petit-fils. Les derniers mots du résistant sont adressés à son épouse Yvonne. « Ma grand-mère m’avait emmené sur la tombe de mon grand-père à Ivry, il faudra que je t’y emmène à mon tour », dit-il à Léa, sa fille de 28 ans, aussi émue que son père. Laurent, Léa et les autres descendants ont déposé une rose pour leur aïeul mort pour la France au pied de la stèle du jardin, dans un silence recueilli, ponctué par l’appel au micro des 19 noms.

« Bien plus qu’un devoir de mémoire, nous avons un devoir de transmission de l’histoire de cette période », a rappelé le maire de Brest. Cet enjeu de transmission sera au cœur des célébrations des 80 ans de la Libération de la ville de Brest, prévues en septembre 2024.

À Brest, les élèves des établissements Fénelon, Iroise, Forestou et Diwan ont lu des lettres des Résistants et ont fait l’appel de leurs noms pour les 80 ans de leur mort.
À Brest, les élèves des établissements Fénelon, Iroise, Forestou et Diwan ont lu des lettres des Résistants et ont fait l’appel de leurs noms pour les 80 ans de leur mort. (Photo Le Télégramme/Sophie Joubert Nevière)

Auteur : Sophie Joubert Neviere

Source : À Brest, les 19 Résistants communistes fusillés en 1943 honorés | Le Télégramme (letelegramme.fr)

URL de cet article : À Brest, les 19 Résistants communistes fusillés en 1943 honorés (LT.fr 18/09/2023) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)

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