À Brest, les garde-côtes n’échappent pas au manque d’effectifs dans les douanes françaises (OF.fr-7/02/24)

Le « Kermorvan », navire patrouilleur des douanes basé à Brest (Finistère), va fonctionner à trois équipages de marins plutôt que quatre à compter de juin 2024. | ARCHIVES

À partir de juin 2024, le Kermorvan, navire patrouilleur des douanes de Brest (Finistère), va fonctionner avec un équipage en moins. Trois bordées de marins plutôt que quatre. Un fonctionnement temporaire, assure la Direction nationale garde-côtes des douanes, lié au départ à la retraite de plusieurs agents. Mais les représentants du personnel assurent que le mal est plus profond.

Par Julia TOUSSAINT .

À quelques heures d’embarquer sur le patrouilleur Kermorvan pour une mission en mer, Rémi Vandeplanque est mitigé. Douanier marin au port de Brest (Finistère) depuis plus de vingt ans, le quadragénaire aime son métier. « Notre mission principale, c’est la lutte contre la contrebande, entame-t-il. Mais on fait aussi du sauvetage en mer, du remorquage, de la lutte antipollution… La douane est une administration multicarte. »

Toutes ces missions, le garde-côte les accomplit « au service du citoyen ». Mais ces dernières années, la dégradation des conditions de travail a terni sa vision du métier, si bien qu’il estime que la douane maritime ne fonctionne plus que grâce à « la bonne volonté des agents ».

Dernier revers en date : l’annonce de la suppression d’un équipage à Brest, à compter de juin 2024. Le navire Kermorvan va ainsi fonctionner à trois bordées de marins, plutôt que quatre. « On va perdre 25 % de capacité opérationnelle », souffle Rémi Vandeplanque, qui est par ailleurs élu au syndicat Solidaires douanes.

« Sous-effectif chronique »

Contactée, la Direction nationale garde-côtes des douanes (DNGCD) assure que cette situation « temporaire » s’explique par une pyramide des âges vieillissante. « Une douzaine de marins qualifiés vont partir à la retraite en 2024 et ne peuvent pas être remplacés immédiatement. Il faut le temps de former d’autres personnes » , justifie Ronan Boillot, directeur de la DNGCD. Sans pouvoir dater le retour à un fonctionnement normal.

D’ici là, les effectifs seront redispatchés et l’unité brestoise s’organisera en trois bordées de vingt marins, contre quatre bordées de seize actuellement. « Enfin, seize agents c’est sur le papier… À cause du sous-effectif chronique, on tourne déjà à treize ou quatorze par équipage », pointe Rémi Vandeplanque.

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Le nombre d’heures en mer est plafonné chez les douaniers (2 200 heures par an à Brest). Le risque, pour eux, n’est donc pas de devoir travailler plus, mais d’être « corvéable à merci » pendant les périodes de forte activité, prédit un agent brestois qui souhaite rester anonyme : « On va nous demander de condenser toutes nos heures pendant l’été et de prendre un mois de congé en janvier, c’est ça ? Ça revient à instaurer une saisonnalité dans l’activité, alors que nos missions existent 365 jours par an. Pour faire de la flagrance, on doit occuper le terrain. »

Des résultats surveillés de près

Le directeur de la DNGCD livre une autre vision des choses. Sa priorité, assure-t-il, est de positionner les effectifs là où ils sont nécessaires : « Le sujet n’est pas d’être tout le temps en mer, mais d’être là au bon moment. »

Ronan Boillot vise même « une croissance des résultats » sur la lutte contre la fraude, avec « des fouilles plus approfondies et minutieuses » grâce aux équipages de vingt agents. Là encore, les douaniers partagent un autre point de vue. Rémi Vandeplanque redoute de devoir privilégier le petit contentieux aux gros trafics, « les infractions mineures mais quantifiables », pour satisfaire cette obligation de résultat.

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Un porte-parole du syndicat Unsa Douanes évoque aussi cette « logique du chiffre » qui s’ancre dans les différents services des douanes françaises. Et ajoute : « Pour bien faire notre travail, on estime qu’il faut redresser les effectifs à 22 000 ou 23 000 agents, comme au début des années 1990. »

Selon le bilan annuel 2022, la douane française compte désormais 16 626 agents.

Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/a-brest-les-garde-cotes-nechappent-pas-au-manque-deffectifs-dans-les-douanes-francaises-4575925c-c50a-11ee-8011-b976796527e7

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/a-brest-les-garde-cotes-nechappent-pas-au-manque-deffectifs-dans-les-douanes-francaises-of-fr-7-02-24/

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