Ce vendredi 26 avril 2024, une vingtaine de producteurs de tomates du Finistère s’est réunie dans un magasin Carrefour, à Brest, pour déposer des autocollants sur les barquettes en provenance du Maroc. Remarquant un manque de la clarté de la grande surface sur l’affichage de certains produits, ils pointent une concurrence déloyale.
Par François BRULÉ.
« On ne le saisit pas de prime abord ! » Dans ses mains, Ghislain Le Hir, producteur de tomates, retourne une barquette de tomates cerises de la marque Azura, de provenance marocaine. « L’origine Maroc est bien inscrite mais en tout petit, sous la boîte », précise-t-il.
« Une concurrence déloyale face au prix marocain »
Ce vendredi 26 avril 2024, une vingtaine de producteurs de tomates finistériens, « de Saint-Pol-de-Léon à Brest, en passant par Plougastel », s’est donnée rendez-vous sur le parking du Carrefour de l’Iroise, à Brest (Finistère). À l’ordre du jour, une opération de stickage d’autocollants « Origine Maroc » sur les lots de tomates concernés dans les rayons de la grande surface.
« Les politiques nous parlent de faire vivre le local et on tue notre marché. Il y a une concurrence déloyale face au prix des tomates cerises marocaines. Nous sommes obligés de nous aligner sur eux, si on veut éviter de mettre nos produits à la poubelle », déplore Ghislain Le Hir.
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0,99 € contre 3 €
Sur les étalages du magasin, le prix d’une barquette marocaine de 250 grammes est fixé à 0,99 €, quand la française s’élève à 3 €. « Pour nous, le coût de production pour une barquette est de 2,50 €, déclare David, producteur du Finistère. En ce moment, on doit s’aligner sur le prix de nos concurrents marocains si on veut écouler nos produits en grande surface. Ce qui représente environ 60 % de nos ventes. Le reste part dans les marchés, la consommation hors domicile, c’est-à-dire les restaurants, les cantines, etc. »
« Carrefour ne joue pas le jeu »
Si l’hiver, cette concurrence se fait moins ressentir, au printemps, la saison des tomates démarre en Bretagne. C’est à cette période que les producteurs réalisent le plus gros de leurs chiffres. Ils demandent alors une meilleure visibilité dans les grandes surfaces françaises. « Carrefour ne joue pas le jeu. On remarque que les produits marocains disposent de plus d’un mètre linéaire sur les étals, là où nous devons nous contenter d’à peine 60 cm », mesure David.
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Une signalétique « maladroite »
Pendant qu’ils déposent les autocollants sur les boîtes de provenance marocaine, les producteurs remarquent, au-dessus de l’étal, une banderole décorée du drapeau français sur laquelle on peut lire « nous soutenons les producteurs français ». Une telle signalétique à cet endroit énerve les manifestants qui l’indiquent au personnel du magasin.
« Vous avez de bonnes raisons »
Qualifiée de « maladroite » par Claude Gouriou, chef de secteur et responsable commercial du Carrefour de l’Iroise, le panneau a rapidement été enlevé par les services du magasin. Claude Gouriou, sorti de son bureau, est resté auprès des producteurs tout le temps de leur opération. Prenant note des revendications des producteurs sur un bloc de post-it, il a assuré « faire remonter les informations » à sa direction. « Si vous êtes là, c’est que vous avez de bonnes raisons. On va faire attention à la signalétique. Le but c’est que cela ne se reproduise plus », a conclu le responsable de la grande surface.
Ce même jour, en parallèle, des actions similaires ont eu lieu dans le supermarché Cora de Pacé (Ille-et-Vilaine) ainsi que dans d’autres enseignes du sud de la France.
Les tomates des Jeux olympiques
« Lundi, une promotion des tomates cerises estampillées bleu blanc rouge est prévue en partenariat avec les Jeux olympiques. Carrefour a choisi des produits marocains. On demande l’annulation de cette opération », rétorque Ghislain Le Hir, bien décidé de revenir vérifier, accompagné de ses homologues.
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