Dans la nuit du jeudi 30 au vendredi 31 mai 2024, à Brest (Finistère), des professeurs du groupe scolaire de l’Iroise ont occupé le collège, accompagnés de parents d’élèves. Ils dénoncent la mise en place de groupes de niveaux, dans le cadre de la réforme dite du « choc des savoirs ».
Par Bleuenn ROBERT et Emma VILLEROY.
Vendredi 31 mai 2024, aux alentours de 7 h 30, une dizaine de professeurs, les traits tirés et un café à la main, patientent à l’entrée du collège-lycée de l’Iroise, à Brest (Finistère). Après une nuit de sommeil dans la salle des professeurs, ils sont prêts à reprendre leurs cours, avec le sentiment du devoir accompli.
Sur les grilles de l’établissement, une banderole affiche leurs revendications : « Collège occupé, non au choc des savoirs ». Après l’opération « collège mort » du mardi 28 mai, c’est la deuxième fois qu’ils manifestent cette semaine contre cette réforme. Conçue par Gabriel Attal lors de son passage au ministère de l’Éducation nationale, elle prévoit, notamment, la mise en place de groupes de niveaux dans les collèges, pour les cours de français et de mathématique, dès la rentrée prochaine.
« C’est un tri social qui complique encore davantage la situation des élèves en difficulté », dénoncent les professeurs, qui entendent déjà leurs élèves dire : « J’espère que je ne serai pas dans le groupe des plus nuls ».
« Le temps d’avoir des déclics »
Ils observent également une certaine obsession des élèves pour les notes et craignent que cela empire. « On prône le vivre ensemble », déclarent encore les enseignants. « La compétition, c’est bien mais pas trop ! »
Stéphane Tanguy, professeur d’histoire-géographie au lycée de L’Iroise, prend l’exemple d’une élève de première : « Son niveau n’était pas très haut et je ne pensais pas qu’elle pouvait progresser autant. Récemment, elle a eu de super notes grâce à une classe hétérogène et des camarades qui l’ont poussée vers le haut. Ça permet de laisser le temps d’avoir des déclics, de mûrir. »
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Manque de moyens
La veille au soir, les professeurs avaient donné rendez-vous aux élèves et à leurs parents pour un repas, au cours duquel ils ont rédigé un courrier à destination des élus. « L’idée est de retracer ce qui nous inquiète dans cette réforme », expliquent les professeurs, qui se disent « conscients des difficultés scolaires ». Selon eux, la réponse apportée par le gouvernement n’est pas la bonne. « Nous faisons déjà face au manque de moyens et d’effectifs, cette réforme n’est pas une solution. »
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Au total, près de 45 professeurs du groupe scolaire étaient mobilisés. Une dizaine d’entre eux a choisi d’occuper l’établissement toute la nuit, « bien installé avec un barbecue, des chips, des oreillers et le vidéoprojecteur ». Au réveil, ils étaient encouragés par leurs collègues.
S’ils sont motivés à poursuivre leur mobilisation et envisagent même une action commune avec les autres établissements mobilisés, les professeurs placent la réussite de leurs élèves au centre de leurs préoccupations : « Le mois de juin est crucial pour eux, il y a le baccalauréat et le brevet ! »
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