Syndicats et partis politiques se sont donné rendez-vous devant la Maison des syndicats de Carhaix pour un rassemblement afin de réclamer une hausse des salaires. 200 personnes se sont mobilisées pour défiler dans la bonne humeur mais sur un important fond de colère.
Travailleurs ou non, 200 personnes ont défilé dans les rues carhaisiennes, jeudi 29 septembre 2022, pour réclamer des hausses de salaire. « Le gouvernement a réussi le tour de force de faire passer une loi dite de pouvoir d’achat sans ne jamais aborder la question des salaires », lançait Bernard Bloyet, secrétaire de l’Union locale CGT. Une grande diversité de secteurs d’activité était présente. Des professeurs à l’agroalimentaire en passant par les salariés du secteur de l’énergie, tout le monde était là pour apporter son soutien au mouvement de lutte sociale. « On a aussi beaucoup de retraités qui sont toujours là et qui se battent pour leurs enfants et petits-enfants », souligne un syndicaliste.
Je connais pas mal de gens dans le Poher qui n’ont jamais connu l’abondance
Une situation déjà critique accentuée par la crise
La situation économique est critique dans le Poher. « L’inflation touche de plein fouet l’hexagone et le Poher a un déficit de salaires de 20 % par rapport à la moyenne nationale en raison d’un grand nombre de temps partiels imposés et d’emplois dans l’agroalimentaire », explique la CGT. « On se serre la ceinture déjà toute l’année, là ce n’est plus possible. On nous demande des efforts supplémentaires que l’on n’est pas capable de faire », lance Marianne. Le cortège s’est cependant déroulé dans la bonne humeur. Le froid carhaisien avait poussé certains à revêtir leur plus beau col roulé. « Personnellement, je connais pas mal de gens dans le Poher qui n’ont jamais connu l’abondance », souffle Guillaume. Même quelques enfants étaient présents « pour la lutte, comme dit maman ».
Le gouvernement attend à chaque fois que l’on ait le couteau sous la gorge avant de débloquer une prime.
Le ras-le-bol des primes à tout va
Syndicats et partis politiques présents étaient d’accord sur un objectif : transformer les primes en augmentations de salaire. « Les primes ne rentrent pas dans les cotisations sur la fiche de paie. C’est perdant pour tout le monde. Si l’État votait une augmentation des salaires, tout le monde y gagnerait ». Du côté du défilé, une augmentation des salaires permettrait de souffler. « Le gouvernement attend à chaque fois que l’on ait le couteau sous la gorge avant de débloquer une prime. Que ce soit pour la covid ou le carburant, à chaque fois c’est une fois que c’est la cata pour nous. On ne peut pas vivre sereinement ».
Un risque de nouveaux rassemblements pour les retraites
Les membres du cortège l’ont déjà annoncé, alors qu’Emmanuel Macron n’exclut pas une dissolution de l’Assemblée Nationale si une motion de censure contre son projet de réforme des retraites, si ça passe, ils reviendront dans la rue. « Nous ne sommes pas les vaches à lait du gouvernement et des grandes entreprises », lance Didier. « Ce qui est en train de se dessiner n’est pas beau du tout pour les travailleurs. En plus, il (Emmanuel Macron) veut passer en force et commence déjà à intimider la droite avec une motion de censure », s’agace Bernard Bloyet.
Corentin BONIZEC