Après une pétition et une manifestation, les riverains du quartier de Lanriec, à Concarneau (Finistère), viennent de se constituer en association. Ils lancent une action en justice en espérant faire démonter l’antenne 5G, installée en octobre 2022 dans la plus grande discrétion.
C’est un quartier paisible de Concarneau (Finistère) avec ses maisons coquettes entourées de jardins. Il y a Gaëlle et sa famille, propriétaire depuis 26 ans, Clara et son conjoint, installés depuis trois ans, Cécile et Julien… Tous se connaissent, et s’entendent bien. « Les fêtes des voisins, dans le quartier, c’est trois fois par an », sourit Gaëlle.
Cette belle harmonie a volé en éclat, le 20 octobre 2022, avec l’installation d’une antenne relais 5 G pour le compte de l’opérateur Free, à une centaine de mètres des maisons, sur un terrain appartenant à la crêperie Mam’Breizh. Un édifice de 37 mètres de haut, visible de loin. Depuis, la colère des habitants ne faiblit pas.
Outrés de ne pas avoir été mieux informés en amont, ils luttent depuis, sans relâche, pour son démantèlement. Pétition en ligne, tractage, manifestation sur le marché… Les actions ont été nombreuses, ces derniers mois, et la mobilisation prend, depuis quelques jours, une nouvelle ampleur.
Un avocat engagé et un appel aux dons
Cette semaine, plus de trois mois après l’installation, les habitants se sont constitués en association. Nommée Bien vivre à Concarneau, elle vise, selon la description visible sur son site, à « la défense et la protection de l’environnement, du cadre de vie sur le territoire de la commune de Concarneau et de ses environs. » Sa première action : déposer un recours, il y a quelques jours, contre la mairie de Concarneau, auprès du tribunal administratif de Rennes. Pour ce faire, ils ont engagé un avocat spécialisé et lancent un appel aux dons pour financer l’opération. « Nous avons à peu près besoin de 4 000 € », expliquent-ils.
« Que tout le monde ait un mot à dire »
Les habitants s’offusquent d’un manque de concertation des élus municipaux avant de valider l’installation. Il y a bien eu un affichage avant travaux mais trop peu visible pour les membres de l’association. « Sur un petit panneau, sur le parking de l’Intermarché. Personne ne l’a remarqué », constatent-ils. Ils appuient sur ce point, spécifiquement, pour monter leur recours. « On a la sensation que cela a été fait le plus vite possible pour qu’il n’y ait pas d’opposition. »
Ils espèrent, par leur action en justice, rouvrir le délai d’opposition au projet, pour que tout le monde « ait un mot à dire », selon Christelle Bodénan, la présidente.
– 30 % de valeur pour les maisons du secteur
Eux-mêmes en ont, des mots à dire. Sur la nuisance visuelle, d’abord. Que ce soit depuis la terrasse de Clara ou la salle de bains de Gaëlle, on voit bien l’antenne. D’après un agent immobilier que le collectif a consulté, les maisons auraient perdu 30 % de leur valeur. « Et on ne connaît pas l’impact sur notre santé de ces ondes si proches », s’inquiète Clara.
L’association constituée vise à alerter sur ces dangers et procurer un cadre déjà constitué à d’autres habitants, le cas échéant. Christelle Bodénan le prévoit : « Nous ne serons sûrement pas les seuls concernés. D’autres antennes vont probablement être construites, ailleurs, dans les années qui viennent puisqu’une seule couvre 500 mètres de territoire. »
L’antenne « ne peut être contestée par le maire »
L’installation d’antenne relais est souvent un sujet délicat. Cela se vérifie à Concarneau. En 2020, déjà, l’installation d’antenne par le même opérateur avait fait débat. Free avait pour projet l’installation de quatre pylônes d’antennes-relais (Park-Balan, deux dans le centre-ville et à Stang-Bihan) pour la 3G et la 4G, qui auraient été habilités à émettre la 5G. Une vive opposition s’était fait entendre, avec, là encore, la création d’un collectif. Free avait finalement abandonné l’idée, à la demande de la municipalité. L’une des parcelles ciblées appartenait en effet au Conservatoire du littoral et l’autre était trop proche du Tennis-club.
Cette fois-ci, les choses sont différentes. Dans un communiqué envoyé à l’automne, la mairie affirme que : « l’antenne de Lanriec, installée sur une parcelle privée (appartenant à la crêperie Chez Mam’Breizh), est conforme au PLU (plan local d’urbanisme) et au code de l’urbanisme. Elle ne peut être contestée par le maire, le conseil d’État ayant rejeté de nombreuses décisions municipales contraires aux autorisations d’urbanisme. »
Elle conteste, par ailleurs, l’absence d’informations préalable aux riverains. « Comme pour les dossiers précédents, le projet Free a fait l’objet d’une information à la commission municipale aménagement, en l’occurrence le 13 janvier 2022. Celui-ci étant en conformité avec le droit des sols, la municipalité n’a pas pu le refuser. Le pétitionnaire a alors apposé un panneau de chantier sur le site, quinze jours avant le début des travaux. »
Camille PINEAU.