À Concarneau, l’hiver est long pour Arnaud Louis, 47 ans, sans domicile fixe et sous dialyse. Quand il n’est pas à l’hôpital, il erre dans les rues, en attendant que sa demande de logement aboutisse.
« J’ai le soutien de l’équipe médicale qui s’occupe de moi, pendant mes dialyses, cela me fait du bien », confie Arnaud Louis, établi à Concarneau, depuis 2016. Sans logement et atteint de la maladie de Wegener, qui attaque les vaisseaux sanguins, l’homme marche dans les rues de Concarneau, toute la journée, pour ne pas s’engourdir.
« Pendant la période de grand froid, ça a été très compliqué », lâche-t-il pudiquement. Pour l’instant, il a trouvé des solutions pour passer ses nuits au chaud. L’âme charitable qui l’héberge lui demande, cependant, de quitter les lieux, dès 9 h du matin. L’homme de 47 ans s’occupe, alors, comme il peut. « Mon fils Jason, qui aura 23 ans dans quelques jours, est avec moi. On marche, on voit des amis mais pas n’importe lesquels. J’ai fait le tri, j’évite ceux avec qui j’avais l’habitude de boire », explique-t-il.
Arnaud Louis n’a pas toujours été exemplaire, il le concède. « J’ai eu des problèmes avec l’alcool. J’ai fait n’importe quoi quand j’avais un logement social à Lanriec », se souvient-il. Ces débordements, causés par des fêtes trop arrosées, lui ont valu une expulsion, il y a quatre ans. « Depuis, je me suis repris en main. Cela fait quatre mois que j’ai arrêté de boire. Je suis complètement sevré. De toute manière, mon corps ne tolère plus l’alcool », indique-t-il.
Mettre son fils à l’abri
L’homme, en attente d’une greffe de rein, est dialysé trois fois par semaine à l’hôpital de Quimper. « Quand l’ambulance vient me chercher, je dois laisser mon fils, seul dans les rues. Je ne suis pas rassuré. Il ne boit pas d’alcool mais j’ai peur qu’il fasse des mauvaises rencontres. Si j’avais un logement, cela me permettrait de le savoir à l’abri », s’inquiète le père de famille qui a également un fils de 12 ans, scolarisé au collège des Sables Blancs, à Concarneau. L’aîné de ses enfants, Jordan, est malheureusement décédé l’année dernière, à l’âge de 22 ans.
En août 2021, l’évolution de sa maladie a nécessité une ablation des deux tiers de son intestin. Arnaud Louis, originaire de Paimpol (22), prend aujourd’hui de nombreux médicaments. « Ce n’est pas facile de bien suivre son traitement quand on est à la rue », explique-t-il.
Touchée par sa détresse, une de ses connaissances a pris contact avec la rédaction du Télégramme. S’il raconte aujourd’hui son histoire, c’est qu’il espère avoir droit à une deuxième chance. « Les services sociaux sont restés bloqués sur ce que j’ai fait il y a quatre ans. Aujourd’hui, je ne suis plus le même. Je veux juste pouvoir vivre tranquillement avec mes deux fils. Errer dans la rue, ce n’est pas une vie décente, ni pour eux, ni pour moi », conclut-il.
Gwenn HAMP