
La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet était ce vendredi 5 avril à Douarnenez, sur fond de centenaire de la grève des sardinières. Une visite de l’usine Chancerelle figurait au programme.
Par Rodolphe POCHET
« Dans ce livre sur l’histoire de l’entreprise, je vous ai mis des repères pour les pages qui concernent la grève », lance Jean Mauviel, le directeur général de la Maison Chancerelle. « Ça tombe bien parce que votre plaquette de communication n’en fait pas mention ! », lui rétorque Sophie Binet. Pour son premier déplacement officiel en Finistère, la leader nationale de la CGT était en visite ce vendredi à Douarnenez, et cent ans après la grève victorieuse des femmes travaillant dans les conserveries, un passage par un site emblématique de la vie ouvrière de la cité s’imposait.
Après une large visite de l’usine dédiée aux sardines, celle qui dirige le syndicat depuis un an a échangé avec la direction de l’entreprise, deuxième employeur de Douarnenez derrière l’hôpital avec 600 personnes, premier lors de la haute saison. L’occasion d’insister sur les 26 à 27 nationalités qui se retrouvent à Lannugat, sur l’emboîtage à la main, sur la présence quasi-uniquement de femmes derrière les lignes de production.
Irène Normant, ouvrière depuis 1985 quand l’usine était encore sur le port et comptait 200 personnes, a une explication : « Les femmes sont plus minutieuses ! ». Elle a pu décrire l’évolution du travail, quand dans les années 80 les caisses en bois étaient encore suspendues sur des balancelles qui tournaient, et dans lesquelles il fallait saisir le poisson.
« Ce caractère ouvrier est toujours là »
Le travail a changé, les employées ont aujourd’hui devant elles des tapis à leur niveau, mais reste exigeant. De quoi, pour Sophie Binet, poser la question de la juste rémunération. « Pourquoi le port de charges lourdes est reconnu, mais pas celui de charges répétitives ? Cette pénibilité est moins rémunérée », lance-t-elle à la direction, qui répond que les accords de NAO (négociations annuelles obligatoires) sont signés chaque année. Après toutefois un mouvement de grève portée par la CGT, cette année.
Ces représentants de la section syndicale de Chancerelle devaient échanger avec Sophie Binet, avant la soirée sur le thème « Femmes et travail » à la salle des fêtes, qui proposait une table ronde très attendue. « Je suis à Douarnenez pour montrer que la grève de 1924 est aussi une histoire qui se vit au présent », indique la secrétaire générale, entourée de figures locales et départementales de la CGT. Attachée au Finistère, elle connaît les débats qui agitent la cité Penn sardin : « Une ville carte postale ou une ville ouvrière ? La production de sardines qui se poursuit montre que ce caractère ouvrier est toujours bien là », ajoute-t-elle.
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