À Logonna-Daoulas, les agriculteurs inquiets face à la sécheresse. ( LT.fr – 06/08/22 – 17h41 )

Pour Simon Le Baut, l’agriculture bretonne va devoir revoir ses pratiques avec ces périodes de canicule à répétition.
Pour Simon Le Baut, l’agriculture bretonne va devoir revoir ses pratiques avec ces périodes de canicule à répétition.

À Logonna-Daoulas, la sécheresse va faire chuter les rendements agricoles. Faute de nourriture pour leur bétail, les agriculteurs s’inquiètent déjà de l’hiver qui vient.

« Nous allons devoir changer de pratiques culturales », s’inquiète Simon Le Baut, éleveur laitier dans la commune de Logonna-Daoulas, en regardant ses champs jaunis par le soleil et la chaleur. Son exploitation, comme les dernières restantes en bord de mer, où la nature des sols, le vent et les températures élevées rendent les terres plus sèches que dans l’arrière-pays, souffre du manque d’eau.

« Je n’ai jamais vu ça », assure le jeune agriculteur de 30 ans installé depuis huit ans dans la région. « Tout est sec. Nous allons devoir faucher l’herbe et le maïs avec plusieurs semaines d’avance, comme nous l’avons fait pour le blé. De mémoire “d’anciens”, cette sécheresse ressemble à celle de 1976 », se désole-t-il. Cette année-là, un déficit pluviométrique associé à des températures caniculaires avaient provoqué un effondrement des rendements partout en France, obligeant les éleveurs à abattre leurs bêtes en avance, faute de pouvoir les nourrir. L’armée avait été mobilisée pour aider les agriculteurs et acheminer du fourrage. Enfin, d’importants feux de forêt avaient ravagé le Centre-Bretagne…

Un rendement divisé par deux

« En moyenne, on récolte 13 tonnes de matières sèches par hectare (herbes et maïs destinés à nourrir les bêtes l’hiver, NDLR). Cette année, nous serons aux alentours de 6-7 tonnes sur certaines parcelles », explique Simon Le Baut. Dans ses champs, l’herbe semée après la récolte des blés, avancée « d’au moins trois semaines cette année », ne pousse pas. « Il n’y a même pas de germes et? dans un sol aussi sec, je ne vois pas comment ça pourrait pousser ».

Touchés par le manque d’eau, ses plants de maïs dépérissent. « Certains n’ont pas d’épis ou sont carrément morts. Nous allons devoir récolter début septembre au lieu d’octobre, il y aura une baisse de qualité et des rendements, ce qui aura obligatoirement un impact sur les prix. » Enfin, le bétail, mécaniquement affecté par ces pénuries et les conditions climatiques, produit moins.

Changer les pratiques

« Dans cinq à dix ans, je pense que ce sera monnaie courante d’irriguer, comme cela se fait dans les Landes, prévoit Simon Le Baut. Il va falloir repenser tout le calendrier cultural, semer plus tôt, ?trouver des variétés plus résistantes et s’équiper en nouvelles installations pour arroser ». Mais le jeune agriculteur est sceptique. « Nous n’avons pas des exploitations aussi étendues que dans le Sud, où l’agriculture a été pensée pour faire face aux saisons sèches. Ici, il y a des routes partout. Ce sera compliqué de réaménager le territoire ».

Lui a déjà changé certaines de ses habitudes. « Je sors mes vaches la nuit et je les arrose pour les rafraîchir pendant la traite ».

Une situation alarmante qui ne semble pas sur le point de s’arranger. « On se rapproche de la période généralement la plus sèche de l’année, entre fin août et début septembre ». Météo France ne prévoit aucune pluie dans les semaines qui viennent.

Source : À Logonna-Daoulas, les agriculteurs inquiets face à la sécheresse – Logonna-Daoulas – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Hubert Mary

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