À Lorient, les manifs contre la réforme des retraites donnent le sourire aux restaurateurs (LT.fr-10/02/23)

Solidaire de la mobilisation, mardi, le café Code Ø a distribué du café aux manifestants pour exprimer son soutien.
À l’heure où des centres-villes se barricadent à l’approche des cortèges d’opposants à la réforme des retraites, celui de Lorient voit sa fréquentation boostée par les manifestations. Les commerces de bouche, notamment, en profitent.

« C’est un plus pour les métiers de bouche »

Alban Kervella, vice-président de Lorient compagnie des commerces et gérant des restaurants Aristide et Alambra : « Les manifestations mettent automatiquement de la vie dans le centre-ville. C’est un plus pour les métiers de bouche. On a constaté une hausse significative de la fréquentation de nos restaurants [places Aristide-Briand et Jules-Ferry, NDLR] ces jours-là, il a même fallu refuser des clients. On travaille sous pression, comme un jour de match au Moustoir. Cela dépend aussi de la météo : le 19 janvier, il pleuvait à verse, donc tout le monde voulait se mettre au chaud. Mais c’est, à mon avis, un phénomène très lié à l’hyper centre-ville, au parcours de la manifestation et qui concerne surtout la restauration. Pour les autres commerces, c’est plutôt un frein. Ça n’incite pas à venir faire ses achats en centre-ville. C’est différent pour les restaurants : tout le monde a faim, gréviste et non gréviste, manifestant et non manifestant ».

« Quand le cortège passe, on peut baisser le rideau »

Mohammed Djahafi, gérant du CBD Shop Delhihemp : « Pour être honnête, je suis contre la réforme des retraites donc je soutiens les manifestations, même si, c’est sûr, ce n’est pas favorable au commerce. Quand le cortège passe, on peut baisser le rideau. Il n’y a pas un chat. Nos clients habituels désertent le centre-ville car ils craignent les problèmes de stationnement et de circulation. Ces jours-là, on fonctionne surtout en livraison. Parfois, après les manifs, on récupère de nouveaux clients qui découvrent la boutique… Mais s’ils pouvaient faire ça un dimanche plutôt qu’un samedi, ce serait mieux pour le commerce ! »

« Le prêt-à-porter souffre plus du contexte général »

Armelle Guillaume, directrice du magasin de vêtements Toscane : « Certaines clientes ne viennent pas en ville les jours de manifestation, donc ça peut être pénalisant. Mais il faudra voir sur la durée. Pour l’instant, le mouvement n’impacte pas forcément notre fréquentation. Le prêt-à-porter souffre davantage du contexte général… Je suis un peu plus inquiète pour samedi, qui est une grosse journée ».

Le cortège est passé devant le café donc on en a profité pour montrer notre soutien – même si on ne pouvait pas fermer – en distribuant des cafés aux manifestants

« Anticiper pour être capable de répondre à la demande »

Sophie Gérard, coresponsable de Code Ø : « Le café-restaurant a fait le plein mardi ! Nous avons une démarche engagée, zéro déchet et locale. Ça s’associe bien aux revendications des manifestants qui, au-delà de la réforme des retraites, mettent en valeur le mieux vivre ensemble. Il y a pas mal de personnes qui viennent manifester à Lorient, puis cherchent un endroit où continuer à échanger, se restaurer et se réchauffer. Donc on voit notre fréquentation augmenter les jours de mobilisation, surtout ceux habituellement creux de début de semaine. Ça nous a surpris la première fois ; l’effectif était réduit, la quantité de nourriture prévue en fonction des habitudes de fréquentation pour éviter le gaspillage… Le jeudi suivant, on a anticipé pour être en capacité de répondre à la demande. Ce mardi, le cortège est passé devant le café donc on en a profité pour montrer notre soutien – même si on ne pouvait pas fermer – en distribuant des cafés aux manifestants. Et samedi, nous sommes fermés, donc certains en profiteront peut-être, cette fois, pour descendre dans la rue ».

« Ceux qui viennent en voiture, ça les refroidit »

Dan Khersis, président de Bôve & co et propriétaire du magasin d’optique Opti’Mix : « Le parcours de la toute première manifestation [le 19 janvier, NDLR] passait cours de la Bôve, autant dire que c’était une journée morte. Nos clients nous appelaient pour nous dire « on ne viendra pas aujourd’hui ». Ceux qui viennent de l’extérieur de Lorient, en bus, en train ou en voiture, ça les refroidit. Ils reportent leurs achats à plus tard ou vont plus facilement dans les centres commerciaux. Peut-être que, pour soutenir les commerçants du centre-ville, on pourrait organiser la prochaine manifestation dans une zone commerciale ! »

Marion DUGRENIER

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/lorient/a-lorient-les-manifs-contre-la-reforme-des-retraites-donnent-le-sourire-aux-restaurateurs-09-02-2023-13276134.php

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