À Lorient, les urgences débordent encore, encore et encore…(LT.fr-22/12/22)

De gauche à droite : Mme Busson, cadre de santé ; Christelle Mauconduit, médecin aux urgences ; Nathalie Daniel, cheffe du pôle des urgences ; Nathalie Le Friec, directeur référente des urgences et Armelle Levron, présidente de la commission médicale d’établissement.
Tous les ans à la même période, hors covid, le service des urgences du centre hospitalier de Lorient est noyé sous l’afflux des patients. Une décennie de crise qui met les nerfs des patients et des soignants à rude épreuve.

1-En 2011, déjà !

« Depuis trois semaines, nous avons fonctionné en organisation de crise. D’une part, parce que les lits de l’hôpital, où nous envoyons les patients des urgences, étaient occupés, et également en raison d’un afflux de patients dû aux épidémies de grippe et de gastro-entérite. Des patients restent sur des brancards, dans les couloirs, pendant des journées entières ». Ces propos étaient tenus en janvier 2011, par la cheffe du service des urgences de feu l’hôpital Bodélio, le docteur Sabine Texier. Onze ans après, ses successeurs tiennent les mêmes propos, font les mêmes constats. Ça se bouscule aux urgences, les patients restent des heures sur des brancards avant d’être pris en charge. Le personnel est à bout. Les journalistes auscultent le service, année après année, pour savoir ce qu’il se passe et en rendre compte.

2 « Une situation endémique majeure »

Après les deux années de covid qui ont tenu à distance les épidémies hivernales, elles reviennent en force et beaucoup plus tôt que les années précédentes. « D’habitude, l’épidémie de grippe arrive plutôt en janvier ou février ». Elle vient percuter l’épidémie de virus respiratoires qui affecte aussi bien les petits (bronchiolites), que les grands (viroses en tout genre). Si on ajoute la covid, toujours présente, on a « la situation endémique majeure » évoquée par le personnel des urgences et qui provoque un afflux de patients : entre 120 et 140 par jour, voire jusqu’à 145.

On appréhende la fermeture des cabinets médicaux pour Noël

Ce jeudi 22 décembre, entre 50 et 60 personnes sont en attente de lit aux urgences de l’hôpital du Scorff. « Et encore, on n’a pas l’épidémie de gastro-entérite, qui d’habitude arrive en décembre. Mais elle va arriver et on la craint », confie le docteur Mauconduit. On appréhende la fermeture des cabinets médicaux pour Noël ».

« Ces trois dernières semaines, on a touché le fond », assène Armelle Levron, présidente de la commission médicale d’établissement. « On a encore eu un gros pic, la semaine dernière, mais si les différentes épidémies ne baissent pas, ça va être très compliqué… »

3-Beaucoup de patients très, très âgés

« Quand ils ont 80 ans, on dit qu’ils sont jeunes », explique Nathalie Daniel, cheffe du pôle des urgences, en parlant des patients. « Ils ont 100, 101, 102. Ils ont la grippe ou la covid, s’affaiblissent, décompensent, chutent ».

En période plus normale, si tant est que les urgences fonctionnent parfois normalement, 20 à 30 % des patients passant par les urgences doivent être hospitalisés. Actuellement, c’est 50 %. « On a beaucoup de patients très âgés, qui vivent à domicile, avec peu d’aides, et arrivent avec des situations très dégradées », explique encore Nathalie Daniel. « Beaucoup refusent de l’aide à domicile, et quand ils arrivent ici, c’est l’effondrement. Il faut trouver une solution, car ils ne peuvent rentrer chez eux ».

4-Le maintien à domicile en question

L’hôpital du Scorff a mis en place une cellule pour sécuriser les sorties de ces grands seniors et anticiper un retour aux urgences dans les jours qui suivent. Malgré cela, ça bloque, au niveau des services de soins de suite, des maisons de convalescence, « car si le maintien à domicile n’est plus possible, ça coince à l’hôpital », reconnaît Nathalie Le Friec, référente des urgences à la direction de l’hôpital. « Même si depuis la covid, on a appris à travailler ensemble et que dans ce parcours de prise en charge, chacun, dans son domaine, met de l’huile dans les rouages ».

Sophie PAITIER

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/a-lorient-les-urgences-debordent-encore-encore-et-encore-22-12-2022-13247538.php

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