Par Caroline TREMAN (Presse Océan)
À Nantes, la carte scolaire est remaniée par le Département pour favoriser la mixité sociale et préparer l’ouverture d’un nouvel établissement dans le centre-ville. Trois collèges vont fermer, dont Rosa-Parks. Au Breil, de nombreux parents sont inquiets.
L’inquiétude est palpable sur les visages. Les enfants allaient à pied au collège. Comment vont-ils faire avec les transports, surtout pour ceux de 6e ?
, demande un père de famille devant des élus. Comment allez-vous aider les enfants en difficultés ? Ils vont se retrouver dans des classes plus grandes alors qu’ils sont 18-20 à Rosa-Parks. Ici, les enfants sont bien accompagnés
, dit Jessica, une mère de famille.
« Mon fils me dit qu’il ne veut pas changer et qu’il sera perturbé »
À Nantes, le collège Rosa-Parks (en REP + ), situé au Breil et près des Dervallières, doit fermer en septembre 2024. Les 250 élèves rejoindront le futur établissement Vial dans le centre de Nantes ou les collèges existants (Victor-Hugo, Gaston-Serpette, Hector-Berlioz, La Durantière). Une décision du Département annoncée en avril 2023, qui va, à terme, impacter aussi les élèves de primaire du secteur.
À Rosa-Parks, cette fermeture pose question. Une pétition est en ligne sur change.org. Beaucoup d’enfants rentrent le midi chez eux. Manger à la cantine, ça coûte cher
, lance une autre maman. Accompagnateurs dans les bus, transports gratuits, cantine à 1 €, concertations,… Le Département propose plusieurs pistes pour avancer.
Les craintes ne sont pas levées pour autant. On ne veut pas que ce collège ferme. Personne ne pense aux enfants. Mon fils sera en 3
e en septembre 2024. Il me dit qu’il ne veut pas changer et qu’il sera perturbé
, remarque Céline, habitante du Breil. Une autre famille se dit rassurée de voir son enfant qui pourrait évoluer dans un collège neuf du centre-ville.
Le Département, à l’initiative de ce changement de carte scolaire, en lien avec la Ville de Nantes et l’Éducation nationale, essaye de rassurer. On veut vraiment créer de la mixité sociale. C’est une chance pour les enfants de Rosa-Parks et aussi pour ceux du centre-ville
, assure Vincent Danis, vice-président en charge de l’éducation.
Ce projet de mixité sociale se base sur l’indice de position sociale (IPS), carte d’identité des catégories socioprofessionnelles des parents. En résumé, moins l’indice est élevé, plus les chances de réussite seraient faibles. C’est le cas à l’ouest de Nantes contrairement au centre-ville.
Un bon suivi
Mais le succès de la mixité sociale, des familles de Rosa-Parks n’y croient pas. J’ai connu les collèges du centre-ville quand j’étais plus jeune. La mixité ne se fait pas. Ceux qui ont le plus de moyens se mettent entre eux et ceux qui en ont moins aussi
, indique une mère de famille concernée. J’espère qu’ils ne seront pas vus comme le petit groupe d’élèves pauvres
, s’inquiète une autre. Même son de cloche de Delphine, maman dont l’aîné est en 6e : Cela a été un choc d’apprendre cette fermeture. Ce collège permet une socialisation dans le quartier. Ici, les professeurs et l’encadrement écoutent les élèves et les suivent beaucoup. Certains seront peut-être à l’aise dans un autre collège mais ça ne sera pas la majorité.
Pour expliquer et échanger, une réunion est organisée ce mardi 9 mai au Département avec les familles et le personnel de tous les collèges et écoles concernés par la nouvelle carte scolaire.
Les multiples vies de Vial
À Nantes, rue du 14-juillet, l’ex-lycée Vial va devenir un collège public, après la fermeture de trois autres collèges (Guist’hau, Rosa-Parks et Jules-Verne). Ce bâtiment, situé près de Guist’hau, a été construit en 1896 par la Ville de Nantes, après un leg du fortuné Prosper Vial. Une école pratique de commerce et d’industrie de jeunes filles a alors été créée. Il a été transformé en hôpital pendant la Première Guerre mondiale. En 1968, il devient le lycée Vial jusqu’à sa fermeture en 2004, après l’ouverture du lycée Nelson-Mandela. Le projet de nouveau collège ouvrira en septembre 2024, non en 2023. Des travaux supplémentaires ont allongé la facture : 26 millions d’euros pris en charge par le Département.
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