À Ouessant, elle dit sa peine devant « tous ces fous de Bassan morts ou à l’agonie en mer » ( LT.fr – 12/09/22 – 06h00 )

Ondine Morin, marin-pêcheur à Ouessant, évoque un spectacle de désolation, « avec des dizaines d’oiseaux morts, flottant en mer depuis la mi-août ».
Ondine Morin, marin-pêcheur à Ouessant, évoque un spectacle de désolation, « avec des dizaines d’oiseaux morts, flottant en mer depuis la mi-août ».

Marin-pêcheur à Ouessant (29), Ondine Morin a passé l’été à dénombrer les fous de Bassan morts ou agonisants autour de son bateau. Elle a partagé sa peine dans un post sur les réseaux sociaux.

À chaque sortie en mer, depuis le 15 août, toujours le même scénario : « Que je sois autour des phares de Kéréon et de la Jument, vers l’île de Keller ou à l’est de l’île, entre Lanildut (29) et Ouessant, partout, il y avait toujours des fous de Bassan morts, très maigres et flottants sur l’eau », détaille Ondine Morin, marin-pêcheur à Ouessant.

Un spectacle de désolation consécutif à un mois de juillet déjà annonciateur de mauvaises nouvelles. « À chaque nouvelle marée, on avait commencé à voir des animaux malades, qui ne pouvaient plus s’envoler. Cela fait tellement mal au cœur de les savoir mourants et de ne rien pouvoir faire pour eux ». La plupart étaient bagués et pour Ondine Morin, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’oiseaux provenant de la réserve costarmoricaine des Sept-Îles. « On sait malheureusement déjà que là-bas, la grippe aviaire a provoqué l’hécatombe. Il n’y a pas de remède pour les sauver ».

« Sinistrose en mer d’Iroise »

Dans un post publié sur Facebook le 28 août, la marin-pêcheur évoquait « la sinistrose en mer d’Iroise » et un été « particulier ». « Depuis le début du printemps, il y a quelque chose qui cloche en mer. Déjà à cause des vents dominants de nord-nord-est, ce rugen (en breton) qui rend fou et est détesté par les insulaires, écrit-elle encore, dans un autre texte envoyé à des amis. Imaginez désormais aussi tous les oiseaux de mer à l’agonie. Des fous de Bassan posés sur l’eau, la tête repliée sous l’aile, incapables de décoller. Pour nous, pêcheurs-ligneurs, ces animaux si majestueux sont habituellement nos yeux. Ils nous indiquent où se situent les poissons, ils sont nos alliés, nos collègues de travail. Et nous les voyons mourir sans pouvoir intervenir. Imaginez notre peine, et aussi notre révolte envers l’industrialisation inconsciente et abondante de notre planète bleue ».

Ondine Morin se désole encore de ne rien avoir vu venir. « Ces conditions météo anormales, déjà constatées depuis trois ans, ont perturbé le comportement des animaux et notre vigilance, témoignait-elle, en ce mardi 6 septembre 2022. Je me sens triste et complètement démunie ».

Marin pêcheur à Ouessant, Ondine Morin n'a pas effectué une sortie en mer depuis le 15 août sans voir flotter autour de son bateau des cadavres de fous de Bassan.
Marin pêcheur à Ouessant, Ondine Morin n’a pas effectué une sortie en mer depuis le 15 août sans voir flotter autour de son bateau des cadavres de fous de Bassan. (Ondine Morin)

Source : À Ouessant, elle dit sa peine devant « tous ces fous de Bassan morts ou à l’agonie en mer » – La faune sauvage bretonne frappée par la grippe aviaire – Le Télégramme (letelegramme.fr)

Auteur : Sophie Prévost

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