À Pontivy, Marie-Madeleine Doré-Lucas, élue de l’opposition et joyeuse rebelle (LT.fr-28/11/22-7h)

Derrière une image un peu austère, Marie-Madeleine Doré-Lucas est une femme ô combien joyeuse. Et qui, sur le terrain politique, fait toujours preuve de pugnacité.
Rencontre avec Marie-Madeleine Doré-Lucas qui, derrière son étiquette d’opposante austère, se révèle en boute-en-train pleine de fantaisies, forgée par une enfance peu commune et presque 50 ans d’engagement politique.

Voilà plusieurs années que l’on regarde Marie-Madeleine Doré-Lucas s’époumoner pour de justes causes, le poing serré et le verbe toujours haut perché. Un poil à gratter diront certains, une lanceuse d’alerte pour d’autres, qui a un don manifeste pour secouer la torpeur des conseils municipaux et intercommunautaires. Un sacerdoce que nous avons voulu mettre en avant : 47 ans d’engagement politique forcent le respect. D’autant plus quand on se définit comme une « joyeuse rebelle qui ne rentre pas forcément dans le rang ».

Les valeurs de gauche

Marie-Madeleine, on l’a retrouvée un jour de plein soleil, le mois dernier, dans un square de Pontivy. Avec une sympathie affichée, elle nous a parlé de sa vie, de ses combats politiques, mais aussi de Bruce Springsteen, du sourire de Jean Dujardin et de son père gaulliste et giscardien.

En classe de 4e, je m’étais même levée en plein cours pour crier « Larzac, la terre aux paysans ! »

Un père « autoritaire » qui n’a guère apprécié l’entrée de sa fille au Parti Communiste à l’âge de 16 ans. « Cela nous a d’ailleurs valu plusieurs explications de textes », rembobine la Pontivyenne, dernière d’une fratrie de neuf enfants élevés dans une ferme d’Inguiniel. « Nous n’étions ni pauvres ni riches mais il fallait partager : quand on achetait un carambar, on le coupait en plusieurs morceaux ». Une enfance qui a fait ses valeurs de gauche et de solidarité. « En classe de 4e, je m’étais même levée en plein cours pour crier : « Larzac, la terre aux paysans ! » »

Le Mérite agricole

La terre. Et les paysans. 50 ans après, ce combat l’anime encore comme au premier printemps. Et jusqu’aux tripes. « Ma mère est décédée d’une maladie en lien avec les pesticides, j’ai des potes agriculteurs qui se sont suicidés parce qu’ils ne joignaient plus les deux bouts. Pour l’industrie agroalimentaire, l’agriculture intensive rapporte de l’argent mais nuit à l’environnement et à la santé humaine. Ça m’atterre ! », s’indigne cette femme de gauche qui, lors du dernier conseil intercommunautaire, ferrailla sur ce sujet avec l’adjoint pontivyen Paul Le Guernic. Beau joueur, ce dernier lui reconnaît moult qualités. « Marie-Madeleine travaille ses interventions et maîtrise certains points techniques, ce qui n’est plus si courant en politique locale. Elle ne choisit pas ses engagements partisans par intérêt électoral : elle est courageuse et opiniâtre, une qualité en politique »

La joyeuse joggeuse

La politique. Un long chemin pavé d’épines. « On m’a tourné le dos et comme beaucoup, j’ai ramassé pas mal de coups », confie l’ex-adjointe d’Henri Le Dorze. « Elle a su en donner aussi, nuance ce dernier. En politique, il faut savoir encaisser et elle le fait très bien, loue l’ancien maire. Elle est fidèle à ses idées ». Sa plus notoire : la cession du château des Rohan pour 1 € symbolique à la Ville. « Aussi, le début de la bataille pour le maintien de la piscine découverte à La plage, c’était moi », affirme la joyeuse joggeuse qui compare la politique à « une course de fond avec de grandes accélérations en période d’élections ».

Docteure en droit, « MMDL » se représentera-t-elle aux prochaines législatives, elle qui rêve d’être députée ?
Docteure en droit, « MMDL » se représentera-t-elle aux prochaines législatives, elle qui rêve d’être députée ?

Les dernières en date lui ont été cruelles, vaincue au second tour des législatives. Ce soir-là, elle qui n’a pourtant pas le don des larmes n’a pu feindre sa tristesse, quittant le palais des congrès sans féliciter la gagnante. « Nicole Le Peih n’a pas mérité sa victoire et je ne cultive pas l’hypocrisie. D’un point de vue intellectuel, elle n’est pas forcément toujours au niveau, ça manque de contenu, elle est un peu légère ». En tout cas, la voilà rhabillée pour l’hiver.

La bonne vivante

Députée. Pour Marie-Madeleine, « ce serait le Graal et je ne m’interdis pas d’y penser pour le prochain mandat ». En attendant, il y a le pain quotidien au sein de l’opposition. Et surtout, il y a la vie. Qu’elle aime pétillante.

Je ne suis pas austère, je suis un joyeux luron !

Car loin de son image rigoureuse qui lui colle à la peau, « MMDL » est une femme incroyablement enjouée : « Je ne suis pas austère, je suis un joyeux luron ! ». Christophe Marchand, son complice dans l’opposition, acquiesce. « En plus d’avoir des qualités humaines indéniables et d’être pugnace, elle est aussi une bonne vivante », sourit celui qui est aussi l’un de ses amis. « Quand je reçois du monde à la maison, on fait la fête, on danse », confie la joviale élue. « Je chante Piaf, j’aime aussi Bruce Springsteen, j’aime la musique ! ». Do ré mi fa sol…

Le poing levé

Sinon, Marie-Madeleine kiffe « le sourire de Jean Dujardin ». Mais aussi « la gueule de Patrick Dewaere », l’acteur né sur la côte briochine. Elle, préfère celle de Quiberon. « J’adore y faire du vélo ». Ado, elle y vendait « des godasses sur le marché pour rembourser un prêt étudiant contracté au Crédit agricole à 14 % ». Puis, elle est devenue consultante, formatrice, prof à l’université et a bossé à Paris et Bruxelles pour la Commission européenne. Pour autant, l’Insoumise n’est pas une Européenne convaincue. « Je suis contre l’Europe du grand marché ! ». La politique. On y revient toujours un peu avec Marie-Madeleine qui, plutôt que la main sur la couture du pantalon, a toujours préféré le poing levé. Et qui, à Pontivy, a cette qualité que beaucoup n’ont pas : elle ne laisse jamais indifférente.

en complément: sa bio

Née le 7 novembre 1959 à Inguiniel Formatrice consultante et prof de droit Mariée, deux filles Qualifiée pour le second tour des législatives à Pontivy en 2017 et 2022 Adjointe au patrimoine de Jean-Pierre Le Roch entre 2008 et 2014 à Pontivy Membre du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest Élue de l’opposition à Pontivy

Pierre BERNARD

source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/pontivy/a-pontivy-marie-madeleine-dore-lucas-elue-de-l-opposition-et-joyeuse-rebelle-28-11-2022-13229165.php

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