À Quimper, ces étudiants craignent déjà les fins de mois difficiles(LT.fr-12/10/22 -18h30)

À Quimper, la rentrée est passée depuis peu et, déjà, quelques étudiants peinent à joindre les deux bouts. Prix du carburant, de l’alimentation, de l’énergie… Tout les incite déjà à chercher des astuces financières voire à trouver un travail.

Bastien, 19 ans, 2e année de licence de droit

Bastien, 19 ans, originaire d'Alsace
Bastien, 19 ans, originaire d’Alsace, livre des repas comme coursier Uber Eats. Un moyen de se nourrir malgré les découverts bancaires selon l’étudiant, qui a perdu sa bourse cette année. (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« Je viens d’Alsace. Cette année, j’ai perdu ma bourse. Mes parents, sans qu’évoluent leurs revenus, ont perdu un échelon. Je ne reçois plus les 120 € mensuels. Sachant que mes parents ne peuvent pas m’envoyer plus (500 €), j’ai juste de quoi payer le loyer. À la fin du mois de septembre, j’étais donc à découvert bloqué de 200 € sur mes deux comptes bancaires. Alors que j’ai un peu travaillé cet été ! Aux frais d’inscription à l’université (170 €), de manuels et de code pénal (200 €), s’ajoute l’inflation de la nourriture. J’achète donc moins de viande, plus de soupes, de légumes, des flocons d’avoines au petit-déjeuner à la place des céréales, etc. Et je suis devenu coursier Uber Eats le samedi soir. Ces 50 € empochés me permettent de me nourrir à la fin du mois ».

Bérénice, 19 ans, 1re année de double licence histoire de l’art et droit

Bérénice, 19 ans, originaire de Clermont-Ferrand
Bérénice, 19 ans, originaire de Clermont-Ferrand : « Moi qui ne consomme pas de viande, je me suis même privée de poisson ! » (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« En m’installant en septembre à Quimper, je ne m’attendais pas à ce que la vie soit si chère. Comme je n’ai pas de moyens de locomotion, je me rends dans le même centre commercial. Les prix sont élevés… Moi qui ne consomme pas de viande, je me prive même de poisson ! Je trouve aussi les légumes peu abordables : autant se tourner vers des surgelés. Alors oui, je ne suis pas à plaindre : je reçois 600 € par mois de la part des parents, en plus des bourses. Malgré tout, j’ai dégoté un emploi en temps partiel, le week-end. Pour avoir de quoi financer quelques loisirs. C’est en revanche assez crevant d’allier ça avec nos cours quotidiens et tout le travail personnel que ça suppose en dehors ».

Rayann, 21 ans, 1re année de licence LLCE (langues, littératures et civilisations étrangères)

Rayann, 21 ans, venu d'Algérie
Rayann, 21 ans, venu d’Algérie : « Je m’en tiens à 30 € de courses par semaine, je guette les codes de promotions, les remises sur les courriels ». (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« Après huit années passées en Algérie, ce retour en France me surprend. Tout y est cher. Mes parents, chez moi, m’ont donné 2 200 € fin août. Il ne me reste que 700… Le mois de septembre pèse sur les comptes, si l’on additionne le premier loyer de 390 €, la caution, le kit de cuisine, les premières courses… J’attends ma bourse mais, comme je viens d’Algérie, le dossier met du temps à être accepté. Je toucherais 440 € par mois, 630 € avec les Aides pour le logement (APL). Je cherche un travail à tout prix également. En attendant, je m’en tiens à 30 € de courses par semaine, je guette les codes de promotions, les remises sur les courriels, etc. Tout ce qui me permet d’abaisser la note ».

Maëlys, 19 ans, en 1re année de licence LLCE

Maelys, 19 ans, originaire de Haute-Savoie
Maëlys, 19 ans, originaire de Haute-Savoie : « Je fais quelques heures de ménage dans une entreprise chaque soir. Problème : ça ne colle pas avec mon travail personnel en sortant des cours. (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« En arrivant de Haute-Savoie, j’ai très vite déchanté lors des premières courses. Et en un mois, dans un même supermarché, j’ai l’impression que les prix ont grimpé partout ! Avec le prêt étudiant que j’ai contracté sur trois ans de 17 000 €, je me fixe 400 € de dépenses mensuelles. Forcément, on achète des pâtes ou des paniers anti-gaspillage à quelques euros achetés sur des plateformes tels que Too Good To Go ou Jow. En parallèle, je fais quelques heures de ménage dans une entreprise le soir. Mais je vais arrêter. Ça ne colle pas avec mon travail personnel en sortant des cours ».

Thibaut, 19 ans, en 1re année de BTS MCO (Management commercial opérationnel)

Thibaut, 19 ans, originaire du pays de Morlaix
Thibaut, 19 ans, originaire du pays de Morlaix : « Je ne prends même pas les transports en commun. Tout à pied même pour le centre-ville (à 30 min) ». (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« Durant mes deux ans au lycée, j’ai travaillé pendant les vacances. Cette année, en entrant en première année de BTS, je me suis dit que je n’avais pas d’autres choix que de partir sur une alternance. Ça me rapporte 700 € par mois. Le hic : j’ai de la route à faire. Le prix du carburant me pèse un peu. À Quimper, depuis ma cité universitaire où je loge, je délaisse ma voiture. Je ne prends même pas les transports en commun. Tout se fait à pied même pour le centre-ville (à 30 min). Malgré tout, mes menus sont à base de pâtes et je profite au maximum du repas du restaurant universitaire à 3,30 €. Et le week-end, je rentre chez mes parents, dans le pays de Morlaix ».

Amandine, 25 ans, en 1re année de licence LLCE

Amandine, 25 ans, originaire de la région parisienne
Amandine, 25 ans, originaire de la région parisienne : « Avec mes colocataires, on s’est accordé sur le fait qu’on n’allumerait aucun radiateur d’ici fin octobre, début novembre. (Le Télégramme/Alexis Souhard)

« Je ne suis pas si mal loti dans mon appartement situé à Kernisy. Moi et mes trois colocataires déboursons 450 € par mois tout compris pour y loger. Il est tout équipé. Mais on craint une régularisation des prix de chauffage si jamais on venait à trop consommer. On s’est donc tous accordé sur le fait qu’on n’allumerait aucun radiateur d’ici fin octobre, début novembre. Pour éviter d’être sur la paille, je travaille comme caissière en supermarché. J’ai pourtant travaillé quatre mois en hôtellerie-restauration. Et là, en attendant ma paye de septembre, je n’ai plus que deux euros ! Niveau alimentation, j’ai arrêté la viande, trop chère. J’ai fini malade à cause de ça, faute de protéines, selon le médecin. Mais financièrement, on est obligé de se restreindre ».

Alexis SOUHARD

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/a-quimper-ces-etudiants-craignent-deja-les-fins-de-mois-difficiles-video-12-10-2022-13198429.php

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