À Quimper, les enseignants disent leur ras-le-bol : « Certains collègues hésitent à changer de métier » (LT.fr-1/02/24)

Un peu plus de 500 enseignants et membres du personnel scolaire ont défilé dans les rues de Quimper pour dénoncer leurs conditions de travail et les réformes prévues par le gouvernement. (Le Télégramme/Laura Ayad)

Quand l’école investit la rue… Ce jeudi 1er février, un peu plus de 500 enseignants ont défilé dans les rues de Quimper pour dénoncer les récentes réformes et leurs conditions de travail. Et dire leur colère à l’encontre de leur ministre, Amélie Oudéa-Castéra.

Par Laura AYAD.

« Stop », « Respect », « Danger ». À Quimper, ce jeudi 1er février, tels sont les mots employés par les enseignants pour dire leur malaise. Des termes forts, griffonnés ici sur un bout de carton, là sur un gilet jaune. Et qui dressent, en creux, le portrait d’une profession qui va mal.

Un peu plus de 500 enseignants ont défilé dans les rues de Quimper contre les réformes et pour dénoncer leurs conditions de travail.
Un peu plus de 500 enseignants ont défilé dans les rues de Quimper contre les réformes et pour dénoncer leurs conditions de travail. (Le Télégramme/Laura Ayad)

« Depuis Jean-Michel Blanquer, les ministres de l’Éducation nationale ont sans cesse recours aux éléments de langage. De belles expressions et de bons mots. Mais derrière, concrètement, il n’y a pas de respect », déplore Yvan. À l’instar d’un peu plus de 500 collègues, ce professeur du lycée Paul-Sérusier, à Carhaix, était présent, ce jeudi, à Quimper, pour crier sa colère. Et exprimer sa lassitude face à un système qui, selon lui, répète depuis plusieurs années les mêmes travers : « Ça fait un bout de temps que c’est toujours la même chose : notre ministre fait de grandes annonces mais ensuite, aucun cadre légal n’est décidé, ni aucun budget. Ce n’est plus possible. »

Les propos de la ministre Amélie Oudéa-Castéra sur l’école publique cristallisent une partie des tensions.
Les propos de la ministre Amélie Oudéa-Castéra sur l’école publique cristallisent une partie des tensions. (Le Télégramme/Laura Ayad)

Une réforme du lycée pro qui ne passe pas

Les raisons de la grève de ce jeudi 1er février dans l’Éducation sont plurielles. Bertrand, professeur au lycée Laennec, à Pont-l’Abbé, a rejoint le cortège quimpérois pour s’opposer à la réforme du baccalauréat professionnel. Présentée en mai 2023 par Emmanuel Macron, cette dernière a pour but de renforcer les liens entre les élèves de terminal et le monde de l’entreprise en renforçant les périodes de stage et en rendant optionnels certains cours théoriques. Une proposition totalement « délétère », pour l’enseignant bigouden : « Au total, la réforme va supprimer 7 % des heures de cours des élèves. C’est trop ! L’idée, c’est soi-disant d’aider les élèves en lycée professionnel à s’épanouir. Mais je ne vois pas en quoi supprimer des heures de cours va dans ce sens. »

À lire sur le sujet Réforme du lycée professionnel : une allocation versée aux élèves dès début 2024

Un discours qui rejoint celui d’Iwan, professeur au lycée Pierre-Guéguen de Concarneau, en filière professionnelle : « C’est une réforme qui progressivement nous aligne sur les conditions de l’alternance, puisque le nombre d’heures de cours dispensés ne cesse de diminuer au profit des heures en entreprises… C’est mortifère. »

Dans le cortège, plusieurs enseignants ont fait part de leur opposition au projet d’instaurer des groupes de niveau au collège.
Dans le cortège, plusieurs enseignants ont fait part de leur opposition au projet d’instaurer des groupes de niveau au collège. (Le Télégramme/Laura Ayad)

Vers un tri des élèves ?

Mais la réforme du lycée professionnel n’est pas la seule dans le viseur de l’enseignant concarnois : la réforme du collège dite « choc des savoirs », qui prévoit la mise en place de groupes de niveaux en français et mathématiques, était elle aussi sur toutes les lèvres : « C’est une mesure totalement discriminante. Ça va simplement aboutir au regroupement des élèves en difficulté dans les mêmes classes alors que les études montrent que ce genre de mesures sont en réalité au bénéfice des élèves les plus performants. »

À côté de lui, Solenn, professeur au collège Max-Jacob, à Quimper, approuve : « Moi, j’enseigne dans un collège en zone d’éducation prioritaire : je peux vous assurer que c’est le mélange qui fait progresser. Et puis, pour les professeurs de français et de maths, ça veut dire qu’ils n’enseigneront plus qu’à des bouts de classe… Dans ces conditions, beaucoup de mes collègues se demandent s’ils ne vont pas changer de métier. »

Alicia, élève en première au Likès, a apporté son soutien au corps enseignant : « Il n’y a pas eu de réponse aux vrais problèmes de l’Éducation nationale puisque les vrais problèmes sont passés sous silence. »
Alicia, élève en première au Likès, a apporté son soutien au corps enseignant : « Il n’y a pas eu de réponse aux vrais problèmes de l’Éducation nationale puisque les vrais problèmes sont passés sous silence. » (Le Télégramme/Laura Ayad)

Quid de la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, dont les propos ont plusieurs fois fait polémique ? « C’est sûr, ça participe à notre mobilisation, confirme Iwan. Le fait qu’elle ait inscrit ses enfants à l’école privée, qu’elle ait menti… On est inquiets quant à sa capacité à réellement défendre l’école publique. »

Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper-29000/a-quimper-les-enseignants-disent-leur-ras-le-bol-certains-collegues-hesitent-a-changer-de-metier-6517400.php

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