À Rennes, la lutte de ces mères, seules contre l’isolement et les inégalités. ( LT.fr – 02/05/23 )

À Rennes, une antenne de la Collective des mères isolées lance des groupes de parole pour toutes les mères qui « se retrouvent dans le terme isolé ». (Photo d’illustration)
À Rennes, une antenne de la Collective des mères isolées lance des groupes de parole pour toutes les mères qui « se retrouvent dans le terme isolé ». (Photo d’illustration) (Collective des Mères Isolées de Rennes)

Féministes, lassées des inégalités, ces Rennaises lancent une antenne locale de la Collective des mères isolées. Objectif : lutter pour la valorisation de leur statut, tout en offrant un espace bienveillant à ces mères qui, comme elles, peuvent être en souffrance.

Mères à garde partagée, celles qui n’ont peu ou pas de lien avec le père, d’autres dont l’enfant est né par PMA solo… En 2020, selon l’Insee, la France comptait 24,7 % de familles monoparentales, dont 82 % sont portées par les mères. À Rennes, une dizaine d’entre elles développent, depuis peu, une antenne de la Collective des mères isolées. Leur objectif ? Œuvrer à faire reconnaître les mères isolées, et donner autant de valeur à leur statut qu’à celui du couple.

« On essaie de lancer une dynamique depuis 2020 », explique Marie, référente de la CMI de Rennes. Pour l’heure dépendante de Montreuil, où l’initiative s’est lancée, elle réfléchit son modèle pour basculer sur une cellule indépendante, telle que Nous Toutes 35. À l’instar de cette dernière, leur Collective est résolument féministe. « C’est bien sûr une question genrée. C’est une double peine d’être une femme et d’être parent isolé », assure Marie. « C’est important d’être dans la vision féministe, mais on attend de voir les attentes des mamans, car le côté militant peut effrayer ».

Mères isolées confrontées aux inégalités

D’autres auront poussé la porte de la Collective grâce à cet éveil féministe. C’est le cas de Lucie, une des trois mamans impliquées depuis les débuts de la CMI. « En devenant mère, le féminisme a éclos. J’ai pris en pleine face les inégalités subies par les femmes. Non pas que je n’en ai pas été victime avant, mais je les avais intégrées », explique-t-elle. Il y a, par exemple, la discrimination à l’emploi, d’abord en tant que mère, puis mère célibataire. « Il y a encore beaucoup de difficulté à intégrer les réalités des parents solos dans la vie professionnelle », soupire-t-elle. Ce n’est pourtant qu’après une décision du juge des familles sur sa co-parentalité, passée en 2020, « un moment très violent », qu’elle prend contact avec les mères isolées de Montreuil.

Où sont ces femmes qui vivent les mêmes choses que moi, qui ont les mêmes souffrances ?

Seule, cette mère de jumelles a passé des heures à décortiquer les dispositifs, financiers, administratifs ou culturels, qui pouvaient l’aider à sortir de l’isolement. « C’est un travail de prendre conscience que la situation peut trouver des réponses, que ce n’est pas une honte d’être mère isolée, qu’il y a des violences banalisées », énumère-t-elle. S’enregistrer comme parent isolé, trouver des soutiens alors qu’on bascule dans la précarité… Tant de nouvelles pédagogies, acquises, qui peuvent être transmises à d’autres mères dans son cas. « Je le savais, ce n’était pas possible d’être la seule », soupire Lucie. « Où sont ces femmes qui vivent les mêmes choses que moi, qui ont les mêmes souffrances ? »

Groupes de parole et temps militants

À Rennes, la Collective espère former une vraie communauté. « On en est encore au balbutiement », confie la mère des jumelles. « Ce n’est pas simple, parce qu’on est sur un public forcément très isolé, et qui manque de confiance », précise Marie. La CMI s’inspirera, par exemple, des groupes de parole organisés par Parents & Féministes pour proposer leur propre temps de parole. « On s’est rendu compte que c’était important d’en parler entre mères isolées, on veut proposer des espaces bienveillants pour vider son sac », explique la référente. « Trouver la CMI, ça m’a aidé aussi. Je pouvais échanger avec des personnes dans la même situation que moi, et c’est se rendre compte que non, je ne suis pas complètement folle, c’est très difficile ».

S’y ajoutent des temps plus informels, comme des apéros, pour « apprendre à se connaître, s’épauler », en parallèle des moments militants. « Tout le monde n’est pas obligé de s’impliquer dans les débats politiques », rassure Marie. « Cela dit, du point de vue que j’en ai, tout le monde dans la Collective est au clair et en accord avec les principes féministes. On est sur une diversité de profils, mais c’est intéressant d’en débattre ». Toutes les mères, qui « se retrouvent dans le terme isolé », sont ainsi la bienvenue à la CMI, qui organise le 17 mai prochain son premier groupe de parole, au Ty Blosne, à Rennes.

Auteur : Elissa Abou Merhi

Source : À Rennes, la lutte de ces mères, seules contre l’isolement et les inégalités – Comment ces parents rennais luttent contre l’isolement – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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