À Rennes, le blocage du ramassage des poubelles tient toujours. ( LT.fr – 29/03/23)

Depuis plus de quinze jours, des syndiqués et des bénévoles se relaient pour tenir le blocage de deux dépôts de camions poubelles de Rennes Métropole.
Depuis plus de quinze jours, des syndiqués et des bénévoles se relaient pour tenir le blocage de deux dépôts de camions poubelles de Rennes Métropole. (Le Télégramme)

Depuis plus de deux semaines, les camions poubelles sont bloqués jour et nuit par des militants opposés à la réforme des retraites. Pour combien de temps ? La Métropole « étudie toutes les hypothèses ».

Autour du bidon rouillé où le feu crépite, ils se relaient tous les jours, nuits et week-end compris. Depuis le lundi 13 mars, des syndicalistes et des bénévoles bloquent les deux dépôts de camions poubelles de Suez, entreprise chargée du ramassage des déchets des particuliers sur la métropole de Rennes. Situés à Pacé et Chartres-de-Bretagne, ces sites sont le point de départ des 70 tournées quotidiennes assurées d’ordinaire par les éboueurs.

Seules 10 ont lieu chaque jour. Le résultat de cette action, organisée dans le cadre du mouvement contre la réforme des retraites, est particulièrement visible : les poubelles s’entassent dans les rues de Rennes comme des autres communes de l’agglomération. De quoi faire grincer des dents chez les habitants, devant l’accumulation des sacs, parfois éventrés et particulièrement odorants. Certains s’inquiètent aussi du risque sanitaire.

Depuis plus de quinze jours, des syndiqués et des bénévoles se relaient pour tenir le blocage de deux dépôts de camions-poubelles de Rennes Méropole.
Les personnes mobilisées ont tenté un calcul du nombre de tonnes de déchets non ramassées à Rennes grâce à leurs actions. (Le Télégramme)

Peut-on parler de grève des éboueurs à Rennes ?

Alex, syndicaliste chez Sud, assume. « Les gens protestent en disant qu’ils vont attraper des maladies mais ils l’oublient : c’est ce que les éboueurs risquent chaque jour dans leur travail. » D’autant, poursuit-il, qu’eux aussi seront impactés par le report de l’âge légal de départ à la retraite de deux ans (de 57 à 59 ans pour les éboueurs du public, de 62 à 64 pour ceux du privé, d’après la CGT).

Différence avec les éboueurs municipaux parisiens qui ont suspendu leur mouvement mardi : d’après une source interne à l’entreprise, les employés ne seraient pas eux-mêmes en grève à cette heure, bénéficiant toujours de la paie. Mais ils seraient prêts à s’y mettre en cas de levée des blocages, auxquels ils n’ont légalement pas le droit de participer, selon cette même source. Les « piquets » sont donc tenus par des personnes extérieures. Une sorte de grève par procuration ? Contactée, la direction n’a pas souhaité commenter ces éléments.

« Une solidarité impressionnante »

« Sur le site, en tout cas, ça se passe bien », affirme Stéphane Morandeau, syndicaliste dans la fonction publique. Lequel précise qu’il s’agit d’un barrage filtrant : les mécaniciens peuvent toujours entrer pour entretenir les camions, tout comme les cadres. Ces derniers passent donc chaque jour devant les deux campements qui ont pris de l’ampleur au fil des jours. Des tonnelles ont été montées, sous lesquelles sont stockés la nourriture et le matériel en tous genres amenés par des sympathisants du mouvement. À Pacé, des toilettes sèches ont même été installées.

Depuis plus de quinze jours, des syndiqués et des bénévoles se relaient pour tenir le blocage de deux dépôts de camions-poubelles de Rennes Méropole.
Sandrine et Alex, sur le site de Suez à Chartres-de-Bretagne, viennent régulièrement tenir le blocage. (Le Télégramme)

Projections de film, assemblées générales et même concert, ce mercredi soir, à Pacé… Les évènements se multiplient aussi sur les deux sites. « Tout cela créé beaucoup de liens, on échange sur nos idées, sur nos visions », témoigne Sandrine, sur le site de Chartres-de-Bretagne. À Pacé, Magali, mobilisée depuis les premiers jours, souligne quant à elle « l’impressionnante solidarité des gens, dont certains viennent nous soutenir car ils ne peuvent pas faire grève eux-mêmes. »

La Métropole « étudie toutes les hypothèses »

Chaque jour, plus de 450 tonnes de déchets sont produites sur la métropole. Grâce aux quelques camions qui ont pu échapper aux blocages, la Métropole traite les sites publics les plus producteurs de détritus (Ehpad, crèches, écoles)… Les communes, quant à elles, mobilisent leur service propreté pour ramasser les plus gros amoncellements. D’où une situation moins impressionnante qu’à Paris, selon la Métropole. Mais combien de temps le système D tiendra-t-il ?

Au début du blocage, la Métropole expliquait que l’Agence régionale de santé (l’ARS) fixait le seuil sanitaire critique à quinze jours sans ramassage. Le délai maintenant dépassé, quels sont les risques ? L’ARS n’a pas retourné nos sollicitations. Du côté de la Métropole, on indique que « toutes les hypothèses sont aujourd’hui sur la table ». Sans préciser si elle comptait demander l’intervention des forces de l’ordre pour lever les blocages.

Auteur : Romain Roux

Source : À Rennes, le blocage du ramassage des poubelles tient toujours – Rennes – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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