À Vannes, « on se sent tellement dénigrés », dénonce un médecin gréviste (LT.fr-13/02/23)

Quelques-uns des médecins grévistes du pays de Vannes, le 2 décembre, à la sortie de leur opération collective de don du sang, à Theix-Noyalo.
Il fera partie de la cohorte des médecins grévistes, mardi 14 février. Le généraliste vannetais Emmanuel David, membre du Comité d’organisation de la défense du territoire de santé du pays de Vannes, revient sur cette mobilisation inédite.

Quelle est l’ampleur de votre mobilisation dans le pays de Vannes ?

On a créé un Comité d’organisation de la défense du territoire de santé du pays de Vannes (CODTS) qui, globalement, est dans la ligne de Médecins pour demain, le mouvement venu de la base. Notre groupe WhatsApp compte plus de 90 membres, dont certains viennent de plus loin, de Muzillac, Auray, Pluneret, Quiberon, et même Lorient.

1,50 € d’augmentation de la consultation, des montants supérieurs pour les médecins qui prendraient plus de patients, assureraient des gardes et ouvriraient le samedi… Que pensez-vous des propositions de la Cnam ?

On a l’impression qu’il n’y a pas de dialogue. Ces propositions ont coalisé toute la profession – le mouvement de la base, tous les syndicats et maintenant les internes et le conseil de l’ordre. Les 26,50 €, on a pris ça comme une claque. On se sent tellement dénigrés. Ça fait 6 % d’augmentation, moins que l’inflation. On ne peut pas compter là-dessus pour embaucher du personnel administratif, or le travail administratif représente un tiers de notre boulot. Les généralistes font déjà 55 heures par semaine et plus de 40 % ont fait un burn-out. ?

À 35 ans, vous êtes médecin depuis 2016. Qu’est-ce qui a changé en six ans ?

En 2016, je voyais déjà des dysfonctionnements. Mais là, ça atteint des sommets. Les scanners, il faut faire la danse du ventre pour les avoir, les mammographies, c’est un an d’attente à Vannes. Quand j’étais remplaçant, on appelait, on obtenait une échographie dans la journée. Aujourd’hui, ça nous rajoute du temps de coups de téléphone, ça rallonge les délais pour les patients. Et étant donné le manque de lits, on est confronté à des situations gériatriques extrêmement compliquées, on doit gérer ça en ville.

De plus en plus de médecins parlent de se déconventionner pour ne plus dépendre de la caisse d’assurance maladie. Vous y pensez aussi ?

Je travaille dans un quartier, Ménimur, où il serait très compliqué être déconventionné. En tout cas, le déconventionnement va pouvoir peser dans les négociations avec la Sécu, qui dit officiellement que ce serait irresponsable. À moins que ce soit son but ultime ! Politiquement, c’est très dur à assumer pour eux, mais une vague de médecins déconventionnés, ça ferait ça de moins de remboursements de consultations.

source: https://lherminerouge.fr/wp-admin/post.php?post=13049&action=edit

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