Accès à l’IVG : face aux signalements de militantes, le CHU de Brest va revoir sa copie. ( OF.fr – 08/01/23 )

Le CHU de Brest a monté un groupe de travail pour élaborer un protocole et proposé des IVG instrumentales sous anesthésie locale en 2023.
Le CHU de Brest a monté un groupe de travail pour élaborer un protocole et proposé des IVG instrumentales sous anesthésie locale en 2023.

Malgré les recommandations de la Haute autorité de santé, l’hôpital de Brest (Finistère) ne propose que des interruptions volontaires de grossesse (IVG) instrumentales sous anesthésie générale, pas locale. Alerté sur ce point par des militantes du Planning familial, le service de gynécologie a monté un groupe de travail pour rectifier le tir.


Près de cinquante ans après la loi Veil, l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) reste perfectible. Notamment dans les choix de méthodes proposées aux patientes. Selon les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), les établissements hospitaliers doivent soumettre deux techniques aux femmes souhaitant interrompre leur grossesse. L’IVG médicamenteuse, pratiquée jusqu’à la 7e semaine de grossesse, ou l’IVG instrumentale (aspiration de l’œuf), possible jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Cette dernière consiste en une hospitalisation et devrait, toujours selon la HAS, pouvoir se dérouler au choix sous anesthésie locale ou générale.

« Les femmes doivent avoir le choix »

Or, à ce jour, « les IVG instrumentales sous anesthésie locale sont une méthode rarement, voire pas du tout, utilisée », pointe l’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne dans une synthèse rendue en septembre 2019. Pour cause, peu d’hôpitaux offrent cette option. Y compris les plus grandes structures, comme le centre hospitalier (CHRU) de Brest, qui ne propose qu’une anesthésie générale ou une rachianesthésie (anesthésie de la partie inférieure du corps). Une situation qui ne satisfait pas les militantes du Planning familial de Brest (Finistère), pour qui « les femmes doivent avoir le choix ».

D’autant que l’anesthésie locale, moins lourde, « peut aider à préserver la confidentialité », souligne Solenn, qui intervient bénévolement dans l’association. Elle prend l’exemple d’une mineure récemment contrainte d’avertir ses parents de son avortement, « car elle devait passer la nuit à l’hôpital après l’opération » sous anesthésie générale, qui engendre une période de réveil plus longue.

Canaliser la douleur

Averti du problème, le chef du service de gynécologie du CHU de Brest a fini par recevoir trois militantes du Planning familial, le 7 novembre 2022. « Ça nous a fait réfléchir », reconnaît le professeur Philippe Merviel. Sa réticence à proposer une anesthésie locale s’explique par le risque de douleurs avant et après l’opération : « C’est dur de canaliser la douleur dans l’intégralité de l’utérus », relève-t-il. Mais force est de constater que, dans les structures qui pratiquent les deux techniques, comme au CHU de Rennes, une majorité d’IVG instrumentales se pratiquent désormais sous anesthésie locale.

Premier trimestre 2023

La démarche a payé puisque le CHU de Brest a mis en place un groupe de travail dédié, avec pour but d’élaborer un protocole. Notamment en se basant sur les retours d’expériences d’autres établissements hospitaliers. Les IVG sous anesthésie locale devraient être proposées aux patientes du CHU brestois « courant premier trimestre 2023 », précise le Dr Merviel. Et d’ajouter : « On va impérativement faire une étude de l’EVA (échelle visuelle analogique, une technique d’autoévaluation de la douleur, N.D.L.R.) pour avoir des retours. Le but n’est pas de créer une douleur chez la patiente. »

Les militantes du Planning familial de Brest se disent « ravies » de l’initiative, dont elles attendent la concrétisation. Leur prochain cheval de bataille ? L’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution. Deux des quatre sénateurs du Finistère ont voté contre lors d’une première lecture le 19 octobre 2022. « On va les rencontrer, on espère pouvoir les faire changer d’avis », sourient-elles.

Auteur : Julia TOUSSAINT.

Source : Accès à l’IVG : face aux signalements de militantes, le CHU de Brest va revoir sa copie (ouest-france.fr)

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