Accident au méthaniseur de Châteaulin : un procès en correctionnelle attendu (LT.fr-13/10/22-

La centrale biogaz de Châteaulin avait connu une succession de défaillances en août 2020, entraînant notamment un rejet de digestat dans un bassin de rétention d’eau situé à proximité
Dans la nuit du 17 au 18 août 2020, une importante fuite du méthaniseur de Châteaulin (29) avait rendu impropre à la consommation l’eau du robinet pour les habitants d’une cinquantaine de communes. Un procès public est prévu le 9 mars 2023 contre Engie, le propriétaire du site.

Il y a un peu plus de deux ans, une importante pollution de l’Aulne avait privé 180 000 personnes d’accès à l’eau potable. 50 communes du territoire de Châteaulin et Quimper avaient été impactées pendant plus de trois jours. En cause : de graves manquements au sein de l’usine de méthanisation de Châteaulin qui avaient conduit à une fuite de 400 m3 de digestats (résidus issus de la méthanisation des déchets organiques) dans le milieu naturel.

Dans un rapport, rendu public, en novembre 2021, par les journalistes de Cash investigation, l’État et la Direction régionale de l’environnement relevaient « un dysfonctionnement des capteurs de détection, une présence humaine insuffisante dans les installations, un défaut de conception et une maintenance et les essais périodiques des systèmes oubliés ». Document qui n’avait pas été fourni aux élus, malgré leurs relances.

Depuis les faits, des travaux de mise en conformité ont été réalisés dans l’usine qui a repris son activité.

Plusieurs dépôts de plaintes

Dans les jours qui ont suivi cette pollution, la commune de Châteaulin et la communauté de communes Pleyben-Châteaulin-Porzay (CCPCP) avaient déposé plainte, de même que le Syndicat mixte de l’Aulne (SMA) qui gère l’approvisionnement en eau potable du territoire, contre le propriétaire de l’usine, Engie.

La CLCV et l’association de protection de l’environnement Eau et rivières de Bretagne avaient fait de même. Dans un communiqué sur leur site internet, cette dernière signale qu’enfin, « grâce à la pugnacité du juriste d’Eau et rivières, un procès va pouvoir se tenir en correctionnelle, avec une audience et des débats contradictoires, ce qui est loin d’être le cas de nombreuses affaires de pollution ».

« C’est une première victoire pour notre association, nous ne sommes pas ici dans une procédure à la sauvette, fini la justice au rabais pour les pollueurs, ajoute Arnaud Clugery, directeur et porte-parole d’Eau et rivières. C’est le procès du risque industriel qu’on fait courir à nos rivières ».

Le procès devrait se tenir le 9 mars 2023 et porter sur plusieurs délits, d’après le parquet de Quimper : « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou la mer » et « pollution par rejet en eau douce de substances nuisibles au poisson ». Engie n’aurait pas non plus respecté « les mesures prescrites par l’arrêté pour la protection de l’environnement ». Le groupe risque, notamment, une amende pouvant atteindre 375 000 €.

Contacté Jacques Gouérou, président du SMA et vice-président de la CCPCP chargé de la gestion et de la qualité de l’eau, qui découvre la procédure à venir, se réjouit de la nouvelle : « Au vu des conséquences de cette pollution, c’est normal que ça passe en audience publique ».

Gaëlle Nicolas, maire de Châteaulin et présidente de la communauté de communes, se dit également satisfaite du changement d’avis du parquet de Quimper. « J’avais écrit au procureur, en février 2022, regrettant le choix de la composition pénale et formulant le souhait que l’affaire soit examinée en audience classique. Je n’avais pas eu de réponse ».

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/chateaulin/accident-au-methaniseur-de-chateaulin-un-proces-en-correctionnelle-attendu-13-10-2022-13198993.php

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