Par Julia TOUSSAINT
Julien Fléchet, 21 ans, se trouve dans une situation ubuesque. Ce jeune athlète de windsurf, étudiant à Brest (Finistère), a été admis au concours pour devenir enseignant d’éducation physique et sportive. Après un méli-mélo administratif, lié à son statut de sportif de haut niveau, son nom a été rayé de la liste des professeurs.
Julien Fléchet, 21 ans, est une étoile montante du windsurf. Le jeune homme pratique la planche à voile depuis le plus jeune âge et s’illustre aujourd’hui sur le circuit mondial. Mais il le sait, une carrière de sportif est éphémère. En septembre 2022, il s’est donc inscrit à l’Université de Bretagne occidentale (UBO), à Brest (Finistère), dans l’optique de passer le concours pour devenir professeur d’éducation physique et sportive (EPS) en collège et lycée.
En temps normal, ce concours n’est ouvert qu’aux étudiants ayant déjà validé un Master 2. Mais le statut de sportif de haut niveau permet d’obtenir une dispense de diplôme, et dès le Master 1. Julien Fléchet s’était donc fixé un objectif : décrocher le concours dès sa première année de master. « C’était un petit challenge personnel » , décrit le sportif.
« J’ai mis ma carrière sportive entre parenthèses »
Seulement voilà, une ambiguïté a persisté tout au long de son année scolaire, à propos de son statut « Espoir ». Cette catégorie – réservée aux jeunes sportifs – est-elle considérée comme « sportif de haut niveau » dans le cadre du concours ? Selon un inspecteur de l’éducation nationale sollicité par l’étudiant, dès janvier 2023, la réponse était oui. Mail à l’appui. « Il m’a donné le feu vert, je me suis donc mis à fond dans les révisions. J’ai mis ma carrière sportive entre parenthèses » , raconte Julien Fléchet.
Pour passer ses épreuves écrites en mars, le planchiste a manqué trois étapes de coupe du monde. Un choix assumé : « Je suis revenu sur mes engagements avec mes sponsors. Mais je voulais vraiment passer le concours cette année, pour me consacrer pleinement à l’entraînement sportif durant mon année de Master 2 » , justifie-t-il.
Admis aux oraux
Arrivent les épreuves orales, en juin. Deux semaines avant le jour J, le jeune homme reçoit un mail expliquant que son statut « Espoir » n’était pas valable pour justifier une dispense de diplôme, et qu’il ne pouvait donc pas s’inscrire au concours. « À quinze jours des oraux ! » Mais il reçoit finalement sa convocation, et décide de se présenter devant le jury.
Le 7 juillet, jour de la publication des résultats, son nom figure bien sur la liste d’admission du Capes (certificat d’aptitude au professorat du second degré). « J’ai ma fiche de résultat, mes notes, le tampon du jury qui me classe “Admis” » , liste-t-il à propos du document que Ouest-France a pu consulter.
Mais le 13 juillet, alors qu’il n’a « reçu aucun message du rectorat », son nom disparaît de cette fameuse liste. « J’étais en compétition de windsurf au Maroc quand j’ai vu ça. Pendant deux semaines, j’ai appelé tous les jours le rectorat. Je n’ai jamais eu de mail officiel, ni de réponse. Et là, toujours aucune nouvelle. »
« Je n’ai pas eu de passe-droit »
Julien Fléchet insiste, il ne « conteste pas les conditions d’admissions du concours ». Seulement le flou persistant sur sa situation et l’erreur de l’inspecteur général, qui lui a affirmé qu’il pouvait passer les épreuves sans avoir validé de Master 2.
L’étudiant a engagé un recours auprès du tribunal administratif, avec l’aide d’un avocat, dans l’espoir de garder le bénéfice de son concours et ne pas avoir à le repasser l’an prochain. « Je n’ai pas eu de passe-droit, j’ai passé le même concours que tout le monde et j’ai été admis… » , conclut-il.
Contactés, le rectorat et l’UBO n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
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