Agriculture bio. 60 millions d’euros, une aide « largement insuffisante » selon les exploitants (OF.fr-11/08/23)

Rachel Perez, agricultrice bio installée à Plessé estime entre 3 000 et 5 000 euros de pertes en chiffre d’affaires pour l’année 2022| PHOTO PRESSE OCÉAN – SIMON TORLOTIN

Par Lorela PRIFTI (Presse Océan)

Annoncé en mai 2023, le plan d’aide de 60 millions d’euros aux exploitations biologiques a été validé par la Commission européenne. Même si elle est la bienvenue, selon les agriculteurs, l’aide sera insuffisante pour combler les pertes de la crise du bio.

 Quand on entend tous les Biocoops qui ferment ça veut dire qu’on n’a plus le choix sur ce que l’on achète. Ça a des conséquences directes sur le consommateur aussi , explique Rachel Perez, agricultrice bio installée à Plessé (Loire-Atlantique). Faisant partie d’un Gaec, l’agricultrice estime les pertes en chiffre d’affaires pour l’année 2022 de son associé installée depuis 30 ans, entre 3 000 et 5 000 euros.  Moi, je me suis installée le 1 er mars 2023 et le 30 mars j’étais devant la préfecture en manif’pour le bio. C’est un contexte délicat. 

« C’est mieux que rien mais c’est largement insuffisant face à la crise que rencontre la filière »

Le marché bio connaît une crise depuis 2019 et les tendances de consommation, influencées par le contexte économique actuel s’éloignent de ce type de produits.

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Pour venir à l’aide à la filière, le ministère de l’Agriculture a annoncé le renforcement du plan de soutien. Objectif : soutenir les exploitants frappés par la crise actuelle de consommation de produits biologiques. Une enveloppe de 60 millions d’euros vient donc compléter le fonds d’urgence de 10 millions d’euros annoncé par la Première ministre le 27 février dernier au Salon de l’agriculture.

Malgré le nouveau dispositif, les agriculteurs ne semblent pas convaincus.  C’est mieux que rien mais c’est largement insuffisant face à la crise que rencontre la filière , ajoute Rachel Perez.  Je pense que c’est l’agriculture en général qui ne va pas bien de toute manière. Mais on ne perd pas d’espoir, on fait ce qu’on peut pour relancer la machine à notre échelle territoriale. 

Sur le premier fonds d’aide d’urgence, le Gab 44 (Groupement des agriculteurs biologiques de Loire-Atlantique) compte 200 dossiers déposés par les groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec). Seulement 67 agriculteurs ont bénéficié des aides de l’État.  Ça a été une année très compliquée avec une certaine baisse de consommation de la part des ménages. L’aide ne suffira pas , fait savoir Céline Girault, présidente du Gab 44.

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Résoudre la crise du bio

L’un des enjeux qui contribue à la crise de la consommation des produits issus de l’agriculture biologique semble être la multitude des labels trouvables sur une grande partie des produits.  Je pense qu’il y a tellement de produits et de labels que les gens sont noyés dans tout ça , affirme Rachel Perez.  Il faut qu’on régule tous ces labels qui font croire qu’il y a des pratiques vertueuses derrière mais qui en fait sont fallacieux pour les consommateurs. 

La présidente du Gab 44 ajoute :  Il y a aussi une grosse confusion de la part des consommateurs sur les termes local et bio. Local ne veut pas nécessairement dire bio. 

L’agriculture bio se veut respectueuse de l’environnement et de la biodiversité alors que dans les agricultures dites conventionnelles, on peut y trouver des pesticides, ou encore, les conditions de vie des animaux peuvent ne pas être respectées.  Finalement, même si on achète moins cher, un produit conventionnel on continue à le payer avec nos impôts… sur le coût de traitement de l’eau, etc. Il est impératif d’aller vers le bio , conclut Céline Girault.

Baisse accrue de l’attractivité

Chiffres clés. Après une période de forte croissance des achats de produits issus de l’agriculture biologique, le marché a montré les premiers signes de ralentissement en 2019, avant la crise sanitaire. Les chiffres confirment l’accélération de la tendance baissière d’attractivité pour ces produits au cours du 1er trimestre 2023. Les achats reculent de 9,6 % en volume et – 2,6 % en valeur par rapport à la même période en 2022. Pourtant le nombre des exploitations continue de progresser chaque année. En Loire-Atlantique, 24.9 % des fermes du département sont engagées en bio en 2022. Cela représente 22,1 % de la surface agricole, soit 2 648 ha plus qu’en 2021. Parmi les pistes de réflexion sur l’origine du recul des achats bio, selon une étude publiée sur FranceAgriMer, on peut mentionner le coût élevé des produits, amplifié par le contexte inflationniste actuel et l’abandon du bio pour le local.

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Critère :il faut être à 100 % en bio

Procédures administratives. Être à 100 % en bio. L’aide est fondée sur la prise en charge de (maximum) 50 % d’excédent brut d’exploitation (EBE) des fermes spécialisées « 100 % en agriculture biologique ». Le montant minimum de l’aide attribuée sera de 1 000 €. Dans le document relatif au dossier, les autorités concernées spécifient qu’« aucune aide ne sera versée si le montant éligible n’atteint pas ce seuil ». La demande dématérialisée se fait en ligne sur la Plateforme d’acquisition de données (PAD) de FranceAgriMer. Le guichet de dépôt sera ouvert le 16 août et sera clôturé le 20 septembre. Après l’envoi de la demande, un accusé de dépôt sera envoyé en retour par mail après la validation du dossier. Aucune dérogation ne sera accordée après la clôture du téléservice. Toutes les informations sur les procédures, les dates et les critères d’éligibilité se trouvent sur le site de FranceAgriMer.

L’aide est fondée sur la prise en charge de (maximum) 50 % d’excédent brut d’exploitation (EBE) des fermes spécialisées « 100 % en agriculture biologique ». | PHOTO PRESSE OCÉAN-SIMON TORLOTIN

Le plan du soutien spécifique du ministère

F ace à la crise, l’agriculture biologique semble être dans le pétrin. Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire annonce la validation du dispositif de 60 millions d’euros par la Commission européenne.

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Cette enveloppe vient compléter le fonds d’urgence de 10 millions d’euros, ouvert en mars dernier, qui apportait une aide immédiate aux exploitations les plus en difficulté. La mise en place du dispositif, financé par le ministère de l’Agriculture, se fait dans l’objectif d’apporter un soutien aux agriculteurs bio frappés par la crise actuelle de consommation.

La mesure a été validée par les organismes européens en tant qu’aide d’État. Les bénéficiaires seront tous les exploitants certifiés an agriculture biologique, ou en conversion, qui ont subi une perte d’excédent brut d’exploitation d’au moins 20 % par rapport aux années 2018 et 2019.

Dans le cas où les demandes éligibles dépasseraient l’enveloppe de 60 millions d’euros, il est envisagé la mise en place d’un stabilisateur budgétaire.

Cette enveloppe vient compléter le fonds d’urgence de 10 millions d’euros, ouvert en mars dernier, qui apportait une aide immédiate aux exploitations les plus en difficulté. | PHOTO ARCHIVES CO-LAURENT COMBET

Un seul versement par demandeur

Pour faire la demande, les exploitants doivent compléter un formulaire en ligne et fournir les pièces jointes.

Le versement de l’aide est assuré par FranceAgriMer à la suite de la validation du dossier dématérialisé envoyé sur la plateforme d’acquisition de données.

 Il ne peut être pris qu’une seule demande par SIREN et il ne sera effectué qu’un seul versement par demandeur , précisent les autorités sur la décision mise en ligne sur le site de FranceAgriMer.

Chaque bénéficiaire recevra un courriel de notification du paiement.

Source: https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/agriculture-biologique/agriculture-bio-60-millions-deuros-une-aide-largement-insuffisante-selon-les-exploitants-a2632d20-3799-11ee-9be7-d35bbc52c6c9

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/agriculture-bio-60-millions-deuros-une-aide-largement-insuffisante-selon-les-exploitants-of-fr-11-08-23/

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