Délocalisé en Slovaquie, le service de paie d’Amazon multiplie les erreurs, plaçant les salariés français dans des situations inextricables.
C’est un scandale récurrent dénoncé par les syndicats, à propos duquel la direction d’Amazon ferme les yeux. Depuis plusieurs années, dans tous les entrepôts français, les travailleurs reçoivent régulièrement de Bratislava, en Slovaquie – où est délocalisé le service de paie de l’entreprise –, des virements bancaires et des bulletins de salaire erronés. Ces erreurs frappent tous les mois plusieurs salariés français, et les placent dans des situations difficiles.
Certains perçoivent 300 euros, d’autres 9 200 euros
Les uns reçoivent des paies faméliques de 300 ou 400 euros à la place de leur salaire, et doivent parfois souscrire un crédit à la consommation pour pouvoir payer leurs loyers et rembourser leurs emprunts, car la régularisation de leur paie prend généralement plusieurs mois. Tandis que d’autres, payés en temps normal un peu plus que le Smic, reçoivent des paies excédentaires de plusieurs milliers d’euros, allant parfois jusqu’à 9 200 euros. Ce deuxième cas de figure est tout aussi préoccupant pour les salariés, car Amazon refuse d’éditer de nouvelles fiches de paie et se contente de ne plus leur envoyer d’argent les mois suivants. Des employés ont donc perdu leur aide personnalisée au logement (APL) ou leur prime d’activité à cause de la négligence d’Amazon. Et ce, sans que l’entreprise ne présente ses excuses et ne compense financièrement les pertes financières pour les travailleurs.
« Cela fait des années que dure cette situation inacceptable, commente Alain Jeault, le délégué syndical central de la CGT Amazon France. Nous en sommes arrivés au point où nous étudions un recours aux prud’hommes, car la direction d’Amazon ne fait rien pour régler ce grave problème. » Selon plusieurs syndicalistes interrogés par l’Humanité, un travailleur Amazon de l’entrepôt de Lauwin-Planque aurait déjà été expulsé de son logement du fait des difficultés financières engendrées par une erreur sur sa fiche de paie.
Jean-Baptiste MALET