Ancien exploitant agricole, il se bat pour faire reconnaître son cancer en maladie professionnelle (OF.fr 19/10/2023)

« Une vie marquée par l’utilisation de pesticides », c’est ainsi que l’avocate de Pierre Le Roux a décrit le cas de cet ex exploitant agricole de 67 ans, atteint de deux cancers dont l’un n’est pas reconnu comme maladie professionnelle. Une audience s’est tenue ce jeudi 19 octobre 2023 au tribunal de Brest (Finistère).

Pierre Le Roux, atteint d’un cancer du rein et d’un cancer de la prostate, est soutenu par le Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest. À droite, le président du collectif Michel Besnard, lors d’une audience au tribunal de Brest. | OUEST-FRANCE

Si Pierre Le Roux se bat aujourd’hui devant la justice, c’est que l’implication des pesticides dans son état de santé n’est qu’à moitié reconnue. Ancien exploitant agricole à Guilers (Finistère), il a cultivé fraises et tomates sous serre pendant trente-neuf ans, sans savoir que les produits phytosanitaires qu’il pulvérisait allaient le rendre malade. À l’aube de la retraite, on lui a diagnostiqué deux cancers, à la prostate et au rein. Le premier a été reconnu comme maladie professionnelle, mais pas le second.

Le cancer du rein pas inscrit comme maladie professionnelle

« C’est une vie marquée par l’utilisation de pesticides », résume Me Baron, spécialisée en droit de l’environnement lors d’une audience au tribunal de Brest, ce jeudi 19 octobre 2023. Elle axe sa plaidoirie sur le cas particulier de la culture sous serre, qui revient à « épandre un cocktail de substances à la main, sous un couvercle, dans une atmosphère contaminée ». Aucun laps de temps n’était respecté après utilisation des pesticides : « les tomates étaient encore humides de produits » lorsque Pierre Le Roux revenait dans ses parcelles. À cela s’ajoute enfin la chaleur, qui dilate les pores et favorise la contamination cutanée.

Mais le cancer du rein n’est pas mentionné dans le tableau des maladies professionnelles, et c’est principalement pour cette raison que le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) n’a pas admis de « lien de causalité direct et essentiel » entre la tumeur de Pierre le Roux et son activité de ce maraîcher.

Les membres du collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest, Pierre Le Roux et son avocate Me Baron. | OUEST-FRANCE

« C’est un problème de société »

À la sortie de l’audience, celui-ci raconte avoir connu « les débuts de la culture de tomates, il n’y avait pas d’école pour apprendre à traiter les légumes ». Alors « on travaillait en tee-shirt » et « on bombardait », dépeint-il. Notamment du mancozèbe, un fongicide retiré du marché en 2020. « On ne connaissait pas les dangers et on a payé pour ça ». Pierre Le Roux semble solide, déterminé : « Je veux que mon cancer soit reconnu et indemnisé ». Mais il avoue y penser chaque jour, « c’est comme vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Est-ce que le cancer sera réversible ? ».

L’ex agriculteur de 67 ans est épaulé dans son combat par le collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’ouest, qui a déjà remporté 130 batailles devant la justice. « Au-delà de ce cas personnel, c’est un problème de société », insiste Michel Besnard, président du collectif. Une prochaine audience aura lieu le 21 décembre.

Auteur : Julia Toussaint

Source : Ancien exploitant agricole, il se bat pour faire reconnaître son cancer en maladie professionnelle (ouest-france.fr)

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