Citoyen d’honneur de la commune de Saint-Pol-de-Léon (Finistère) depuis 2019, Michel Thierry Atangana a passé dix-sept ans incarcéré pour des raisons politiques. Dans le livre à paraître, Survivre à l’injustice, il raconte sa « traversée de l’enfer ».
Je m’adresse à tous les abîmés de la vie.
Le livre à paraître de Michel Thierry Atangana est à destination des gens comme lui, ceux qui ont souffert, ceux qui ont été maltraités, ceux qui se reconnaissent dans le titre choisi par l’auteur : Survivre à l’injustice. Dans l’avant-propos, l’écrivain d’origine camerounaise se livre de manière intime. Au terme, résilience, communément employé, je préfère celui de longanimité, présent dans les textes sacrés. Il rend mieux compte de mon parcours.
Son livre est préfacé par Patrick Baudouin, président de la ligue des droits de l’homme.
17 ans de prison
Né à Yaoundé, Michel Thierry Atangana travaillait au Cameroun, comme expert financier à la tête d’un consortium d’entreprises. En 1997, accusé de soutenir Titus Edzoa, un opposant au gouvernement de l’époque, il est emprisonné. L’écrivain croupit en prison pendant dix-sept ans, dont cinq en isolement. Le 24 février 2014, son calvaire se termine enfin. Libre depuis dix ans, cette année, il n’a toujours pas été réhabilité par l’État camerounais et ses biens demeurent saisis.
Installé en France après sa libération, il devient citoyen d’honneur de Saint-Pol-de-Léon en 2019. Le 30 novembre 2021, il est reconnu comme victime de violences volontaires, ce qui lui permet d’accéder à une indemnisation. Cette année, il fêtera son soixantième anniversaire.
Si je prends la plume aujourd’hui, confie l’auteur, aujourd’hui français, ce n’est pas pour m’adresser uniquement à ceux qui sont accusés à tort mais à tous ceux qui, condamnés, se languissent dans une geôle insalubre et à leurs proches meurtris.
Une histoire universelle
Comment a-t-il survécu à son enfermement ? Comment a-t-il repris pied dans la vie quotidienne ? Comment se construit-il aujourd’hui, dix ans après sa libération ? J’ai tiré de ma traversée de l’enfer des leçons de vie concrètes, une stratégie de survie que je veux partager
, explique l’ancien prisonnier. Pour ce faire, Michel Thierry Atangana convoque les figures tutélaires qui l’ont accompagnées tout au long de sa vie. Nourrie de spiritualité et de valeurs humanistes, son histoire est universelle : c’est celle d’un homme déterminé à survivre.
J’ai risqué mille morts et j’aurais pu mille fois faire le choix de me supprimer. Mais j’ai tenu. Si ce miracle a un sens, c’est celui d’être partagé. J’estime qu’il m’était impossible de ne pas en faire récit, avec honnêteté et sans lamentation, dans l’objectif de servir à ceux qui cherchent une lumière.
, résume-t-il.
Michel Thierry ne tire aucune fierté d’être encore de ce monde. « Je n’ai pas non plus la prétention de devoir être écouté plus qu’un autre. En revanche, je ressens l’intensité de ma responsabilité. »
Survivre à l’injustice , éditions du Cherche Midi. 240 pages. Sortie le 28 mars 2024.
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