Après Fabien Roussel, Clémentine Autain … le cercle des amis de Cazeneuve s’élargit (IO.fr-3/05/23)

Par Daniel SHAPIRA

On connaissait le dialogue et les amitiés entre Bernard Cazeneuve et Fabien Roussel. Le ciment de cette connivence ce sont les mots de Fabien Roussel : « La Nupes est dépassée. » Et maintenant, c’est au tour de Clémentine Autain.

La députée LFI, à son tour, dialogue avec Bernard Cazeneuve. Dans le numéro du journal Politis daté du 26 avril, on lit un long – très long – entretien croisé entre eux.

Juste avant cet entretien, Clémentine Autain l’avait présenté ainsi : « Bernard Cazeneuve est un héritier de l’ère Hollande et j’ai des choses à lui dire. »

« Des choses à lui dire » ? Oh, bien sûr, Clémentine Autain dans cet entretien a manifesté certains désaccords avec la période Hollande. Encore heureux ! serait-on tenté de dire.

Mais dans quel cadre, dans quel but, cet entretien ?

Clémentine Autain, au détour d’une phrase, lâche le fond de sa pensée : « Je vois bien comme vous les enquêtes d’opinion, qui me préoccupent. Elles disent surtout l’urgence à affirmer, à dégager plus franchement une solution politique de notre côté. C’est l’union de la gauche et des écologistes qui peut ouvrir l’espoir. »

« De notre côté » ? Cazeneuve serait du côté des millions qui font grève et manifestent depuis trois mois ?

D’abord on ne peut oublier le passé récent de Cazeneuve : ministre de Hollande dès 2012, il devient ministre de l’Intérieur en 2014 puis Premier ministre fin 2016. Cazeneuve a surtout marqué son passage dans le quinquennat Hollande comme le ministre de la police qui a inventé les nasses policières, déversé des gaz lacrymogènes contre les manifestants, au point d’avoir été surnommé par ceux-ci « Gazneuve ». Et aujourd’hui, Cazeneuve cherche à rassembler contre la Nupes, et particulièrement contre LFI, tous les résidus de l’ère Hollande au point d’avoir appuyé dans l’Ariège une candidate dissidente soutenue par le RN, les Républicains et les macronistes contre la députée sortante LFI-Nupes.

La Nupes, une « impasse » ?

Pourquoi chercher à légitimer Cazeneuve en prétendant qu’il serait « de notre côté » ?

De son côté, Cazeneuve est très clair sur les raisons qui l’ont amené à accepter cet entretien : « Tout le monde comprend peu à peu que la Nupes ne dépassera pas, telle qu’elle est configurée, l’étiage ac-tuel. Et je ne suis pas le seul à le penser. Lorsque Fabien Roussel s’exprime comme il le fait, lorsque parfois, vous-même, vous dites votre différence, vous envoyez le signal que vous avez identifié le risque de l’impasse. »

« Le risque de l’impasse » ? Et Clémentine Autain ne répond pas à cette attaque contre la Nupes. Qui ne dit mot consent ?

Alors bien sûr, magnanime et grand seigneur, Cazeneuve reconnaît quelques erreurs, en tout cas une : « Je pense que le procès qui est fait au quinquennat de François Hollande est injuste, même si on doit reconnaître les erreurs qui ont été commises, à commencer par la déchéance de nationalité. » Pas trop difficile, puisque la proposition de la déchéance de la nationalité a été retirée et abandonnée par Hollande vu le tollé qu’elle avait suscitée.

Mais en revanche, fidèle au quinquennat dont il a été un pilier, Cazeneuve ne dit pas un mot sur l’essentiel : rien sur la loi Touraine qui a porté à 43 annuités la durée nécessaire pour avoir une retraite à taux plein, et rien sur la loi El Khomri de destruction du Code du travail qui a scellé la fin du quinquennat Hollande et son rejet par les masses au point qu’il n’a pas été en mesure de se représenter. Mais dans ce très très long entretien, Clémentine Autain ne trouve pas un moment pour évoquer les lois Touraine et El Khomri, pourtant symboles du quinquennat Hollande-Cazeneuve.

Et Cazeneuve, lui, ne lâche rien sur le fond : « Il faut qu’il y ait à gauche une alternative crédible, solide, responsable, qui garantisse à la fois la justice et le fonctionnement régulier des institutions. » Et plus loin : « Il faut rassembler les Français autour des valeurs de la gauche de gouvernement. »

« Une gauche de gouvernement garantissant le fonctionnement régulier des institutions », celles qui permettent à Macron, seul contre tous, de promulguer sa loi retraite.

Autain : « Je ne suis pas le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon »

Et Cazeneuve ne peut s’empêcher de reprendre les calomnies et insultes contre Jean-Luc Mélenchon : « Jean-Luc Mélenchon soutenait à l’époque Poutine, aux côtés de Bachar el-Assad, en croyant qu’il parviendrait à nous libérer de Daesh, alors qu’il aidait simplement un dictateur sanguinaire, à massacrer son propre peuple, en épargnant les terroristes. »

Cette charge, digne du ministre de la police qu’il fut, accuse donc Mélenchon d’avoir soutenu le massacre du peuple syrien et d’avoir épargné les terroristes ! Rien de moins.

Et que répond Clémentine Autain ? « Je ne suis pas la porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. »  Donc Cazeneuve peut salir et calomnier Jean-Luc Mélenchon, ça ne dérange pas Clémentine Autain.

Mais alors, si elle ne défend pas Mélenchon contre de telles attaques, de qui, de quoi Clémentine Autain est-elle la porte-parole ?

D’elle-même ? D’une alternative de gauche crédible et respectueuse des institutions ? Des deux à la fois ? En tout cas, pas de ce qu’incarne LFI, la rupture avec le système.

Daniel SHAPIRA

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2023/05/03/le-cercle-des-amis-de-cazeneuve-selargit/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/apres-fabien-roussel-clementine-autain-le-cercle-des-amis-de-cazeneuve-selargit-io-fr-3-05-23/

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