Au bord de l’Odet, à Langolen (Finistère), Romain Devois vient de s’installer comme éleveur de brebis. Pour ce jeune homme de 33 ans, originaire de Normandie, c’est un retour à la terre après avoir travaillé dans le nucléaire.
C’est ce qu’on peut appeler une reconversion atypique. À Langolen, dans le Finistère, Romain Devois a décidé de se lancer dans l’élevage de brebis après avoir travaillé dans le nucléaire. Et il ne regretterait ce choix pour rien au monde.
Berger, icône de la société urbanisée
Le berger fait partie des icônes de la société urbanisée. Il porte des valeurs de « naturalité », quelquefois bucoliques. Le métier d’éleveur de brebis d’aujourd’hui recouvre pourtant une autre réalité : celle d’hommes et de femmes en phase avec leur temps, modernes, entrepreneurs et dynamiques, garants d’une production de qualité.
En 2018, à 28 ans, Romain Devois a déjà travaillé durant six ans comme superviseur en raffineries et centrales nucléaires. Avec Mathilde, Normande comme lui, ils décident tous deux de tourner la page, « d’aller découvrir le monde ». Ce sera l’Asie et l’Australie. Le couple travaille pour vivre, ils découvrent l’agriculture australienne, des fermes XXL, où tout est démesuré (ils ont travaillé dans une ferme de 3 600 ha, avec un élevage de milliers de moutons).
Ils reviennent en France, font un peu de woofing (en échange de l’aide apportée dans les exploitations, ils bénéficiaient du gîte et du couvert). Pendant tout ce temps, un projet a mûri chez Romain : il va créer son élevage de brebis et produire ses fromages. En 2021, il obtient un diplôme au lycée agricole Le Gros chêne, à Pontivy, dans le Morbihan. Mais trouver des hectares de terres n’est pas facile, dans un contexte de pression foncière accrue.
20 hectares de terres en bio
L’opportunité viendra de la Cornouaille : il acquiert vingt hectares de terres déjà reconverties en bio, à Langolen, et dix autres à Elliant. « C’est une nouvelle vie au grand air, à parcourir les pâturages et à peaufiner mon projet, dans ce paysage magnifique où, ici, l’herbe est bien verte ! »
Il construit un bâtiment de 550 m², en charpente traditionnelle, pour accueillir la bergerie et la future fromagerie. Début janvier 2023, l’affaire se concrétise avec l’arrivée de 45 agnelles, à peine sevrées : « J’ai choisi des Lacaunes, connues pour leur bonne lactation, elles viennent de l’Aveyron. »
En début d’année 2024, Romain commencera l’agnelage (la mise bas), l’une des périodes les plus délicates dans la profession. Ce moment conditionnera également la suite de son projet. Une fois son agneau sevré, la brebis peut produire entre un à trois litres de lait par jour.
Production de fromages au printemps 2024 ?
Mais, avant l’hiver, la fromagerie est à construire, le matériel est livré et le nouveau Langolinois pense bâtir seul son atelier à fromages. Deux bassins de phytoépuration sont encore à réaliser pour l’assainissement (une technique naturelle pour traiter les eaux usées, en utilisant les propriétés biologiques des plantes, comme le roseau).
Avec la traite des brebis, la production de fromages devrait alors commencer au printemps 2024. « Mathilde travaille à l’extérieur, mais elle devrait pouvoir m’épauler un peu dans l’entreprise », confie-t-il.
Il promet « une production variée : de la tomme de brebis, des lactiques (petits fromages frais), des fromages à pâte molle (comme le Camembert de Normandie), des yaourts… Tous des produits 100 % naturels. La vente se fera sur les marchés et dans les magasins de producteurs ».
Dans moins d’un an donc, rendez-vous au Leuré pour goûter aux premières productions des brebis de Langolen.
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