Argentine : la bête relève la tête. (NBH – 14/08/23)

L’Argentine reste enferrée entre une inflation à deux chiffres depuis 12 ans (dernièrement 115 % sur an), une dette colossale auprès du FMI, une pauvreté à 40 %, et une monnaie, le peso, qui dévisse.

C’est dans ce contexte que se prépare l’élection présidentielle. 

Des primaires obligatoires qui font figure de premier tour de la présidentielle ont eu lieu dimanche 13 août. La participation est de 69 %, malgré le vote obligatoire, signe d’une désaffection croissante de l’électorat à l’égard des partis politiques. Un phénomène que l’on retrouve sur tous les continents.

Or c’est Javier Milei, un fasciste néolibéral, qui est arrivé en tête de cette “primaire” avec 30 % des voix. 

Il devance la droite dure, Patricia Bullrich, représentante de la haute bourgeoisie argentine, ex-ministre de l’intérieur où elle acquiert une image de mano dura avec sa gestion sauvage des manifestation sous la présidence de droite de Macri, 28 % des voix. Elle veut supprimer les aides sociales et mater les manifestations populaires. Le centre-gauche, avec Sergio Massa, actuel ministre de l’économie, obtient 27 %. Difficile de faire des pronostics, l’incertitude est totale. Pour ce qui est de son programme ce centriste aura du mal à mobiliser à gauche.

Voici un bref aperçu du programme néolibéral et fasciste de Milei : il dit vouloir supprimer à terme la Banque centrale, interdire l’avortement (légalisé en 2020), libéraliser la vente d’armes, et envisage d’ouvrir un marché de la vente d’organes. Oui vous avez bien lu. Privatisation et dérégulation sont les axes de ses propositions qu’il appelle “un plan tronçonneuse” pour les services publics. Cerise sur le gâteau pour, semble-t-il, de nombreux Argentins, il veut dégager “à coups de pied au cul la caste politique parasite“. Et bien sûr un couplet nationaliste sur l’Argentine dont il fera une “puissance à la grandeur retrouvée“. Argentina great again comme dirait Donald Trump.

Son parti s’appelle Libertad Avanza. 

Un journal de gauche argentin analyse cette nouvelle donne électorale : “les résultats confirment qu’une grande partie des électeurs font preuve d’enthousiasme face au politiquement incorrect peut-être parce que la politique les a traités de façon incorrecte”. Mais ils montrent aussi qu’une autre grande partie des électeurs ne votent pas – peut-être parce qu’ils se sentent abandonnés de tous.”

La droite est menacé par la percée de l’extrême-droite qui la déborde sur sa droite sur le plan économique et qui peut créer la surprise en s’attirant le soutien du grand capital. Surtout si l’électorat de gauche reste à la maison, déçu par la politique du successeur de Cristina Kirchner, Alberto Fernandez qui, impopulaire comme François Hollande, n’a pas pu se présenter à la présidentielle qui aura lieu en octobre.

Une situation compliquée pour tous les protagonistes mais surtout pour le peuple argentin qui subit une situation extrêmement difficile depuis de longues années. Même si le gouvernement de gauche venu au pouvoir à la suite d’une crise économique d’une grand ampleur est parvenu à améliorer certains aspects de la vie comme le système des retraites, le renationalisation du pétrole et l’arrêt de la privatisation sans contrôle de toute l’Argentine par la droite et sur les “conseils” du FMI. Cela avant l’exécutif Kirchner qui a été marqué par d’incontestables progrès sociaux et démocratiques. 

Le péronisme de gauche se caractérisa par un retour en force de l’Etat, des efforts pour consolider une bourgeoisie nationale, des programmes sociaux, une confrontation féroce avec le patronat et les médias privés. A l’heure des bilans et de la perspective électorale ces acquis ne peuvent être ignorés.

Antoine Manessis

Source : Argentine : la bête relève la tête – NBH-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com

URL de cet article : Argentine : la bête relève la tête. (NBH – 14/08/23) – L’Hermine Rouge (lherminerouge.fr)