Atteint de Parkinson, ce jardinier d’Ille-et-Vilaine accuse les pesticides. ( LT.fr – 23/02/23 )

Gabriel Lebot, casquette vissée sur le crâne (à gauche), a été plus de trente ans au contact de pesticides, en tant que jardinier puis responsable des espaces verts, à Redon.
Gabriel Lebot, casquette vissée sur le crâne (à gauche), a été plus de trente ans au contact de pesticides, en tant que jardinier puis responsable des espaces verts, à Redon. (Lucette Lebot/Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest)

Ancien employé des espaces verts de Redon, Gabriel Lebot a longtemps été exposé aux pesticides. Atteint de Parkinson, il conteste ce vendredi, à Rennes, le refus de reconnaissance de sa maladie professionnelle.

Gabriel Lebot, dit Gaby, a passé plus de trente ans les mains dans la terre. Un métier au plus proche des espaces verts de Redon. Une carrière, aussi, exposée aux pesticides. Atteint de Parkinson, le jardinier lutte depuis bientôt six ans pour faire reconnaître sa maladie professionnelle. Vendredi 24 février, à 10 h, il contestera le refus de son dossier au tribunal administratif de Rennes. « Mon mari, de tout temps, a été un militant », confie Lucette Lebot. « Pour lui, cette audience c’est pour les autres, pour faire comprendre que même dans l’administration, c’est possible de faire des recours »

« Ça ne concerne pas que les agriculteurs »

Depuis 2012, 37 cas en moyenne par an de Parkinson sont reconnus comme maladies professionnelles. Il faut répondre à certains critères, dont dix ans d’exposition minimum aux pesticides et un délai de prise en charge de 7 ans. « Le passage au tribunal, c’est important pour montrer que les pesticides ça ne concerne pas que les agriculteurs, mais aussi les salariés des espaces verts », insiste Michel Besnard, du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, qui n’accompagne que 2 jardiniers sur plus de 50 dossiers. « C’est important de montrer qu’ils peuvent prétendre à la maladie professionnelle ».

Gaby a 20 ans quand il rejoint, en avril 1967, les services des Jardins de la Ville de Redon. Traitement des massifs d’arbustes, des pelouses, utilisation d’insecticides, de désherbants : son métier le confronte aux pesticides au quotidien. « C’était la pleine époque de l’utilisation à gogo des pesticides », explique Michel Besnard. De contremaître, le jardinier passe responsable du service voirie en 1990, rôle qu’il exerce jusqu’à sa retraite, en novembre 2002.

Exposition aux pesticides

12 années, qui font toute la différence pour son dossier. Diagnostiqué en 2008, exposé jusqu’en 2002, le calcul semble bon : il est dans les 7 ans de délai. La commission de réforme, elle, s’arrête en 1990, quand il passe responsable. « Ça ne l’empêchait pas d’aider sur le terrain si besoin, de mélanger les produits », rétorque son épouse. Son bureau était également voisin du local de stockage de pesticides. « 23 ans d’exposition, ça reste largement suffisant pour avoir été contaminé », rappelle Michel Besnard.

Aujourd’hui, l’ancien jardinier, également « très handicapé » à cause d’une encéphalite herpétique détectée tardivement, ne peut plus marcher et a des difficultés à voir. « Il parle mal, il n’a pas de notion du temps, il ne se rend pas compte qu’il est chez lui ». Difficile d’expliquer, pour son épouse, l’impact sur leur vie, tant la maladie a pu être fluctuante. « La reconnaissance de la maladie, c’est aussi une rente financière, c’est toujours bon à prendre », ajoute Michel Besnard. « Surtout que la maladie de Parkinson entraîne beaucoup de frais pour les familles ».

Bientôt six ans de procédures

Le maire de Redon, décisionnaire, refuse la reconnaissance de sa maladie de Parkinson en novembre 2019, pour délai de prise en charge non respecté. Il s’appuie, ici, sur l’avis négatif de la commission de réforme, constituée d’élus communaux d’Ille-et-Vilaine, de médecins et d’organisations syndicales. L’avocate de Gabriel Lebot, Me Baron, conteste cette décision dès janvier 2020. « Il a fallu trois ans pour avoir une audience », soupire Michel Besnard, qui accompagne le couple depuis 2017. « Trois ans, pour un malade, c’est extrêmement long ».

Le rythme habituel des procédures ? « La majorité des dossiers, c’est deux ou trois ans maximum. Quasiment six ans, ça n’arrive presque jamais ». Vendredi, le collectif sera mobilisé en soutien à Gaby, devant le tribunal administratif. « Cette reconnaissance de la maladie, c’est une reconnaissance par la société du tort qu’elle a fait à des gens, parce qu’elle a autorisé des produits qui leur ont fait du tort », exprime Michel. « Plus il y a de gens reconnus, plus cela atteste de la dangerosité de ces produits, pour qu’ils ne soient plus utilisés ».

Auteur : Elissa Abou Merhi

Source : Atteint de Parkinson, ce jardinier d’Ille-et-Vilaine accuse les pesticides – Rennes – Le Télégramme (letelegramme.fr)

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