« Au 115, on reçoit toute la misère du monde au téléphone », grève au Samu social du Finistère. ( OF.fr – 15/11/22 – 12h45 )

Les travailleuses sociales du 115 (de dos pour préserver leur anonymat) sont en grève totale, ce mardi 15 novembre 2022 : elles veulent l’augmentation de 183 € nets mensuels du Ségur social. Au premier plan : Pierrick Bellanger, directeur du SIAO 29, Marion Maury, présidente et adjointe à l’action sociale à la Ville de Brest et Jean Le Bars, trésorier et ancien président du SIAO.
Les travailleuses sociales du 115 (de dos pour préserver leur anonymat) sont en grève totale, ce mardi 15 novembre 2022 : elles veulent l’augmentation de 183 € nets mensuels du Ségur social. Au premier plan : Pierrick Bellanger, directeur du SIAO 29, Marion Maury, présidente et adjointe à l’action sociale à la Ville de Brest et Jean Le Bars, trésorier et ancien président du SIAO. | OUEST-FRANCE

Le 115, Samu social pour l’hébergement d’urgence, n’assure aucun service téléphonique ce mardi 15 novembre 2022, dans le Finistère. Les travailleuses sociales demandent l’augmentation de 183 € nets mensuels prévus par le Ségur.


« On reçoit toute la misère du monde au téléphone pendant toute la semaine, de 8 h 30 à 22 h, un samedi et un dimanche par mois, seuls, de 9 h à 21 h. On n’est pas une plate-forme de réservation hôtelière ! Pourtant, on a vraiment l’impression d’être des sous-travailleurs sociaux »,
 lance Audrey, éducatrice spécialisée au SIAO, le service intégré d’accueil et d’orientation du Finistère, basé à Quimper.

Ce service gère le 115, la plate-forme d’accueil téléphonique pour l’hébergement d’urgence des personnes en grande précarité, les sans-abri. Mais aussi l’hébergement d’insertion « mené avec les centres communaux d’action sociale et les associations qui gèrent des hébergements. On reçoit les demandes et on est chargé de trouver des solutions avec nos partenaires », explique Pierrick Bellanger, directeur du SIAO 29.

« Le 115, clé de voûte »

« Le 115, d’après les déclarations récentes de l’État, c’est “la clé de voûte du service public de la rue au logement”, reprend Pauline, une autre travailleuse sociale. Il est donc d’autant moins entendable que nous soyons exclus du Ségur de la santé et que le gouvernement refuse que nous touchions les 183 € nets mensuels ! »

Une grève historique

Ce mardi 15 novembre 2022, comme dans d’autres SIAO en France (il en existe un par département), ces travailleuses sociales (il y a un homme parmi elles sur la douzaine d’employés dans le Finistère) mènent une grève inédite : « C’est la première fois qu’il n’y aucun service téléphonique minimum », assure le directeur Pierrick Bellanger, « sauf pour les victimes de violences intrafamiliales », précise Marion Maury, présidente du SIAO et adjointe à l’action sociale à la Ville de Brest.

« En tant qu’employeurs, nous sommes à leurs côtés et soutenons cette grève, souligne la présidente. C’est un combat national pour revaloriser l’ensemble des travailleurs sociaux, en particulier dans ce service d’écoute en ligne financé par l’État. »

Sur le front social

Les professionnels du 115 sont pourtant en première ligne. Sur le front social. Leur fonctionnement s’est intensifié depuis le Covid : « On a multiplié par trois notre activité : 80 appels quotidiens, 276 places d’hébergement en structures toujours complètes et la mise à l’abri de personnes à l’hôtel : 146 majeurs et 59 mineurs lundi soir », chiffre Pierrick Bellanger.

Éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs, conseillers en économie sociale et familiale… « Y aurait-il des travailleurs sociaux mieux que d’autres ? » soulève le directeur. Ces professionnels interviennent dans un contexte social « très tendu : davantage de difficultés sociales, crise du logement et du travail social qui attire de moins en moins de jeunes, arrivée de nouveaux exilés… », énumère Marion Maury.

« Démarrage au Smic »

« Ce sont des métiers difficiles, avec un démarrage au Smic, des horaires décalés. Ils sont pris à partie, insultés, on a même porté plainte pour menaces de mort en début d’année. Or, ce n’est pas nous qui prenons la décision finale », clarifie Pierrick Bellanger.

Mais le 115 est souvent le réceptacle des colères et frustrations, comme on a pu récemment le voir dans la problématique de deux sans-abri à Quimper. « On est passé de quelques jours à quelques mois d’accueil et quelques années à Paris, constate le directeur. Il y a un glissement de la capitale vers la province. »

« Cet été, avec le manque d’hôtels, j’ai dû laisser chez elle une femme victime de violences conjugales », déplore Mélissa, jeune monitrice-éducatrice de 24 ans. En attendant la décision finale de la Première ministre Élisabeth Borne, les travailleuses du 115 finistérien continuent de mouiller leur chemise pour loger les plus démunis. Sauf ce mardi.

Auteur : Pierre FONTANIER.

Source : « Au 115, on reçoit toute la misère du monde au téléphone », grève au Samu social du Finistère (ouest-france.fr)

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