Au centre hospitalier de Quimper, les futurs médecins généralistes vent debout contre une réforme de l’internat(LT.fr-14/10/22-7h30)

À l’internat de Quimper, les futurs médecins généralistes s’opposent à la création d’une année d’étude supplémentaire dédiée à la pratique dans les déserts médicaux.
Pour lutter contre les déserts médicaux, le gouvernement souhaite rallonger d’un an les études en médecine générale. Moins une solution à long terme qu’un pis-aller pour les premiers concernés, en grève ce vendredi 14 octobre.

Dans le Finistère-Sud, le sujet alimente quotidiennement la section commentaires des réseaux sociaux : de Concarneau à Douarnenez, en passant par le Pays bigouden et Quimper, les médecins traitants sont devenus une denrée rare, du genre de celles dont on se refile le numéro sous le manteau doublé d’un : « Dis-lui que tu viens de ma part… »

Une réforme qui passe mal

Pour pallier ce problème, le gouvernement envisage de créer une quatrième année d’internat pour les étudiants ayant choisi de se spécialiser en médecine générale. Si les modalités ne sont pour l’instant pas précisément définies, cette « année de consolidation aura vocation à se dérouler en priorité en zone sous-dense », précisent le ministère de la Santé et celui de l’Enseignement supérieur.

Problème : du côté des internes, le projet ne passe pas. D’un point de vue logistique d’abord, ces derniers, en grève ce vendredi 14 octobre, peinent à imaginer comment cette réforme pourrait être mise en place : « Honnêtement, je vois mal comment un projet comme celui-ci peu fonctionner, note, dubitative, Servane, interne en 3e année de médecine générale au centre hospitalier de Quimper. Le gouvernement dit que nous serons supervisés par des médecins seniors. Mais dans des zones sous-denses, encore faut-il trouver les médecins qui acceptent de le faire, et rien que ça, c’est galère ».

« Ça ne fait que déplacer le problème »

Surtout, ces jeunes internes quimpérois, diplômés pour certains d’ici quelques mois, sont nombreux à penser que cette année d’étude supplémentaire fait office de pansement pour colmater la brèche : « Cette 4e année, telle qu’on nous la présente, ce n’est ni plus ni moins qu’un moyen de nous envoyer combler les trous que les gouvernements successifs ont eux-mêmes créés, fustige Hugo, étudiant en 2e année. C’est tenter de trouver une solution bancale à un problème bien plus profond, et tout cela au détriment de notre formation ». Pour le jeune homme, si année supplémentaire il y a, cette dernière doit permettre aux internes de développer leurs compétences : « Sur le principe, j’ai toujours été favorable à un allongement de notre durée d’internat (…), pour se former efficacement et accroître nos compétences… Contrairement à ce qu’on aimerait faire croire aux gens, l’exercice en zone sous-dotée représente déjà un an de notre internat pour la plupart d’entre nous ».

Inciter plutôt qu’imposer

Tous pointent également du doigt la question de la rémunération : « Une année d’internat en plus, c’est une année de plus payé comme un interne », fait remarquer Aude-Marine, interne en 3e année payée entre 1 600 et 1 700 € net par mois sans les gardes. « Si on était mieux payés, ça changerait pas mal de choses », conçoit Servane, qui maintient cependant que sur le fond, la réforme ne réglera pas la question des déserts médicaux : « Il faut faire la différence entre une zone qui manque de médecins, et une zone déserte de tout : pas d’école, pas de services publics, pas de loisirs… Pour ces villes-là, le problème n’est pas que médical : il est politique ». Et son collègue Ronan d’ajouter : « Si on m’impose de travailler dans un endroit où je ne veux pas vivre, je finirai de toute façon par partir. Au lieu d’obliger, pourquoi ne pas développer les maisons de santé, ou salarier les médecins dans certaines villes ? Ce sont des solutions qui ont déjà fait leurs preuves, il faut les développer ».

Laura AYAD

source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/au-centre-hospitalier-de-quimper-les-futurs-medecins-generalistes-vent-debout-contre-une-reforme-de-l-internat-14-10-2022-13199256.php

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