Vendredi 1er décembre 2023, au Juch (Finistère), la réunion publique consacrée à la « réflexion sur la création d’une commune nouvelle » avec Guengat et Gourlizon a été explosive. Des passes d’armes ont éclaté entre les élus et des participants fermement opposés à l’idée d’une fusion.
Par Sounkoura-Jeanne DEMBÉLÉ.
Atmosphère très tendue à la salle socioculturelle du Juch (Finistère), vendredi 1er décembre 2023, où se déroulait la deuxième réunion publique consacrée à la « réflexion sur l’opportunité de création d’une commune nouvelle entre Le Juch, Guengat et Gourlizon ». Environ 150 personnes étaient présentes. Preuve que le sujet interroge… et inquiète.
En eau de boudin
Comme à Gourlizon la semaine dernière, ce temps d’échanges, à l’initiative des maires des trois communes concernées, avait pour but d’expliquer le cheminement qui les a menés à engager cette réflexion, de prendre connaissance de toutes les questions, attentes et inquiétudes des administrés, et d’annoncer la mise en place, de janvier à mars 2024, « d’ateliers de travail » participatifs, entre élus et citoyens, sur dix thématiques (école, urbanisme, finances, voirie, gouvernance…).
Les participants étaient invités à s’asseoir autour des tables réparties dans la pièce. Il était prévu qu’après la présentation et les différentes interventions se déroulent des échanges entre chaque tablée.
Des formulaires devaient ensuite être distribués pour recueillir les interrogations et doléances. Mais les choses ont rapidement tourné au vinaigre…
« Un 49.3 au Juch »
Dès les premières minutes de la réunion, le ton est monté et les élus se sont fait chahuter. « On a l’impression que ça va être un 49.3(1) au Juch », a embrayé une dame.
C’est là l’un des nombreux reproches formulés à l’encontre des trois maires au cours de la soirée : ne pas avoir consulté la population « plus tôt », dès leurs premiers échanges début 2023. Laissant penser, selon certains, que tout est déjà ficelé. Une femme évoquera même son sentiment « d’être mise au pied du mur ».
Patrick Tanguy, maire du Juch, a insisté : « Rien n’a été acté. Nous sommes dans une phase de réflexion et de concertation. C’est bien pour cela que nous sommes ici ce soir. Et si fusion il y avait, ça ne serait pas avant 2025. Mais si on sent qu’on va dans un mur, on ne va pas s’obstiner ! »
« Attachement » à Douarnenez
Quid de l’école du Juch ? Quid de la carte scolaire ? Les questions, sur des sujets souvent très précis, étaient nombreuses.
La plus épidermique de toutes : à quelle communauté de communes serait rattachée la commune nouvelle ? Car Le Juch, Gourlizon et Guengat appartiennent à trois intercommunalités différentes : Douarnenez Communauté pour la première, le Haut Pays bigouden pour la deuxième et Quimper Bretagne occidentale (QBO) pour la troisième.
Êtes-vous pour ou contre le projet de cinéma et de parc en centre-ville de Carhaix ?
Si, là encore, rien n’est tranché à ce jour, et que le choix, en cas de fusion, ne se ferait qu’en « fonction de l’intérêt des habitants » et après des « phases de négociations », d’aucuns redoutent que QBO, la plus grosse intercommunalité, « s’impose » de fait.
Or, beaucoup, dans la salle, ont manifesté leur « attachement » à Douarnenez et son territoire. Certains ont argué que les Juchois n’entretiendraient pas de liens particuliers avec Guengat et Gourlizon et que les trois communes, bien que limitrophes, ne partageraient pas le même bassin de vie. En somme, rien qui, à leurs yeux, ne permettrait de justifier une fusion, et encore moins de tourner le dos au pays de Douarnenez.
Passes d’armes
Au fil des trois heures de débats, ni l’intervention de David Le Goff, maire de Guengat, ni celle de Pascal Goulaouic, maire de Plounéour-Brignogan-Plages, commune nouvelle née de la fusion entre Brignogan-Plages et Plounéour-Trez en 2017, venu exposer son expérience et les bénéfices d’un mariage, ni celle d’Alban Kerboeuf, consultant en organisation publique, n’ont réussi à calmer les esprits.
Un participant s’est montré particulièrement virulent tout au long de la soirée. Fermement opposé au projet, l’homme a multiplié les prises de parole. Parfois en coupant les élus, balayant leurs arguments(2) d’un revers de main et remettant en question leur sincérité. C’est d’ailleurs lui qui a sonné la fin de la réunion, vers 20 h 30 : « Je préfère quitter la salle. Les personnes qui sont d’accord avec moi peuvent en faire de même. »
En un claquement de doigts, l’auditoire s’est presque entièrement vidé. Ne restait qu’une trentaine de personnes pour remplir les formulaires. La soirée s’est « officiellement » achevée une dizaine de minutes plus tard. Une troisième réunion publique aura lieu samedi 9 décembre, à Guengat.
(1) Analogie pour parler d’un « passage en force ».
(2) Selon les trois maires, devant des « contraintes administratives toujours plus lourdes », former une seule et même commune de 3 600 habitants permettrait notamment d’avoir plus de moyens, d’assurer de « meilleurs services à la population » et d’optimiser la charge de travail des agents, « à qui on demande aujourd’hui une trop grande polyvalence », en les spécialisant.
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