Au rayon alimentation, les prix explosent, les vols s’envolent. ( DNA – 30/03/23 )

Dans l’alimentaire, en moyenne, la hausse des prix s’élève à 15, voire 18% sur un an. Photo d’illustration Sipa

La forte inflation revenue en 2021 et amplifiée en 2022 sous l’effet du conflit en Ukraine pèse lourdement sur les produits alimentaires. La grande distribution fait face à une profonde modification des comportements d’achat… mais aussi à une forte hausse des vols. Des antivols apparaissent parfois sur des produits comme la viande ou le dentifrice.

Une inflation qui dépasse 6% sur un an, c’est du jamais-vu depuis le début des années 1980. Mais c’est pire encore pour l’alimentaire : en moyenne, la hausse s’élève à 15, voire 18% sur un an.

Changements d’habitudes de consommation

Et ce n’est pas fini : les distributeurs anticipent une hausse qui dépassera 25% en 18 mois, conséquences des rudes négociations commerciales qui ont pris fin en février. 

Pour atténuer ces hausses, le patron de Système U Dominique Schlecher réclame, par exemple, des négociations au fil de l’eau, afin de répercuter au plus vite les baisses de matières premières, quand il y en a.

En attendant, les clients arbitrent et se détournent, entre autres, des grandes marques au profit des marques de distributeurs, voire des premiers prix.

Ils délaissent aussi certains produits, reportent des achats, réduisent la fréquence de tel ou tel achat alimentaire… au point que si le chiffre d’affaires de l’alimentaire a bondi de 10% depuis début 2023, les volumes ont baissé de près de 5%, détaille le spécialiste de la distribution et de la consommation Olivier Dauvers.

Certains consommateurs ne se limitent pas à modifier leurs comportements d’achat ou changer de magasin : face à l’inflation, les vols sont en forte hausse, constatent toutes les enseignes. Surtout de la part des plus pauvres, qui faisaient déjà leurs courses à l’euro près avant l’inflation, avec des « premiers prix » et dans le hard-discount.

+14% de vols à l’étalage en 2022

Selon le ministère de l’Intérieur, l’augmentation avait déjà atteint 14% en 2022. Refusant de commenter ces faits, le patron de Système U a toutefois déploré qu’il est « terrible » d’en arriver à devoir voler « pour manger ».

Les caméras et autres vigiles sont bien présents pour dissuader… mais en parallèle le développement des caisses automatiques favorise ces comportements. Au point que, en France comme partout en Europe, les enseignes investissent dans des antivols « légers » pour les apposer sur des produits aussi anodins que la viande ou les fromages.

Des antivols sur des produits alimentaires dans un supermarché Tesco, au Royaume-Uni. Photo Sipa

Plusieurs enseignes ont même opté pour le « traçage » des produits volés, grâce à une étiquette munie d’un dispositif GPS. Certaines caisses automatiques sont, désormais, capables de différencier un légume d’un autre, afin de lutter contre l’étiquetage des produits les moins chers au kilo. Et quand la législation locale l’autorise, des caméras adossées à un logiciel de reconnaissance faciale sont même capables d’identifier un « client » déjà répertorié comme « voleur »… dès son entrée au magasin.

Mais la plupart du temps, la solution est plus « classique » : certains produits très « demandés », comme les produits d’hygiène, sont parfois mis… sous clé. Longtemps réservé aux bouteilles d’alcool puis, avec le temps, aux coûteuses lames de rasoir jetables, le dispositif enferme aujourd’hui des dentifrices et autres déodorants…

Photo d’illustration Sipa

Les distributeurs se montrent généralement discrets sur le vol à l’étalage – ou « démarque volontaire » – selon le jargon des enseignes. Mais elles admettent que cela se chiffre à quelques milliers ou dizaines de milliers d’euros par an et par magasin, sans plus de précisions.

Pâtes, légumes et produits laitiers très volés

Reste que ces « clients » ne repartent pas avec la dernière console portable ou de coûteux bijoux : les plaintes des magasins ont augmenté de 40% pour les pâtes premiers prix, 34% pour les légumes frais et encore de 15% pour les produits laitiers. 

Loin de la délinquance classique, ces chapardeurs sont étudiants, retraités, jeunes actifs… Comme cette septuagénaire grecque arrêtée en février avec 40 euros de viande et de fromage dérobés chez Lidl.

L’enseigne avait retiré sa plainte sous la pression de la solidarité des autres consommateurs, qui s’étaient cotisés pour lui payer la nourriture.

Auteur : Joël CARASSIO

Source :Inflation. Hausse des prix dans l’alimentation : les vols à l’étalage explosent (dna.fr)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *