Austérité : 10 milliards d’économies supplémentaires, Bercy assène un remède de cheval aux services publics (H.fr-10/04/24)

Bruno Le Maire et Thomas Cazenave ont détaillé la saignée prévue dans les dépenses publiques.
© Bertrand GUAY / AFP

Dix nouveaux milliards de coupes budgétaires sont prévues par Bercy en 2024, en plus des dix premiers décidés en février. En 2025, ce sera pire.

Par Stéphane GUERARD.

Évacuons d’abord les faux débats : vu de Bercy, le dérapage des comptes publics en 2023 – de 4,9 % du produit intérieur brut (PIB) prévus, à 5,5 % finalement calculés par l’Insee –, c’est la faute à pas de chance. Ou plutôt à « l’élasticité des recettes ».

Après avoir gâté les caisses du Trésor public et de la protection sociale, les deux années précédentes, le yoyo de « l’élasticité » des rentrées d’impôts, cotisations et taxes se serait rétracté subitement, l’an dernier. « Pas grand monde ne l’avait anticipé », ont affirmé les services du ministère de l’Économie, ce mercredi, avant d’annoncer la douloureuse aux Français pour 2024 et les trois prochaines années.

Baisses d’impôts et de prélèvements sur les entreprises

Avare d’autocritiques sur les conséquences de sa politique budgétaire menée depuis 2017, le gouvernement est plus prolixe lorsqu’il s’agit d’expliquer comment ce trou va être résorbé. Contraint par le Pacte de stabilité et de croissance européen de dévoiler, avant chaque fin d’avril, son « programme de stabilité », le ministère de l’Économie a expliqué où il comptait taper pour revenir sous la barre des sacro-saints 3 % de déficit public en 2027.

Ne cherchez pas trop du côté des recettes. L’exécutif s’en remet à une augmentation de la croissance (1,4 % en 2025 ; 1,8 % en 2027) qui ruissellerait dans ses caisses. D’autant que la boule de cristal de Bercy entrevoit « les premiers signes de reprise ». Il n’est en revanche toujours pas question de taxer les plus riches, même si la France compte 10 milliardaires de plus, soit 53 en tout, selon le dernier classement Forbes.

Les 2 milliards de baisses d’impôts promises par Macron et Attal demeurent budgétés. Pas question non plus de remettre en cause les aides aux entreprises, ni la suppression des 4 derniers milliards de la CVAE (contribution sur la valeur ajoutée des entreprises). Seuls la flambée des rachats d’actions dans le CAC 40 et les superprofits des énergéticiens retiennent l’attention du gouvernement : des taxes spéciales devraient rapporter 2,5 milliards d’euros.

Pas de discussion au Parlement

Pour le reste, les services publics peuvent payer la rigueur budgétaire. Dix milliards d’euros ont déjà été sabrés par décret, en février. Dix autres milliards sont recherchés. Les administrations et opérateurs (France Travail, Ademe, CNC, Météo France…) seront à nouveau mis à contribution pour 5 milliards. Si les 8 200 embauches d’agents prévues dans la loi de finances 2024 ne sont pas remises en cause, « il y a un calage à faire », ministère par ministère, prévient Bercy. Quant aux collectivités territoriales, coupables de ne pas avoir assez contraint leurs dépenses l’an dernier, elles prendront à leur charge 2,5 milliards.

Cette potion amère, administrée dans le plus grand secret, puisque sa composition ne donnera pas lieu à une loi, « ne diminuera pas la dépense publique en valeur », assure Bercy. Mais cette rigueur budgétaire, encore plus sévère en 2025 avec une baisse de 1 point des déficits publics, contre 0,4 point en 2024, concrétise bel et bien l’objectif réaffirmé par Macron en 2022 de taper dans les dépenses publiques. Celles-ci passeraient de 56,7 % du PIB en 2023 à 54,5 % en 2027.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/collectivites-locales/austerite-10-milliards-deconomies-supplementaires-bercy-assene-un-remede-de-cheval-aux-services-publics

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